Aujourd'hui, je vais vous parler d'un livre que j'ai aimé. Je le fais trop peu et je le regrette. Mais cette fois, j'ai décidé de me bouger et je vais écrire deux mots sur l'Octobre russe du maître RIVRON, en tentant de mettre un peu d'hommage rivronesque dans mon style.
Tu crois que t'en as pas grand chose à secouer le palmier des pensées profondes de Rivron sur son séjour en Poutinie, eh bien t'as tort, et même grand tort, parce que là, on n'est pas face à une petite pointure. Rivron, mon gars, c'est de la vraie littérature. D'abord et avant tout, parce qu'il a un ton. Ca peut t'apparaître pédant, ce dont j'te cause, et pourtant c'est du vrai de vrai : le style, c'est TOUT, c'est ce qui fait qu'un livre passe de chose écrite à oeuvre littéraire.
D'abord, que je raconte l'affaire, histoire que tu te sentes pas trop mis de côté (c'est pas mon style de laisser le visiteur sur le bord du chemin, j'suis bon chrétien, moi aussi) : alors voilà, le bonhomme décide de faire un voyage à Moscou en car - parce que l'avion, ça lui fait peur (ne ris pas, c'est son choix, et en plus, ça permet de vraiment VOYAGER, et pas seulement de se rendre d'un point A à un point B en ignorant tout (et croyant tout savoir) de l'entre-les-deux). Sur place, il doit retrouver un ami metteur en scène français et sa troupe franco-russe et tout le petit monde franco-russe lui aussi de la culture et affiliés, si tu vois ce que j'veux dire. C'est l'occasion de bien croquer la galerie des théâtreux, des culturels et autres officiels (même des politiques) lors de scènes de "pince-fesses" plus vraies que nature, les mécènes de province (Ah, Gatov ! ) et bars de la capitale, de décrire du péquin russe de base aussi, y compris des prostituées et des vendeurs à la sauvette, des policiers tatillons et autres chauffeurs de taxi bourrés, parce qu'en Russie, on boit pas qu'de la tisane de verveine (même si j'te la recommande, c'est vraiment bon très peu infusé, au cas où tu l'saurais pas). Il nous insère aussi des passages anthropologiques (excuse-moi du gros mot, j'voulais dire son avis pas bête du tout) sur les portes en Russie (ne ris pas, c'est très sérieux !), le Temps et d'autres trucs que j'ai vraiment estimé au point que ça pourrait très bien figurer dans une étude ethnologique. Je pourrais dire la même chose de Balzac, donc tu vois le pédigré.
Le voyage date de 2001, mais le livre est auto-édité en 2010. Tout le monde l'a refusé, et pourtant, le réseau de l'écrivain est fourni. En postface, pas si navrante que ça, l'auteur raconte par le menu, sèchement comme une chronologie de manuel d'Histoire (ce qui la rend encore plus efficace, car pas besoin de geindre pour toucher, au contraire) ce que ceux qu'il considérait comme des partenaires fiables lui ont fait, leur façon lâche de refuser son manuscrit, dont la fabrication et l'envoi ont dû lui coûter pas mal, vu le nombre de vaut-riens à qui il l'a envoyé. Tu n'imagine pas la bassesse de tous ces gens à son égard, toutes les méchancetés minables qu'on lui a faites. Déjà que récemment il avait été victime d'un plagiat de la part d'un sagouin de bas étage. Bref, c'est pas à lui que je demanderais de jouer au Loto pour moi (je suis déjà la malchance personnifiée aux jeux).
Alors, toutes ces noises pour quoi ? Pourquoi ces accusations grotesques et indignes d'obscénité, de vulgarité ? Eh bien, m'est avis la chose suivante : Rivron a dû toucher juste. Sans le vouloir, il a mis le doigt là ou ça faisait et fera toujours mal : la vanité. Et ça a fait d'autant plus mal que ç'a été fait sans la moindre exagération, SANS MALVEILLANCE aucune, et avec autant d'honnêteté et de modestie réelle que de panache tout français... et avec humour !
Rivron s'en défend par une pudeur de vierge sous quelques gros mots, mais dans ce livre, il est du bon côté (malgré une BD caca blasphématrice de jeunesse). Il assume tout sans se draper dans des mensonges ou des ombres flatteuses. Il sait qu'il pèche de temps en temps, mais c'est pas un méchant.
Alors comment ne pas rire devant les attaques basses et pour tout dire minables d'un chanteur français miteux connu autrefois pour sa voix de castrat et que le sieur Rivron a croqué trop "vrai d'nature" ? Tu veux des noms ? Désolé, mais c'est pas l'genre de la maison. Ici, on donne le nom des gens qu'on respecte. Et Rivron, vois-tu, c'est plus que ça (et je passe à la première personne pour ça) : je l'admire, en tant qu'écrivain (d'abord), et j'ai une certaine estime pour lui en tant que personne.
Va pas croire que j'te ponds cette tartine parce que c'est mon pote ou qu'il m'a régalé à coup de pinard ou de livre gratuit. Non, on s'est jamais vus (enfin, j'ai vu sa trogne sur son site et il a vu ma mine de ravi sur une page où je t'engage à acheter mes livres afin que j'atteigne et dépasse mon objectif de vente annuelle de 10 exemplaires). J'ai acheté le sien bien honnêtement, et je t'invite à en faire autant, parce que c'est pas des politesses de blog qui vont nous aider à faire vivre nos familles. Alors sois sympa, clique ici et sois un homme (ou une femme, c'est selon, libre à toi) (et t'arrête pas à la couverture... J'ten prie).