« Je veux faire de l’art japonais : une chose
Exquise ; sans aucun rapport avec la rose
Redoutable de feu Redouté redouté !
Une création où tout le velouté
Des fleurs naît d’un seul coup de pinceau qu’on écrase ;
Une eau qu’un vol de grue, au-dessus, moire et rase,
Dans un effacement que l’on dirait dissous,
Pour deux fleurs de prunier voguant à la surface.
Tout cet enchantement éclos sur une face,
Pendant qu’un rien fera l’honneur de l’autre pan,
Une aiguille de pin, une plume de paon. »
Robert de Montesquiou
Après ce poème japoniste que m'a fait découvrir mon ami MC-Croche 8, vous avez compris que j'allais parler de Japon. Eh bien oui.
Je m'apprête à quitter ce pays où j'ai passé trois ans de ma vie, après une troisième année particulièrement fatigante. Jamais la France n'a quitté ma mémoire ni mon coeur, tout comme jamais je n'ai cessé d'aimer le Japon, ce pays qui m'accueillait et me donnait matériellement les moyens de travailler et de vivre plus que dignement.
Je ne suis pas là pour raconter ma vie (certains le font déjà très bien) : autant la hurler en place publique. En tant qu'écrivain, je prends aussi ma vie pour sujet d'étude, et je choisis d'en présenter certains aspects dans cet espace. Ce soir, au-delà des émotions personnelles, je m'interroge sur ce qui fait l'identité, sur le sentiment d'appartenance, sur la relationde l'expatrié au temps et à l'espace. Les hommes cherchent tous leur place et la reconnaissance. La reconnaissance, je crois l'avoir suffisamment pour le moment. Ma place, le hasard des opportunités professionnelles semble me l'assigner.
A 14 ans, lorsque j'ai commencé à écrire, j'ai souhaité très fort plusieurs choses, mais une plus que les autres : vivre au Japon. Je ne pensais pas que je serais exaucé. Et pourtant.
Un jour, je raconterai peut-être, sous une forme romancée, des épisodes de ma vie à l'étranger. Le temps n'est pas encore venu. Pour le moment, je préfère me consacrer à mes autres thèmes de prédilection.
Je le répète : ceci n'est pas un blog sur le Japon (pour des sushi, des geishas et des samouraïs, c'est ici). C'est un blog sur la littérature qui est au coeur de ma vie. Si je vis ici ou là, et que je ressens ceci ou cela, il m'appartient de choisir entre ces expériences celles qui me paraissent dignes de quelques lignes de prose. Je crois que chacun est là pour quelque chose. En ce qui me concerne, il s'agit d'écrire. Que le résultat soit décevant, je suis le premier à m'en apercevoir ; mais cela ne m'empêchera pas de chercher dans le "processus" de création littéraire et au sein de la perfectibilité, qui est paraît-il le propre de l'homme, ce chemin qui m'est propre.
Dans quelques heures, ma connection internet sera coupée. Demain, ce seront mes téléphones fixe et mobile. Cette note est donc la dernière que j'écris avant mon retour. La prochaine sera rédigée après une petite période de récupération.
Pour l'heure, je dis "Au revoir" au Japon, et non pas adieux, car je sais que j'aurai l'occasion d'y revenir, ne serait-ce qu'à titre professionnel (voyez-vous cela ! un japonologue qui ne va pas au Japon ?!!). Quant à vous mes lecteurs, je vous dis "A très bientôt". [Après avoir été classé parmi les "un Français au Japon", je suis sûr que je vais me retrouver parmi les "un Lyonnais". Ca ne fait rien. Je ferai ce que j'ai à faire et nous verrons bien. Et puis j'adore Lyon.]
おい、日本、また来年!
Commentaires
Ah! l'identité! ....
J'ai bien peur que la boîte de pandore soit ouverte.
Je crois qu'on en reparlera. En attendant...
On attend!
bon, bah on s'est raté :'(
en esperant te revoir un jour m(_ _)m
bonne chance au pays de la quenelle (^_^)
bon retour en france,
ici c'est pas le pays du soleil levant un des pays que j'aimerais aussi un jour visiter..
A Ado : Merci. J'aurais aimé t'appeler, mais tout s'est précipité. Je te promets que si je reviens à Tôkyô, je ferai en sorte qu'on se voie davantage.
A Jugurta : merci cher ami pour ce commentaire. Vous nous manquez sur le web. Tout se passe-t-il bien pour vous ?
Je voulais t'appeler aussi, et puis jamais fait, et quand j'ai vu ta news sur la resiliation d'internet c'etait deja le jour de ton depart, telephone resilie, peut-etre deja dans l'avion d'ailleurs :-/
faudra qu'on se revoit, oui :)