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De l'ingratitude 忘恩について

Récemment, j'ai entendu l'histoire suivante, qui m'a fait de la peine et m'a outré au point que j'aimerais la partager avec vous, et que vous preniez un peu mon parti contre les méchants.

Un très bon ami à moi, enseignant de tout premier plan (un des hommes les plus savants et compétents dans son domaine) et d'une générosité qui confine à la sainteté, s'est vu demander par un ancien élève de l'accompagner dans une expérience scientifique (un domaine qui n'est absolument pas le mien) fort complexe. Mon ami a accepté, et a travaillé jour et nuit bénévolement pendant trois semaines pour tout préparer. C'est un délai suffisamment long pour s'épuiser à la tâche, et trop court pour un projet de cette difficulté technique. Le jour de l'expérience, qui avait lieu en comité restreint devant des élus locaux et des directeurs de laboratoire, mon ami, obligé de se lever tôt pour prendre un train, est arrivé le ventre vide. Son élève et la femme de celui-ci l'ont accueilli froidement. D'autres personnes étaient invitées. Ils ont demandé à mon ami s'il avait mangé. Celui-ci répondit qu'il avait pris quelques fruits secs (des raisins, des noisettes). Il n'avait guère mangé plus d'une poignée. Le couple n'a rien répondu et ils ont mangé devant mon ami un copieux repas, avec leurs invités, sans rien lui proposer ni lui adresser un traitre mot ! Bref, ils ont fait comme s'uil n'existait pas.

Mon ami n'a rien dit. Personne ne lui a parlé, ni même souri, ni rien, alors qu'il était à la base de l'expérience. Sans lui, rien n'aurait pu avoir lieu, et son élève, n'ayant pas la même spécialité, ne saurait accomplir l'expérience tout seul.

Bref, l'expérience a eu lieu. Malheureusement, les résuiltats n'ont pas été au rendez-vous, malgré les efforts de mon ami qui tentait le ventre vide de sauver le projet.
A la fin, un jeune étudiant est venu voir l'ancien élève de mon ami et lui a dit tout haut : "Il est pas terrible, ton assitant. C'est comme, en Suisse : tu ne trouverais guère mieux pour t'assister", en total mépris de mon ami. Un des directeurs de centre est même venu vers mon ami pour lui dire : "il y avait beaucoup de chiffres, hein ?", avant d'ajouter "Monsieur untel, M. untel.... mais oui, je me rappelle, vous étiez l'autreur du projet Machin, celui qui a tounré court chez nous !..." et il est reparti. Il faisait allusion à un projet scientifique que mon ami lui avait soumis et qui avait été rejeté, car pas assez rentable commercialement. Pendant ce temps, l'ancien élève se faisait féliciter et récoltait tous les fruits de l'expérience à son profit. Les conversations ont duré, laissant le vrai scientifique seul dans un coin.
L'élève n'a rien dit ni ni fait pour remercier mon ami, ni pour le défendre, face à ces gens dont aucun n'avait de qualité scientifique pour lui parler comme ça.
Mon ami, qui a consacré trois semaines à travailler comme un fou pour son ancien élève (au mépris de sa santé), (à titre bénévole qui plus est), a été traité comme un moins que rien, et n'a pas été remercié.
Lui qui pourtant comme tout chercheur est loin de rouler sur l'or, n'est jamais intéressé par l'argent. Un "merci", un sourire, eussent été les minima syndicaux qu'on est en droit d'attendre de quelqu'un qui déjà vous doit le respect eu égard à la qualification, à l'âge, et au service fourni. Un petit balotin de chocoloat n'eut pas été ruineux de la part d'un jeune qui gagne déjà bien sa vie, et aurait représenté un geste de remerciements. Mon ami n'a rien dit et souffert en silence.
A écrire cette histoire, je n'en reviens toujours pas moi-même. Il reste la consolation que ceux qui ont souffert, et l'ingratitude que l'on nous témoigne est une souffrance, ne seront pas oublié En Haut. Malheureux sera l'ingrat le jour où sa conscience se réveillera.

Commentaires

  • Que c'est triste cette histoire...

  • Oui, et c'est d'autant plus triste lorsque ça arrive à une personne toujours prête à aider les autres.
    Merci, Virginie. Tu es une vraie amie.

  • Mais c'est souvent ainsi tu sais mon ami : les vrais bons, les vrais gentils sont mis à mal. Heureusement, on peut toujours se dire qu'il s'agit d'une sorte de "mise à l'épreuve" de la bonté... Cela n'en reste pas moins douloureux à vivre, hélàs.

  • Il ne fallait pas le supprimer, c'est une expression dans le Sud-Ouest (et peut-être ailleurs, je ne sais) : "trop bon, trop con" c'est-à-dire trop bête à force d'être trop gentil. Ce n'est aucunement une insulte à l'endroit de celui qui est généreux. Souvent on emploie cette expression pour dire qu'on a été dupe à cause de notre gentillesse.

  • C'est quand même plus clair comme ça. ;-)

  • Mœurs universitaires !
    Vous en verrez d'autres.

  • Ma mère me disait toujours: il n'y a qu'une chose qu'on ne te pardonnera jamais, c'est le bien que tu as fait!

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