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musique

  • Musique qui rend intelligent 賢くさせる音楽

    Laurent RIOU, un musicien que j'aime particulièrement, vient de mettre en ligne un mouvement de sa dernière oeuvre. A ne surtout pas écouter si l'on craint de devenir intelligent, car l'effet est irréversible !

    En tout cas, je suis toujours aussi conquis. Je ne saurais trop le recommander à ceux qui m'aiment bien.

  • Des nouvelles d'un grand musicien ローラン・リュについて (II)

    Dans la note précédente, il était question de mon musicien contemporain préféré, Laurent RIOU. Eh bien, j'ai découvert que son site avait été mis à jour. On y trouvera quelques indications biographiques, des témoignages et de magnifiques mouvements musicaux en libre écoute. Enfin un peu de visibilité sur la Toile !

  • De la musique qui élève et rend plus intelligent 賢くさせる音楽を聴きました

    Votre serviteur s'est rendu avant-hier (vendredi 17 novembre) au concert. A mon grand désarroi, faute de moyens, je ne vais pas au concert aussi souvent qu'au théâtre (où j'ai mes entrées, voyez-vous), mais quand ça m'arrive, je fais en sorte de bien choisir et je suis très rarement déçu. Cette fois je n'ai non seulement pas été déçu, mais j'ai en plus été enthousiasmé.
    Le concert donnait à entendre des trios d'anches : hautbois, clarinette et basson. Le programme était le suivant :
    W.A. MOZART : Divertissement n°2
    J. IBERT (1935) : 5 pièces en trio
    L. RIOU (2006, création) : 3 pièces en trio
    D. MILHAUD (1937) : Suite d'après Corette op. 161
    W.A. MOZART : Divertissement n°4

    Le trio est composé de Delphine TAINTURIER (basson), Christian GEORGY (clarinette) et Christian SCHMITT (hautbois), tous trois enseignants de haut niveau. M. SCHMITT est même Premier Prix du Concours de Tôkyô. C'est ce dernier qui semble diriger artistiquement l'ensemble. Le lieu choisi pour ce concert était la chapelle (contemporaine) de Courcelles-les-Montbéliard, étonamment chaleureuse (et bien chauffée !) et appelant davantage au recueillement que bien des églises modernes. La municipalité de ce village du Doubs est bien plus dynamique en matière culturelle que celle de bien des villes. Avec des moyens dérisoires, la conseillère municipale chargée des affaires culturelles a réussi à faire venir ces trois instrumentistes pour jouer trois compositeurs célèbres et créer la dernière oeuvre du compositeur (bien vivant) Laurent RIOU.
    Le public de Courcelles n'est pas un habitué des concerts, aussi le programme choisi se composait-il d'oeuvres brêves. Les mouvements et les pièces ne faisaient guère plus de trois minutes chacun.
    Le Mozart placait le niveau assez haut, très enjoué mais jamais trop facile, subtil et spirituel, aérien et sensuel.
    Avec les pièces d'IBERT, on retombait un peu, avec un style très typé XXè siècle, mais fort agréable, au cours duquel les instrumentistes trouvèrent quelques occasions de montrer leurs talents. Je crois qu'il s'agissait d'airs composés pour servir de bande originale à un film, mais je ne suis pas sûr...
    Avant de parler de Laurent RIOU, quelques mots du MILHAUD. Comme le titre l'indiquait, le compositeur avait repris des airs de Michel CORETTE et les avait réorchestrés à sa sauce, d'où un jubilatoire mélange des époques et (presque) un pastiche musical, si l'on n'avait senti un légitime respect du compositeur moderne qui n'avait peut-être pas conscience de dépasser le (petit?) maître du passé. C'était une oeuvre intelligente que l'on devait encore davantage apprécier lorsqu'on connaissait les originaux, mais je l'ai bien goûtée quand même. De l'avis général, elle dépassait l'oeuvre d'IBERT qui, sur le moment, m'avait peut-être fait plus impression.
    Le concert s'achevait sur un second Divertissement de MOZART, le 4è, et constituait l'éclat final du concert. Il confirmait mon idée selon laquelle la musique de MOZART est géniale à plusieurs titres : en soi, sur le papier, mais aussi jouée, quel que soit le type d'instrument et d'interprétation ; elle peut être appréciée avec ou sans "culture musicale savante" ; elle est miraculeusement thérapeutique et apaise les souffrances de l'âme et du corps.

    MOZART aurait pu constituer l'événement du concert (mais il s'agit d'une valeur sûre, et il ne peut guère créer la surprise), mais ce ne fut pas le cas, à mon humble avis. Comme une perle dans un magnifique écrin, l'oeuvre de RIOU m'a saisi sur place. Je ne suis guère porté sur la musique dite contemporaine (à part John ADAMS, Philippe HERSANT et quelques Japonais), souvent synonyme d'ennui dû à l'absence d'air, remplacé par des bruits, voire des bruits bidouillés électroniquement. Chez RIOU, rien de tel. Il écrit sur du papier, pense les notes, les airs, et nous raconte une histoire avec un ton unique, reconnaissable, et original ! Un ton, et un style. Une culture aussi, bien sûre : RIOU est peut-être l'homme le plus érudit de France en matière de musique, et pourtant l'une des personnes les plus modestes qui soient. Et c'est cela, un grand maître. Quelqu'un qui convaint par ses oeuvres, et pas par le récit de ses exploits. Lorsque la première des trois pièces a débuté, le public a eu un instant de doute que j'ai resenti. Visiblement surpris par tant de nouveauté, certains se tortillaient sur leur siège ou toussaient. Mais au bout d'une minute, ils étaient conquis et écoutaient plus religieusement que pour les oeuvres des autres compositeurs. Et pour cause, la musique de RIOU a tout d'une oeuvre majeure : originalité comme je l'ai dit, mais aussi un côté aérien, qui vous (é)tire vers le haut. Il y a des musiques charnelles, bestiales, glandulaires ; certaines même vous avilissent. Celle-là, c'est le contraire : éthérée, presque abstraite (bien que narrative, allez comprendre mes contradictions de critique musical au rabais !), prodigieusement intelligente (je ne vois que BACH à ce niveau) sans mièvrerie ni pédantisme (alors ça aucun), vous rend meilleur et révèle ce qu'il y a d'angélique en vous. Le solo de basson dans une des pièces donna l'occasion à Delphine TAINTURIER de montrer l'étendue de son talent, malgré un petit égarement, vite repris. Christian GEORGY, toujours juste et exact, a parfaitement joué son rôle, en retrait, et c'est Christian SCHMITT qui s'est taillé la part du lion (du Lyon ?), démontrant par A plus B qu'il était un soliste de niveau international, sans doute possible.

    C'était donc en quelque sorte l'esprit, la grâce de celui dont j'ose dire qu'il a le génie que seul le divin instille, et non sans souffrance pour le créateur. La première des trois pièces faillit bien ne jamais voir le jour, son créateur s'y étant repris à plusieurs fois dans la rédaction. Pourtant, on raconte que l'un des interprètes fut ému aux larmes en la découvrant, car il en sentait tout l'amour spirituel, qui lui rappelait la tendresse d'un fils pour sa mère. Pour ma part, j'ai eu l'image du ciel qui s'ouvrait et des anges qui jouaient, même si mon intelligence assez limitée ne me permettait pas de tout saisir. Car il faut savoir que cette musique, supérieure, ne saurait être intégralement comprise et savourée à la première écoute. Prétend-on épuiser Aristote à la première lecture ? Les instrumentistes me le confirmèrent après le concert, eux-mêmes découvrant de nouveaux charmes à ces pièces chaque fois qu'ils les rejouaient. L'oeuvre reçut un succès triomphal, et le compositeur, discrètement présent dans la salle, fut invité à venir saluer. Après s'être fait un peu prier, il est arrivé, grand homme sobre dans un manteau noir, dégageant une impression de grande bonté, avec un visage exprimant une intelligence supérieure. Il remercia les artistes et le public par quelques gestes, et retourna vite s'asseoir.

    A la fin du concert, le public, déchaîné, fit revenir les artistes. Ceux-ci nous gratifièrent en bis de la deuxième pièce de Mozart. Malgré tout mon amour pour le grand homme, j'étais un peu en colère contre les musiciens : on aura compris que c'était RIOU que j'attendais. Mais ces plaisantins s'en doutaient, et après ce bis fort applaudi, ils nous exécutèrent un "petit supplément" : une des trois pièces de RIOU, qui provoqua la joie du public et de votre serviteur. Le compositeur fut à nouveau sommé de venir se faire applaudir sur la scène où le maire le prit en photo avec les interprètes, fatigués mais ravis, conscients d'avoir vécu et fait vivre un moment exceptionnel. La réalisation d'un CD non commercialisé (mais que j'ai su me procurer) est l'occasion pour moi de vous en faire écouter un extrait. 

    Puisse ce minuscule blog faire un peu connaître la musique géniale du plus humble des hommes. 

     A l'écoute, le deuxième mouvement du Trio d'anches de Laurent RIOU.


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