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D'un essai bien moyen ou la confusion du samouraï オード・フィエスキの『サムライの画面』という随筆について

Parmi les clichés concernant le Japon, celui qui revient le plus fréquemment est le samouraï. Et encore faut-il savoir de quoi l'on parle en utilisant ce mot, ou plutôt LES mots, mis à notre disposition par les langues française et japonaise. Car il faut savoir de quoi l'on parle pour éviter les malentendus, et ici, ils sont assez nombreux, semble-t-il, et ce même à la lecture de l'ouvrage d'Aude FIESCHI, Le masque du samouraï, paru aux éditions Philippe Picquier en 2006 et que j'achetai un jour avec méfiance. Curieusement, l'auteur attend la page 55 avant de définir et d'expliquer ce qui est désigné chez elle par le terme français de "samouraï". Ici, je n'attends pas, et je définis sur le champs de quoi je parle, et ajoute des précision à ce qui m'apparaît comme une présentation sommaire tirant à hue et à dia.
Le mot japonais samurai さむらい, qui s'écrit "侍" en caractère chinois (idéogramme) et parfois "士", vient du verbe japonais classique saburafu さぶらふ [侍ふ] (prononcé plus tard "saburau"), et qui signifie "servir" (un maître). Le nom commun samurai désigne donc un serviteur, mais de type particulier, appartenant à la classe sociale des guerriers, les bushi 武士. Rappelons que les privilèges des classes sociales, rigides, furent abolis et l'égalité devant la loi proclamée en 1871. Auparavant, il existait quatre classes (shi-min 四民) et une "hors classe". Nous avions, du haut en bas de l'échelle sociale : la noblesse de Cour (kuge 公家) et les guerriers (bushi) ; les paysans (hyakushô 百姓) ; les artisans ( 工); les commerçants (shônin 商人). Les "hors classe" comprenaient les comédiens, les prostituées et les hinin 非人 ("non-humains") : les burakumin 部落民 (parias détenant le monopole des métiers en rapport avec la mort : abattage et tannerie), les voleurs, les Aïnous (ethnie autochtone de Hokkaidô) etc.  Les unions entre les riches propriétaires terriens et les guerriers étaient rares, mais possibles, et l'annoblissement des enfants nés de ces unions, automatique. Un autre moyen pour les paysans de devenir des guerriers était de devenir champions de sumô 相撲, chose très rare ! Les mariages avec toute classe en dehors de celle des guerriers (donc paysans, artisans et commerçants, soit 85 pourcents de la population du Japon avant 1871) étaient beaucoup plus faciles.
Bref, le samurai était un serviteur, formé aux armes, mais pas nécessairement expert en la matière, ni riche, ni toujours bien élevé. Il n'était donc pas un daimyô 大名 (seigneur féodal), ni un bushô 武将 (chef de guerre, général local), encore moins le shôgun 将軍 ("généralissime" gouvernant le pays à la place de l'empereur), ce qui élimine la pertinence de nombre de gravure insérées dans l'ouvrage en question, et représentant de hauts personnages du gratin guerrier.

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Commentaires

  • Tu as tout à fait raison de revenir sur ce mot, si galvaudé en Occident. L'image que les Occidentaux ont du samurai est celle, oh combien idéalisée, qui fut en vigueur à partir du XVIIIe siècle. Si l'on veut vraiment savoir ce qu'était un samurai à l'origine, on peut soit lire les 26 volumes du 新・平家物語 (Shin Heike Monogatari) de Yoshikawa Eiji (l'auteur du trop célèbre Miyamoto Musashi [La Pierre et le Sabre / La Lumière parfaite]), ce qui nécessite une bonne connaissance du japonais et une grande persévérance dans la lecture, soit voir le très beau film de Mizoguchi du même nom (Le Héros sacrilège, en français). On y découvre que le samurai fut durant longtemps tout au bas de l'échelle sociale, moins considéré encore que les paysans. Nous sommes alors au XIIe siècle. Il faudra attendre les premiers gouverneurs militaires (shōgun) pour voir enfin la classe des guerriers prendre davantage d'importance.

  • Merci pour ce commentaire. La suite pour bientôt, dès que j'ai un moment de libre.

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