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cinéma

  • Interview : le Japon est-il en décadence artistique ?

     

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    A l'occasion d'un article sur le cinéma japonais, j'ai été interviewé par le journaliste Jérôme Dittmar de Chronic'art. Voici la version intégrale de l'interview.

    Comment vois-tu l'évolution culturelle du Japon de ces quinze, à vingt voire trente dernières années ?

     

    L’évolution culturelle de ces 15 à 20 dernières années est difficile à appréhender dans sa globalité. Il me semble qu’il faille différencier selon ce que l’on entend par culture : Beaux Arts, culture populaire (cinéma, manga, anime, jeux vidéos, variété), Arts traditionnels (ikebana, etc.), mais aussi coutumes populaires (que je ne traiterai pas, faute de temps)…

    I La culture populaire

    Pour ce qui est de la culture populaire, d’abord, je distinguerais entre chaque domaine.

    A/ Le manga

    En tant qu’ancien fan de manga et de dessins animés, je situerais l’âge d’or de ces domaines entre 1980 et 1995. Les meilleurs auteurs de manga sont aujourd’hui des gens d’une cinquantaine ou soixantaine d’années (génération OTOMO, IKEGAMI, SHIROW, TORIYAMA) et je place l’apogée de ce genre au 2ème tome du manga Kôkaku kidô-tai (Ghost in the Shell) de SHIROW Masamune que j’estime avoir « tué le manga » en l’ayant poussé à son point de perfection. Après ça, tout ne peut être qu’inférieur.

    Parmi les jeunes auteurs que je trouve personnellement originaux, je n’en vois guère que trois : KIKUCHI Shôta, dans une veine post-TORIYAMA qui bifurque vers un style post-Art-Nouveau et inscrit ses thèmes dans la culture traditionnelle (son oeuvre maîtresse, O-Sen, a d’ailleurs été massacrée dans son adaptation télévisée qui a provoqué l’indignation des fans et de l’auteur : « Si c’est comme ça que les gens perçoivent mes histoires, je préfère arrêter le manga ! », a-t-il déclaré. Heureusement, ses fans l’ont persuadé de revenir à ses planches.

    Deuxième auteur, SENDÔ Masumi. Mère de famille, elle marie dans ses mangas destinés aussi bien aux hommes qu’aux femmes des histoires d’amour compliquées et une sexualité à la fois tendre et réaliste. Ses histoires sont bouleversantes.

    Enfin, dernier auteur, à mon avis le successeur de la générations des génies (OTOMO, IKEGAMI, SHIROW) : un jeune Japonais d’origine coréenne : Bôichi. Auteur au dessin hyper-travaillé dans la lignée d’OTOMO, il mélange les sujets burlesques, sérieux, de science fiction et mystiques. Son chef-d’œuvre, le recueil d’histoires courtes Hotel, qui décrit la fin du monde, mériterait d’être adapté au cinéma : ce serait à coup sûr l’Akira de son temps.

    A l’inverse, certains auteurs m’apparaissent comme particulièrement mauvais, symptômes de la décadence d’une culture et, j’allais dire, d’un pays. Le plus représentatif est le manga One Piece, succès de librairie international. Jusque là, les mangas qui avaient du succès étaient « beaux ». Là, c’est laid, vulgaire, outrancier sans grandeur. Ca en dit long sur l’abâtardissement du goût des Japonais et des Occidentaux.

     

    B/ L’animé

    A part l’introduction des images de synthèse et le fait que les dessins-animés sont désormais réalisés sur ordinateur et non plus sur film celluloïd, rien ne diffère vraiment du manga papier. Les thèmes sont rebattus, les personnages stéréotypés. Quelques longs métrages se dégagent du lot de temps en temps (ceux d’OSHII Mamoru ou la récente adaptation de Berserk), mais, encore une fois, ce sont des adaptations d’œuvres d’auteurs âgés. La nouvelle génération n’a encore rien produit de génial.

     

    C/ La musique de variété

    Eternelle redite, mêmes voix, mêmes mélodies sucrées post-yéyé, paroles affligeantes de consensus, chanteuses jeunes et jolies, choisies pour leur physique et jetées au bout que quelques années, boys bands efféminés ou alors vieux beaux cabotins pathétiques, je ne vois rien d’intéressant ici.

     

    D/ Le cinéma

    J’y reviendrai plus loin.

     

    E/ Le jeu vidéo

    C’est peut-être le domaine dont la décadence est la plus tardive. Jusqu’à la X-Box 360 et à la Playstation 3, le jeu vidéo japonais a su se maintenir comme un art mineur égalant – et souvent dépassant – son homologue occidental. Les grands créateurs japonais de jeux vidéo (MIYAMOTO, KOJIMA, SUDA etc.) sont aussi respectés que les Occidentaux MOLINEUX, CAGE ou FARGO. Réunissant de grands graphistes et musiciens, ce domaine a conservé l’excellence jusqu’à ce qu’il se heurte à la première génération dite « HD » citée plus haut. Problèmes de moyens, d’une part, qui ont empêché les studios de rester « à la page » face à l’évolution technologique. D’autre part, problèmes de scénario (même problème que pour le manga) avec des personnages stéréotypées et des histoires rebattues, ainsi que de rares évolutions des mécaniques de jeu par rapport à la concurrence étrangère, notamment d’Europe de l’Est (Russie, Ukraine et Pologne, les 3 rois de l’innovation ludique et artistique). Sclérosé, le jeu japonais ne vend plus aussi bien à l’international (sauf les éternelles licences de Nintendo et des séries comme Street Fighter de Capcom) et des franchises il n’y apas si longtemps prestigieuses se ringardisent (Metal Gear, Resident Evil).

    Enfin, à trop vouloir faire du pied aux joueurs occasionnels (casual), les gros éditeurs japonais se sont mis à dos les joueurs purs et durs (gamers) qui vont voir ailleurs ou sont récupérés par les studios japonais indépendants produisant des jeux de niche (shoot them ups notamment). Encore très prospère sur le marché national des consoles portables, le secteur du jeu vidéo japonais est condamné à évoluer avec les tendances du moment, à innover drastiquement ou à péricliter. Le déficit des naissance oblige enfin les éditeurs à privilégier progressivement le public étranger, et de plus en plus nombreux sont ceux qui font faire leurs jeux par des studios occidentaux.

    D’autres petits studios continuent quand même à viser le public japonais par des productions spécifiquement adaptées au goût local (romans interactifs, jeux de drague, simulateurs de courses de chevaux ou jeux de base ball).

     

     

    II La Culture savante

    Je distinguerai les Arts traditionnels des Beaux Arts et Lettres

    A/ Les Arts traditionnels

    L’ikebana, le théâtre , le théâtre de bunraku etc. sont immuables. La relève semble à peine assurée, mais elle sera suffisante pour la pérennité de ces disciplines.

     

    B/ Les Beaux Arts et Lettres

    La littérature est peut-être le domaine en meilleure santé, avec des auteurs de tous âges, productifs et débordant d’imagination.

    La peinture et la sculpture fournissent parfois des artistes de grand talent, mais qui ne sont pas forcément médiatisés. Cette culture vit donc à l’échelle locale.

    Enfin, la musique classique ne produit plus de grand compositeur depuis une vingtaine d’années (depuis TAKEMITSU Tooru) mais énormément d’interprètes de premier plan : pianistes, violonistes, vents, chefs d’orchestre etc.

     

    Pour conclure, je dirais que le Japon est en pleine décadence artistique, qui n’est que la conséquence d’une décadence civilisationnelle. Seul un retour aux choses simples (la terre, la morale du village, le bouddhisme) pourrait le revivifier. Là, il se meurt de consumérisme, de marchandisation des jeunes corps, de pornographie, d’abrutissement, d’immobilisme social (les vieux crapauds qui tiennent le pays et en ont fait ce qu’il est ne lâcheront rien). La morale l’a déserté. La seule morale qui lui reste tient à deux principes : l’Ordre, ce dernier permettant le Business.

     

     

    Sur quel modèle repose la politique culturelle japonaise ?

     

    De la part de l’Etat, aucune consigne ne semble constatable. Plus généralement, la culture de masse japonaise semble être un simple business de recyclage fournissant éternellement les mêmes produits formatés, ne cherchant ni spécialement à faire réfléchir, ni à choquer. C’est l’anti-subversion par excellence.

    Deux exemples : le « fan service » qui consiste à accumuler les images racoleuses d’héroïnes dénudées (scènes de douche gratuites, poses suggestives) dans des œuvres qui ne sont pas spécifiquement érotiques à la base, et deuxièmement les objets à collectionner. Cette civilisation de l’hyper-consumérisme est celle de la collection. On collectionne des cartes, des objets, pour le seul fait de collectionner, en dehors de toute valeur intrinsèque. La culture se résume à une consommation permanente, décérébrée, presque compulsive.

     

     

    De quoi est fait le cinéma nippon aujourd'hui ? A quoi sa déchéance est-elle structurellement liée ?

     

    Je distinguerais deux types de films : d’une part ceux destinés au public japonais, plutôt à gros budget et affligeants de nullité. Surjoués, gnangnan, ringards, n’en jetez plus ! (ex. : Always, tous les films policiers depuis les années 2000). Les adaptations de manga destinées à être jouées par des minets et des gaminettes à la mode, sont aussi un type de produit inexportable.

     

    D’autre part, les films ceux destinés à l’exportation : films de type « Art et essai ». joués à l’occidentale (c’est à dire de manière réaliste et sobre). On y trouve du très bon (KUROSAWA Kiyoshi, certains moments des films de KAWASE Naomi par ex.) comme du très ennuyeux (M…Other, d’autres moments des films de KAWASE Naomi…). KITANO Takeshi, l’amuseur intelligent qui dans ses émissions de télévision joue à l’idiot mais dans ses films est reconnu comme « cinéaste » en Occident, est le rare exemple d’un compromis entre les deux catégories.

     

    Je daterais de la fin des années 1990 ce début de décadence. Celle-ci me semble s’inscrire dans le même mouvement que les autres arts populaires : on tire sur la corde de ce qui a marché jusque là (parce que c’était nouveau, fait par des gens de talent, ou exprimait une subversion ou des valeurs) et on substitue aux éléments un peu originaux des valeurs sûres (nostalgie pour les publics âgés, sexe réel ou suggéré pour les autres publics, esprit de collection pour tous).

    Enfin, les films étrangers (à part les blocs busters américains et chinois, et les productions Besson) sont beaucoup moins distribués depuis le milieu des années 1990 (circuits hyper pointus réservés aux connaisseurs d’élite pour les films français aujourd’hui), alors que les Japonais de plus de 50 ans connaissent très souvent Alain DELON, Brigitte BARDOT, Catherine DENEUVE, parfois même Yves MONTAND voire Michel SIMON. A part des coups médiatiques ponctuels (Amélie Poulain, The Artist), peu de films français récents sont connus, ne serait-ce que de titre. J’y vois là un choix délibéré, peut-être influencé (qui sait ?) par des « conseils » américains…

     

     

    Qu'est-ce qui intéresse le jeune public japonais en ce moment ?

     

    Le jeune public aime les boys bands, les girls bands, les chanteurs et chanteuses jetables, le manga One Piece, les autres mangas interchangeables. Il est sous-stimulé intellectuellement et peu guidé ou instruit par l’environnement adulte. La mère regarde des feuilletons coréens en costume ou des soaps japonais, et le père est absent ou regarde le base ball à la télévision. Il n’y a plus vraiment d’éducation au goût.

     

     

    Comment décrirais-tu la télévision nippone aujourd'hui ? Son impact est-il plus important qu'ailleurs ? Si oui pourquoi ? Le principal serait d'avoir un bon diagnostic permettant d'éclairer la déliquescence du cinéma japonais, et plus globalement le manque de créativité ambiant désormais en dehors de la mode, du design, de l'architecture ou de la cuisine. Ce qui fait encore beaucoup de choses, et fait dire que la tableau n'est pas noir. Mais le cinéma, avec la musique, semble toutefois le plus symptomatique d'une certaine déchéance culturelle dont on a plusieurs fois parlé.

     

    La télévision japonaise est aussi nulle que la télévision occidentale, française en particulier. Là où la télévision française semble aller à l’inverse des valeurs traditionnelles (chrétiennes) : « je fais ce que je veux et je vous em… », et montre dans certaines fictions des personnages assez agressifs (dans Plus Belle la Vie, les acteurs aboient constamment), la télévision japonaise alterne programmes ramollissants (humour bécasson, faux esclandres, programmes de cuisine, visite de restaurants et interminables dégustations, base ball, golf et sumo) et divertissements de fin de soirée où les amuseurs professionnels (les geinin ou tarento (talents)) sont ridiculisés. Très peu de films ou séries étrangères (sauf des feuilletons coréens) sur les chaînes gratuites. Le monde extérieur est à peine présenté, ou alors dans des émissions qui semblent diffuser des films des offices du tourisme. Tout est ludique (omoshiroi) ou mignon (kawaii).

    En outre, que ce soit une émission de divertissement, le journal télévisé ou un film, je compte 10 min de programmes qui alternent avec 5 min de publicité, en permanence. A moins de regarder uniquement des chaînes payantes, il y a de quoi devenir gaga.

    En moyenne, les Japonais allument la télévision au cours du repas, mais la regardent à peine, ou alors d’un œil distrait. La mère regarde son feuilleton seule, le père son match seul, et la famille rassemblée laisse la télé sur les jeux ou autre programmes de divertissement ou de variété (baraeti bangumi). Cela suffit à ramollir les cerveaux et à préparer le terrain de l’hyper-consumérisme.

     

    Pour synthétiser, je dirais que le Japon s’est ramolli, efféminé, dévirilisé. Ce peuple de paysans sages à la minorité guerrière est devenu un peuple de travailleurs du tertiaire et de vendeurs, exploités du lundi au vendredi et consommateurs systématiques le week-end. Tout vient de l’éducation, fixée et contrôlée par l’Etat aux ordres des grandes entreprises qui gèrent aussi bien les juku (écoles du soir) que les magasins et les productions culturelles de divertissement. On en revient toujours à l’hyper consumérisme. Le manque de sens et de morale affecte la jeunesse et explique en partie les nombreux suicides.

    Mais ce pays ne pourra pas continuer éternellement comme ça. Un effondrement économique et/ou une nouvelle catastrophe le feront changer de gré ou de force. Sans pétrole, tout ce système s’effondrera nécessairement, mais c’est une autre histoire…

  • Yakuza contre triades 「竜胆量春安」について

    Il y a des films, souvent bon marché, qu'on achète en DVD sans les connaître. La boite était sympatique, ou aguicheuse, ou encore laissait augurer d'un film d'action, d'une comédie rigolote, parfois même d'un bon nanard. Je fais partie de ceux qui sont perpétuellement à la recherche du nanard ultime. Depuis Dünyayi kurtaran adam, aucun n'a jamais plus fait le poids.
    Qu'on n'aille pas croire que j'ai acheté Yakuza contre triades à cause de sa pochette prétenduement nanarde. Non. Le film n'était pas cher (raison 1 sus-citée), et la pochette avait l'air sympathique et laissait augurer d'un petit film de mafias défoulant (raison 2), mais aucune certitude de nanardise là-dedans. Pourtant, certains indices auraient pu laisser penser à un nanard : d'abord le titre français, qui n'a rien à voir avec le titre chinois, car si j'en crois la pochette (et ce n'est peut-être pas la chose à faire), le titre original parlerait de dragon au foie bien lourd et de paix printanière (!). Ensuite, les noms du réalisateur, des acteurs etc, tous inconnus (mais tout le monde a le droit de tourner une série Z). Enfin, le commentaire de l'arrière de boite, carrément nanard ! (Tout en majuscules) "A la manière de John Woo, une combinaison parfaite du film d'action à l'américaine et du polar made in Hong Kong." Plus bas, en rouge et jaune : "100 mn de pure dynamite !".medium_Yakuza_contre_triades.jpg
    Pour un film des années 90, les détails techniques étaient plutôt peu encourageants : pas de VO sous-titrée, ni bonus, et une VF lamentable, sans effets sonores : on sentait bien que les doubleurs, non professionnels, parlaient devant leur micro dans un studio insonorisé, d'où un rendu sourd des voix, même en extérieur, et trois doubleurs pour une foule, répétant à l'envie des "Oh la la !". La qualité sonore comme l'image semblaient provenir d'une centième contrefaçon de VHS, et non d'un simple VCD, alors la qualité DVD, n'en parlons même pas. Pourtant, j'avais acheté ce "vidéogramme" en toute légalité (il ne s'agissait nullement d'une vulgaire copie pirate). Enfin, passons, ce n'est pas là la faute du rélisateur, mais du distributeur, donc ça ne doit pas compter.

    Venons-en au fond. Le titre (mis pour les Français, dont on suppose qu'ils tomberont dans le panneau) et le commentaire nous annoncent un gros film d'action avec des mafias. Manque de bol, les yakuza (joués par dix Chinois à tête ronde et à catogan, mais avec des sabres !) font une brève apparition de 10 minutes en tout dans le film, et il n'en est plus question ! En fait, le film raconte comment un gars (ancien champion olympique de tir au pistolet - ça peut aider) arrive aux Etats-Unis en boat people pour y chercher sa fiancée, que son meilleur ami, caïd à Los Angeles, s'avère lui avoir prise (la pauvre n'est même pas heureuse). En chemin, il croise une prostituée gouailleuse (l'actrice en fait des tonnes) qui va l'aider (?) et montrer son joli minois au spectateur. Les deux actrices, très jolies, ont malheureusement la fâcheuse tendance à se ressembler, si bien que dans la première moitié du film, on ricane un peu en croyant que le héros, stupide et peu observateur, n'a pas reconnue sa chère et tendre derrière le maquillage à la truelle. En fait, c'était le spectateur le fautif : au temps pour moi. On devine que le héros, après avoir botté quelques derrières japonais, va aller exterminer son  ancien ami et ses sbires en trompant la vigilance du lieutenant de police (joué par un acteur un peu rond ressemblant fortement à Jacky CHAN). Bref, au lieu de "Yakuza (ou alors Yakuza avec catogan) contre triades", le film aurait dû s'appeler : "Rends-moi ma femme, faux frère", "Tu m'attraperas pas, gros balourd" ou encore "La furie du boat people".

    On trouve effectivement des scènes qui voudraient laisser penser qu'on a à faire à un film de l'Ecole de John WOO. Le héros solitaire jouant de l'harmonica le soir sur fond de musique au synthétiseur à deux francs (à l'époque, on n'était pas encore passés aux Euro), les flash backs de souvenirs de jeunesse ou, tels les héros d'Une balle dans la tête, à 25 ans on court dans tous les sens en riant comme si on en avait 5, la scène du flic et du héros face à face, se visant avec leurs pistolets à bout portant, les fusillades avec des ralentis et quelques bastons très typées. La scène de la fusillade sur le bateau, lors de laquelle la police de Los Angeles mitraille tout ce qui bouge avec des fusils mitrailleurs de l'armée, sans qu'on en comprenne très bien la nécessité, est d'anthologie. Le lecteur doit se dire qu'il est en face d'un authentique nanard ? D'autant que ce film en contient quelques éléments : diffusion au rabais (doublage, qualité du support), musique pourrie (son auteur a eu honte de la signer de son vrai nom, pas vrai, Angus ?), dialogues creux et humour pas drôle (les Américains sont grotesques, toutes les femmes sur maquillées et le flic Américano-chinois est boulimique, mais passons).

    ET POURTANT, ce film n'est pas un navet. Oui, vous avez bien lu ! En effet, il ne va jamais assez loin dans la nanardise. Les acteurs, d'abord, à part quelques flics américains et la prostituée au début, jouent bien. Les dialogues sont fades, mais ne vont pas jusqu'à susciter la moquerie. La musique est certes à vomir, mais elle n'est pas omniprésente. La description des boat people est réaliste et touchante. Les décors sont naturels (rien n'a été tourné en studio, ils n'en avaient manifestement pas les moyens - tout le budget étant passé dans les billets d'avions) et on regarde le film sans s'ennuyer (et presque sans jamais rire, exceptions faites des deux points sus-cités : la ressemblance des actrices et la fusillade sur le bateau, éventuellement les catogans des faux Japonais, mais ça ne compte pas). Tant mieux, ou plutôt tant pis, car mieux vaut un franc nanard qu'un film légèrement mauvais, ce qu'est Yakuza contre triades.

    Si vous avez l'occasion de le voir, ne vous privez pas, mais si pour vous il est hors de question de perdre une minute de votre précieux temps pour un film qui n'est même pas bon, alors je comprendrai que vous passiez votre chemin. 

    note : 4.5/10 

    Yakuza contre triades 竜胆量春安, (Chine) un film réalisé par Anthony LAU
    Avec : Anthony LAU, Conan LEE, Simon YAM, Thomas ARNOLD, CHANG Ming, Elaine SILVA, Roberta JONES
    Musique : Angus
    Chorégraphie : Ng Min Kung