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université

  • Salon de l'étrange 大学展示会 (II)

    Cette année, pris d'un accès de bon-samaritanisme, je me suis encore porté volontaire pour le Salon de l'étudiant. Je ne voulais pas perdre l'occasion :
    1/ de défendre mon université, ma faculté et ma section face à la concurrence auprès des clients primo-inscrits ;
    2/ de récolter quelques perles pour vous les faire partager.

    A plus tard, donc, pour un petit compte-rendu de cette demi-journée qui promet. 

  • QUITTER LA FRANCE フランスを去ります

    Je le sais, c’est sûr, c’est décidé, il faut que ça se fasse. Je quitte la France. Encore. Et j’en suis content. Je « rentre » au Japon, tout comme je rentrerai en France un jour, car contrairement à certains qui fuient leur pays (ou le fuiraient si…), je ne fuis pas le mien, car je n’y suis pas mal ; je m’en vais pour cet ailleurs, ce numéro deux où j’ai passées trois années, dont les deux plus belles de ma vie. J’aurai un nouveau travail, ça m’a l’air très bien. Pas de quoi se plaindre, au contraire. Mais je quitte. Je « quitte » car je n’ai pas le don de la bilocation, ni le compte en banque qui me permettrait d’aller où je veux, quand je veux, sur un coup de tête. Quand je pars, c’est pour séjourner. Un an. Ou deux. Ou trois, ou quatre. Cinq, peut-être. J’essaierai probablement de rester davantage. Je quitte la France. Je quitte le pays où vivent les gens mal élevés et insolents. Je quitte le pays où vivent les jeunes cons, les vieux cons, les sales cons. Je quitte le pays où vivent les casseurs, les fachos, les « groupes de combats », les CRAN, MRAP, SOSR, FNMNR, PS, LCR etc. Je quitte le pays où vivent des gens qui tuent fiscalement les classes laborieuses moyennes. Je quitte le pays où vivent les gens qui me réclament de l’argent rue de la Ré et qui m’insultent si je ne leur répond pas, les SDF qui crèvent comme des chiens dans l’indifférence générale, des Roumains mendiants qui malgré tout me touchent. Je quitte la saleté des tables des salles de séminaires du troisième étage, souillées par des élèves qui n’ont rien à faire dans un établissement supérieur. Je quitte un pays d’illettrés, d’ignorants arrogants qui croient tout savoir (eux aussi se retrouvent à l’université) et que de vieux soixante-huitards ont sacrifié à l’hôtel démagogique de leurs privilèges. Je quitte le pays de la presse « à la française » (comprenne qui pourra)… Je quitte le pays qui, bien qu’il s’en défende, n’aime pas ses enfants, qu’ils soient écoliers en attente d’apprendre (et qui n’apprendront pas grand chose), ou docteurs (et qui iront « fuir » ailleurs, ces chers veaux). Je quitte un pays que je n’ai jamais idéalisé, mais que j’aime, pour un pays que je n’idéalise plus, mais que j’aime tout autant. Je quitte une imperfection pour une autre, et le deux me conviennent malgré leurs aspects révoltants.
    En quittant MON PAYS, je quitte aussi une TERRE où je me sens bien, où je me sens chez moi, à ma place, où j’aurai plaisir à fonder une famille, je quitte mes racines. Je quitte les collines, les plateaux et les fleuves lyonnais, les pelouses en pentes de ses parcs municipaux, les lectures assis contre un arbre, les errances de mon enfance dans la cité Edouard Herriot (démolie aujourd’hui, enfin un peu de bon sens), les marches dans les ruelles étroites de la vieille ville, à travers les traboules ou les avenues longeant les belles bâtisses de Gerland… Finis les balades en voiture dans les Alpes, à Gap, en Lorraine, dans les Dombes, dans la Vienne, les crapahutages bretons, mon voyage parisien annuel (qui me confirmait à chaque fois dans la conviction que je n’étais pas du même monde qu’« eux »). Je quitte le pays des loyers exorbitants pour le pays des loyers exorbitants, le pays des bons chauffages pour celui des mauvais chauffages, des restaurants chers (mais bons) pour celui des restaurants pas chers (et bons). Je quitte ma famille. Je quitte une culture, des cultures devrais-je dire, et UNE civilisation, qui me convenaient à peu près, et dont, lorsque je traverse les ponts du Rhône, j’ai la profonde, l’intime sensation jusque dans mes chairs au même titre que de la précarité de la vie en général, et du corps humain en particulier. Je quitte le pays où s’est perdu, hélas, l’esprit chevaleresque, le goût du geste noble, gratuit, bienveillant, superbe et généreux, le panache en somme, dont j’espère que la génération de mes petits enfants (si tant est que notre espèce existe encore à ce moment-là) rétablira l’usage, pleinement honnête et responsable, assumant ses fautes et osant aller dans le sens des valeurs que les grands-parents avaient rejetées.

    Je pars avec 20 kg de bagages, et ma vie devra tenir là-dedans. Le reste suivra. Je quitte mes amis du bled, ils se reconnaîtront. Je les quitte comme nous nous sommes quittés mes amis du Japon et moi-même avant le retour au pays natal. Si la France, LA France – LA FRANCE – demeure mon seul pays natal, le Japon reste pour sa part mon pays d’adoption. Français je suis, Français je mourrai, mais rien ne pourra effacer le fait que ce sera le Japon qui aura fait de moi un homme (si tant est qu’on puisse le devenir du vivant de ses parents). Je quitte la France. JE QUITTE LA FRANCE.