Contrairement à la littérature de Cour (écrite en kana) mettant en scène essentiellement des nobles, la littérature bouddhique montre toutes les classes sociales, des plus riches et puissants (empereurs, ministres) aux plus humbles (mendiants, animaux), en passant par Kyôkai lui-même, moine de rang élevé qui n’a pas peur de dépeindre ses doutes et ses souffrances. Incontestablement œuvres de spiritualité et d’édification, ces textes n’en sont pas moins destinés à être lus au peuple, et le Nihon ryôiki, écrit en kambun, lorsqu’il est lu, est parfaitement compréhensible par tout un chacun. En effet, si les textes circulaient dans les monastères et les maisons de la noblesse, ils n’en étaient pas moins lus au peuple en séances publiques.
Les nouvelles que réunit le Nihon ryôiki sont brèves (une dizaine de lignes en kambun). Le style en est simple, sans fioriture, mais pas sans répétitions. Parfois, un détail historique permet de situer l’action dans l’espace et/ou dans le temps.
Certains contes trouvent leur origine dans la mythologie chinoise, d’autres dans le folklore local.
Quelle que soit leur origine, ces histoires nous fournissent des détails concrets sur la vie et les souffrances auxquelles étaient confrontés les hommes de l’époque.
Le Nihon ryôiki comporte trois livres (kan 巻).
Pourquoi, sans cœur miséricordieux, faisant porter de lourdes charges à son cheval,
dans ce monde il obtint une mauvaise rétribution
Livre I, XXI
Autrefois, il y avait dans la province de Kawachi un homme (/une personne) qui vendait des melons. Son nom était [=Il s’appelait / On le nommait] Isowaké. Il faisait porter à son cheval des charges qui dépassaient ses forces. Quand il ne pouvait plus avancer, il le fouettait et le frappait violemment. Epuisé par ces lourdes charges, [l’animal] répandait des larmes des deux yeux [=pleurait à chaudes larmes]. Lorsqu’il avait fini de vendre ses melons, il tuait alors le (/ce) cheval. Ainsi, cette pratique de la mise à mort était fréquente [=Il lui arrivait fréquemment de tuer ainsi ses bêtes]. Mais un jour, [alors qu’]Isowaké s’était un peu [approché pour] regarder une marmite [remplie d’eau] en ébullition, ses (deux) yeux furent brûlés par la vapeur qui en sortait. La « rétribution de son vivant » (gempô) est très proche [=arrive très rapidement]. Il convient de croire au karma (/aux causes et aux effets). Quoique l’on voit des animaux, ce sont [peut-être] [=Voyez les animaux : qui nous dit que ce ne sont pas] nos défunts parents. [ ?] Les Six Voies (Rokudô)[1] et les Quatre [types / formes de] vie (Shishô)[2] [sont] les catégories (/demeures) où nous (re)verrons le jour. Pour ces raisons, on ne saurait manquer de miséricorde !
[1] Les Six voies (Rokudô 六道) : du moins élevé au plus élevé : démon infernal (jigoku 地獄) ; ogre affamé (gaki 餓鬼) ; animal (chikushô 畜生) ; primitif combatif des souterrains et du fond des mers (ashura 阿修羅) ; humain (ningen 人間) ; être céleste (ten 天).
[2] Les Quatres [types de] vie (Shishô 四生) : vivipare (taisei 胎生) (homme et animaux en général) ; ovipare (ransei 卵生) (oiseaux ; poissons) ; les êtres qui naissent dans l’humidité (shissei 湿生) (papillon de nuit ; ver) ; la génération spontanée avec transformations (kasei 化生) (êtres célestes (shoten 諸天) ; êtres infernaux (jigoku no mono 地獄のもの)).
Commentaires
Merci de nous faire bénéficier de ta traduction et surtout bravo! J'ai cependant quelques difficultés à la lire, je vois apparaître des codes au fil du texte @_@ est-ce mon navigateur qui deviendrait fou?
Merci, BenJ.
Essaie l'encodage "Unicode"...
Au fait, toi aussi, tu as le même p^roblème que le Transhumain avec mon texte "décalé" par rapport au haut de la page ?