Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

all-zebest - Page 30

  • De la faillite de notre système scolaire : un effondrement prévisible et déjà entamé

    [Depuis le temps que je promets d’écrire une note sur l’université, eh bien, et ce n’est pas trop tôt, mon actualité personnelle m’en donne l’occasion. Aussi, voici.]

    Tout le monde sait l’état préoccupant dans lequel se trouve l’institution scolaire, du primaire jusqu’au bac. Mais le supérieur, que l’on croyait jusque là épargné, ne l’est plus. Certes, les grandes écoles et les établissement supérieurs privés sont encore à part, encore préservés, du moins en ce qui concerne la sécurité. Pour ce qui est de la culture générale, je ne sais pas.
    Je vais parler de ce que je connais, de ce que je vois, notamment depuis que je suis passé de l’autre côté de la ligne, c’est à dire depuis que je suis devenu enseignant.
    Je vais d’abord partir d’un constat, puis j’essaierai de trouver des propositions et d’émettre des hypothèses.

    I Un constat accablant
    J’ai plusieurs fois eu l’occasion de remarquer le niveau effroyablement bas de mes étudiants, non pas en japonais (ils apprennent toujours la même chose que ce que ma promotion avait appris), et quand bien même ils feraient des erreurs en japonais, ce n’est pas grave, je suis là pour les aider à les corriger. Ils sont là pour ça. Non pas tant en japonais, dis-je, mais en français et dans tous les domaines de la culture générale, de l’éducation et même de la civilité.
    Pour ce qui est du français, et bien que je ne me pose nullement en référence, est-il normal de ne pas savoir conjuguer un verbe ? d’en ignorer le sens alors qu'il s'agit d'un mot du vocabulaire courant (ex. : « déblatérer » utilisé dans le sens de « déballer, débiter » au lieu de « dire du mal » ; « en rabattre » pris dans le sens de « la ramener » au lieu de « se calmer et se tenir à carreau ») ; de ne pas savoir utiliser « lequel », « laquelle » – faute extrêmement répandue à la télévision parisienne ; de confondre « savoir » et « être » (« je saurai(s) » et « je serai(s) »), un futur avec un conditionnel, d’ignorer le subjonctif etc. ? Un vocabulaire extrêmement restreint et une contamination du langage sympato-grossier avec un soupçon de banlieue – l’« esprit-Canal » en somme – leur tient lieu de langue, et ils ne cherchent pas à aller plus loin.
    Justement, ce qui est triste n’est pas seulement leur niveau, c’est aussi leur manque de curiosité, d’intérêt, pour tout ce qui n’est pas leur petit monde cloisonné. Ils ne lisent pas, dans leur grande majorité. Ca les "saoule", et ils n’aiment pas faire d’effort. D’ailleurs, qui leur en aurait donné le goût ? Leurs parents ? Non : ces derniers, qui prenaient il n’y a pas si longtemps leurs vacances en couple en laissant leurs enfants à des baby-sitters adolescentes qui fument, avaient l’idéologie du « laisser faire », du « ne pas contrarier l’enfant roi ». L’Ecole, du primaire au bac ? Non, grands dieux ! Dans les IUFM, on vous enseigne que « l’enfant est au centre du système éducatif », et non plus le Savoir, et qu’il faut apprendre à critiquer jusqu’à la déconstruire la Culture de ceux qui nous ont précédé, car ils sont tous de sales réactionnaires, des salauds d’esclavagisto-colonialistes et des bourgeois élitistes. Pour être « acceptable », il ne faut pas être raffiné, policé, en un mot civilisé. Cela peut passer si on est « homo », à la rigueur, en témoigne la transformation post mortem de l’hétéro Maurice RAVEL en homo plus « boboïquement correct ». Bref, si l’enfant veut taper sur un tambour au lieu d’apprendre ses tableaux de conjugaison, laissez-le faire ! Ca lui rendra infiniment service, n’en doutons pas, mes amis ! Que nos « sages » des IUFM doivent être contents de voir à quel point leurs doctes préceptes ont fonctionné.
    Aujourd’hui, les jeunes ne respectent plus : ni le Savoir, qu’ils snobent, ni les valeurs (à part un droits-de-l’Hommisme distant qui commence le plus loin possible de chez eux), ni la Culture savante (la musique classique, c’est forcément pour les binoclards riches en gilet à carreaux, nœud pap’ et puceaux jusqu’à 40 ans, ou alors pour les tueurs en série américains), ni l’autorité, et là, comment le pourraient-ils, avec le travail de sape quotidien auquel se livre la plus putassière, mais gauchiste, des télévisions du monde : la nôtre. Au Japon, la télé est dix fois plus bête, mais elle apprend au moins à être discipliné. Chez nous, si tu n’es pas rebelle aux institutions, tu es suspect de Réaction, et de là, il n’y a qu’un pas jusqu’à l’accusation de fascisme. D’ailleurs, les émeutiers, d’où qu’ils viennent, seront toujours excusés, et les institutions salies. Les « Guignols de l’info » (et « Nulle part ailleurs » en général), en mettant le ricanement au service de la destruction de l’Etat, L. RUQUIER et son équipe, toujours prêts à salir les hommes politiques et les institutions (neuf fois sur dix de Droite), Thierry ARDISSON, M.O.F., les radio Skyrock et NRJ, fossoyeurs du bon goût, de l’intelligence, de l’objectivité, de la morale, de l’honnêteté et du patriotisme (oups ! excusez-moi, j’ai dit un gros mot), ont la plus grande responsabilité, n’en déplaise aux journalistes.
    Lorsqu’on aura fini de saper toutes les autorités aux yeux des jeunes, sera-t-on masochistement assez content ? Ils finiront par tout détruire, édifices et œuvres d’Art (on laissera un jour taguer les toiles des musées, n’en doutons pas), et on finira bien à ce que les journalistes nostalgiques de 68 et une partie de la jeunesse déboussolée souhaitent : l’anarchie.

    Soyons sincère. J’ai la chance de ne pas avoir eu de gros problèmes de discipline dans mes classes, mais je n’ai pu que constater le manque d’éducation de mes élèves. Par exemple, le « Bonjour Monsieur », le « Merci Monsieur », connaît pas : c’est « Bonjour », « merci », dans les bons jours ! Ils ne savent pas non plus que c’est à l’élève de saluer le premier. Ils ne savent pas accepter les propositions de lecture que leur font les enseignants : c’est toujours « non », car ça ne les intéresse pas (cf ce que j’ai dit plus haut à ce sujet), ni qu’il faut parfois garder ses réflexions narquoises pour soi.
    Ils se croient tout permis, et tout leur est dû, parce que c’est ainsi que leurs parents et la télévision les ont « non-élevés ». Ce ne sont pas des adultes. Un adulte digne de ce nom assume ses actes, et ne pleurniche ni ne crie jusqu’à ce que le grand ait cédé. Leur « franc-parler » n’est que le reflet de leur indifférence à l’autre. La vanne permanente tient lieu de conversation.
    Toutefois, je ne tape pas seulement sur ces jeunes, je les plains. Oui, comme le dit très bien Alain FINKIELKRAUT, ces jeunes sont sacrifiés, à coup de démagogie et de bien-pensance, alors qu’on devrait leur tendre la main, car bon nombre d’entre eux perçoivent plus ou moins, et de façon bien floue, que quelque chose ne va pas, d’où leur malaise et je ne serais pas étonné que nombreux parmi eux recherchent des limites fixées par de vrais adultes.
    Ce sont les grands du passé qui ont déjà vu l’essentiel de l’Homme, qui nous proposent des bases pour nous situer dans l’espace et le temps, pour nous structurer en somme. Pour les jeunes d’aujourd’hui, même en licence, Victor HUGO n’est qu’une rue (commerçante), dans le meilleur des cas un écrivain d’un siècle indéterminé (la Renaissance ?). Alors les Grecs et les Romains, n’en parlons pas. Il leur est donc impossible de situer une pensée dans son contexte, de comprendre des apports étrangers (comment parler de la littérature japonaise de Meiji sans notions des littératures européennes de la même époque (l'Europe qui exerça une influence importante sur les plus grands) ? Les informations se lient les unes aux autres et font sens. Sans elles, plus de sens. De même que sans les bases historiques de notre morale, plus de morale aujourd’hui. (Je reviendrai sur ce point dans une prochaine note consacrée aux religions).

    A suivre…

  • Minimalisme vidéo-ludique ミニーRPG

    Voici le jeu de rôle le plus minimaliste que je connaisse. Si vous avez plus minimaliste, faîtes-le moi savoir.
    http://sapporo.cool.ne.jp/f1ash/flash/easyrpg.swf

  • A jour...

    Le travail me prend mes journées, même en vacances scolaires, et tout est à jour. Mais ma vie est-elle à jour ? Si l'on s'en tient à ce blog, on pourra repasser... Mais cela va changer ! Oh que oui. Et pas plus tard que... très bientôt.
     J'en profite pour remarquer que vous êtes de plus en plus nombreux à passer voir mes modestes lignes (en ces temps de vaches maigres, c'est méritoire), et donc qu'apparemment, mes rabachages de moraliste fatigué ne vous ont pas encore lassé. Tant mieux ! Une fois le temps (?) et la santés retrouvés, les fidèles seront récompensés.

    All (l'homme aux promesses d'ivrogne dès que ça touche aux blogs)

  • Double métier ことば遊び

    [Voici quelques lignes de mon ami MC Croche 8, bien embêté de voir un de ses rogatons livré ainsi au public. Que voulez vous, il y a un temps pour tout, et là, j'ai envie d'un peu de légèreté. Que ceux que les jeux de mots agacent ou qui les trouvent ringards passent leur chemin.]

    Comme on peut être libraire-fromager, ou écrivain-patissier, il exerçait le double métier de restaurateur et armurier : son enseigne (où il se comparait à un concurrent tavernier, fameux pour ses préparations à base de rongeurs... ) était ainsi libellée :
    Hâche et menus - comme chez "Rats - Pâtés"

  • De la réécriture "stalinienne" de l'Histoire musicale... ラヴェルは同性愛ではありませんでした!

    [Connaissant ma passion pour la musique de Maurice RAVEL, un ami m'a envoyé le texte suivant que je m'empresse de publier, admiratif devant tant de maîtrise en si peu de mots. J'ajoute que cet ami est un érudit hautement qualifié pour traiter de musique.]

    A propos d’Hoffmann, de Ravel, de la rumeur et du soupçon…

    La lecture de l’étincelant petit roman d’E.T.A Hoffmann Maître Puce, qui, par ailleurs, constitue, sous les dehors de la fantaisie la plus extrême, un authentique « bréviaire » du romantisme allemand, cette lecture, donc, m’a remis en mémoire le malaise insistant ressenti en prenant connaissance d’une note relative au très récent Ravel de J. Echenoz, qui constatait que celui-ci n’avait pas pris en compte l’homosexualité « avérée » du musicien… L’idée, semble-t-il, est dans l’air puisqu’une étude, récente elle aussi, sur Ravel en Pays basque affirme sans ambages : « Ravel était homosexuel » ; de même, il n’y a pas très longtemps, lors d’un concours du C.N.S.M de Lyon, un candidat présentant un dossier sur l’auteur du Boléro se vit apostrophé en ces termes : « pourquoi ne parlez-vous pas de son homosexualité ?! » (l’« apostropheur », je le signale aux amateurs d’énigmes, s’est fait un nom depuis dans le domaine de la vulgarisation audio-visuelle, en dispensant, non sans talent d’ailleurs ni sans cabotinage, son savoir via de nombreux DVD…)
    Bref, l’affaire semble entendue et, désormais, il y a fort à parier qu’on ne reviendra plus sur un fait qui est en train de se constituer, par vagues successives, comme une évidence… Or, il n’en allait pas de même il y a vingt ans où les études sérieuses ne mentionnaient, tout au plus, qu’une vie sentimentale apparemment inexistante… De nouveaux documents auraient-ils donc surgi ?
    Des lettres, des aveux, des menaces de chantage jusqu’ici occultées ? Nullement : les textes sont les mêmes qu’il y a vingt ans mais, et cela nous ramène à Hoffmann, ils sont à présent relus avec de bien étranges lunettes…
    Dans un épisode secondaire mais instructif de Maître Puce, le héros se trouve injustement soupçonné de l’enlèvement d’une jeune fille ; pour comble d’infortune, il doit subir l’interrogatoire d’un personnage retors nommé « Knärpanti », qui pour des raisons d’ambition personnelle tient absolument à faire de lui un coupable. Ayant saisi tous ses papiers (correspondance et journaux intimes), il en tire une longue suite d’accablantes citations tendant à faire de lui un « obsédé » de l’enlèvement. Ainsi, par exemple, cette phrase : « quelle chose merveilleuse que cet enlèvement », qui, par la suite, s’avère devoir être rapportée à une représentation de « L’enlèvement au sérail »… de Mozart ! Dans sa hargne, il va même jusqu’à relever, dans une phrase quelconque, toutes les lettres, éparses, nécessaires pour former le mot « enlèvement », preuve indiscutable, et d’autant plus perverse selon lui qu’elle est cryptée, du penchant criminel de son auteur…
    Ainsi en est-il de Ravel : comme on le sait depuis toujours, Ravel était très attaché à sa mère, Ravel était célibataire, Ravel était d’un « dandysme » extrême Aujourd’hui, tout cela se trouve résumé en une phrase : Ravel était homosexuel ! ( même si l’on peut aussi adorer sa mère et adorer les femmes, même si Brahms, par exemple, fut un éternel amoureux autant qu’un éternel célibataire, même si Baudelaire, érotomane notoire autant que poète de génie, fut également un admirateur de Brummel…)
    Ce qui est gênant dans cette affaire ce n’est pas que Ravel ait été ou non homosexuel : après tout , cela ne regardait que lui-même exclusivement et n’est d’aucune incidence sur son génie. Non, ce qui me gêne vraiment c’est une absence de rigueur qui substitue l’allusion à la preuve et, tel le sinistre « Knärpanti », tend à instruire « à charge », si l’on peut dire. Pourquoi négliger, par exemple, les témoignages, peu nombreux sans doute mais réels (Rosenthal, Marguerite Long, et Ingelbrecht ( voir la biographie de Stûckenschmidt, pour ce dernier))qui tendent à faire de Ravel un client occasionnel des prostituées ?
    Pourquoi monter en épingle certains faits : le noctambulisme avéré de Ravel, par exemple, dont on laisse maintenant supposer qu’il devait cacher des secrets, pour l’époque, inavouables… De même, on prend prétexte d’une tentative d’escroquerie dont il fut victime de la part de deux jeunes gens dans les années vingt, pour y voir un aveu d’homosexualité, à tout le moins, latente… (on voit d’ici l’arme ultime des propagateurs de cette thèse face à d’hypothétiques contradicteurs : si l’on ne peut rien affirmer pour les faits cela ne signifie pas que Ravel n’ait pas été, de toute façon, un homosexuel honteusement refoulé !) L’incident fut cependant relaté par la violoniste amie de Ravel, Hélène Jourdan-Mohrange, dans le beau livre qu’elle lui consacra, et on peut supposer que si la situation lui avait semblé un tant soit peu équivoque, elle ne l’aurait sûrement pas évoquée.
    Elle n’y voyait, cependant, qu’une grande preuve d’ingénuité…
    L’initiateur de cette lecture plutôt tendancieuse fut, je le signale aux érudits, un dénommé Michel Faure, sociologue de son état (mais nullement musicien) qui commit dans les années 80 un livre sur La musique française depuis le Second Empire. Relativement à Ravel, il procéda par allusion en insistant sur le témoignage d’Alma Mahler qui voyait en lui un « Narcisse »….
    Colporté depuis lors comme une référence intouchable, son étude n’a cessé d’être paresseusement « remâchée » par les chercheurs « bien informés »….
    Voilà comment s’écrit l’Histoire…..

    On me permettra toutefois d’en préférer une version qui respecte le mystère des êtres, et celui d’une personnalité à tout jamais énigmatique.