Parmi les mots à la mode, il en est une catégorie souvent propice à l'approximation et à la bêtise : les mots d'origine étrangère. Non que je désapprouve complètement leur usage, mais quand on importe un mot autant essayer, dans la mesure du possible, d'être précis et de conserver son sens d'origine. Sinon, on ne fait que multiplier le nombre de faux-amis déjà existants.
Ca ne vous agace pas, les "taïkonautes" ? Moi, si. On ne peut pas se limiter à cosmonaute et astronaute ? Il faut donc qu'à chaque fois qu'un nouveau pays se lance dans la conquête spatiale, on invente un nouveau mot pour le désigner ? On fait comme en japonais où dès qu'un objet change un tant soit peu de forme, on trouve un nouveau mot pour le désigner ?
Pour la petite histoire, "taïkonaute" vient du chinois taikong-chuan 太空船 (vaisseau spatial), alors qu'un cosmonaute / astronaute se dit chuantian-yuan 航天员 (désolé pour les tons, je n'ai pas le temps car j'écris du bureau), si je ne m'abuse. On veut faire les malins en françisant des mots chinois, mais si c'est pour aboutir à des approximations, on ferait mieux de s'abstenir. Idem pour les mots japonais, "geisha" au premier plan. Ces pauvres filles passent pour des prostituées sous nos latitudes, alors que, que je sache, elles n'étaient pas obligées de se prostituer. C'étaient des artistes (geisha 芸者 veut étymologiquement dire "artiste") employées lors de banquets. Elles dansaient, chantaient, faisaient des poèmes en langue classique et la conversation. Les prostituées portaient, et portent toujours un autre nom, qui a varié avec les époques (aujourd'hui, on dit baishunfu 売春婦, "femme qui vent son printemps", c'est à dire sa jeunesse).
Bref, tournons la page pour aujourd'hui.