SUNT PUELLAE, prose
Il est des souvenirs qui laissent rêveur. J'étais en train de jouer aux dés sur la plage avec un ami de longue date. Le jour déclinait et nous n'avions plus grand chose à faire, si ce n'était bavarder et profiter du coucher de soleil.
Nous nous apprêtions à regagner nos motos garées plus haut, profitant, bien au chaud dans nos combinaisons de cuir renforcé, de la fraîcheur de l'atmosphère qui commençait de s'installer. Six filles nues passèrent alors sous nos yeux en causant, avec des manifestations de joie. Elles ne purent que nous remarquer et allèrent s'asseoir à vingt mètres de nous. Mon ami et moi nous regardâmes. Je crois qu'à cet instant-là, l'idée de rentrer nous avait passé. Nous tournâmes vite ensuite le nez vers elles, sans y réfléchir, décidés à jouir du spectacle qui s'offrait à nos mâles regards. Dans notre émoi, nous nous interrogions mutuellement sur les raisons d'une telle présence. A mesure que nos yeux gourmands fixaient ces corps graciles, nous sentions toute la puissance du désir animal dilater nos virilités ambitieuses. Que faire ? fallait-il s'approcher ou rester assis, comme des maîtres attendant de se faire servir leur dû ? Nous optâmes pour une stoïque attitude qui, affirmant la puissance de notre esprit, devait à coup sûr en imposer aux donzelles. Ces dernières, qui n'avaient pu manquer de remarquer l'effet qu'elles produisaient sur des hommes tels que nous, s'étaient mises à jouer entre elles, avec des éclats de rire, dont les femmes ont fait une arme de séduction supplémentaire, et des mouvements de cheveux, étincelants dans les derniers rayons du jour : par une sorte de lutinerie, elles se prodiguaient l'une l'autre des caresses et de douces chatouilles sur tout le corps, se ballottant leurs poitrines de toutes tailles...
"Je n'en puis plus, me dit mon ami, il faut faire quelque chose : soit nous partons immédiatement, soit nous allons les voir et nous leur montrons qui sont les hommes, ici. Vas-y, toi..."Je ne sais s'il m'en croyait réellement capable, mais je le surpris en me levant sur-le-champ (me surprenant moi-même) et je retirai mon blouson, le laissant lourdement retomber dans le sable humide dans un bruit sourd. Je m'avançai vers le bataillon des tentatrices qui m'attendaient, tout sourire, les tétons audacieusement pointés dans ma direction. En matière de séduction, je ne saurais me louer de plans qui auraient fonctionné. Aussi, en cette circonstance manifestement exceptionnelle, n'avais-je aucune stratégie. Il me fallut donc recourir à mon talent d'improvisateur. Je n'étais sûr de rien, sauf d'une chose : que face à un groupe de filles, qui plus est assez sures d'elles pour soutenir éhonté ment le regard d'un homme alors qu'elles étaient nues, je ne pourrais guère compter sur leur candeur, et qu'en cas d'échec, il serait d'autant plus douloureux qu'il aurait lieu sous les yeux mêmes de mon meilleur ami.
A mesure que mes pas me rapprochaient de l'escadron de ces voluptueuses créatures, je faisais les plus grands efforts dont un homme soit capable pour dominer ma peur et paraître assuré. A deux mètres d'elles, je leur adressai la parole. Celles qui regardaient ailleurs tournèrent alors la tête dans ma direction. Je fis encore deux petits pas. Là, pensai-je, la machine est lancée, on ne peut plus l'arrêter : fais ce que la nature veut que tu fasses, et tant pis pour les conséquences. Laissant mon regard rebondir de l'une à l'autre sans s'attarder (je ne voulais pas paraître intéressé, bien que je l'étais assurément), je repris mon discours sans discontinuer, d'un débit un peu rapide et haché à certains moments, ce dont j'étais conscient mais contre quoi je ne pouvais rien faire. Lorsque mon imagination verbale ne fournit plus de mots à ma bouche, je finis par m'arrêter et, ému, je passai ma main moite sur mon visage barbu de quelques jours. Sans doute ma virilité apparut-elle transcendée aux yeux de ces femelles en rut, car l'une d'elle me fit signe de venir à elle, d'un doigt, et me dit : "Tu as fini ? ... Eh bien, viens un peu près de nous... et montre-nous qui est l'homme, et ce qu'un homme comme toi peut bien faire avec six filles nues... " Je ne me fis pas prier. J'épargne au lecteur les détails que pourtant je le sens curieux de connaître. Tout ce que je dirai, c'est qu'en cet instant je perdis vite mes vêtements et que j'avais oublié mon ami, sidéré, au loin...
Jusqu'à ce qu'elles lui firent signe de nous rejoindre. Pensez donc : six filles, toutes plus délicieuses les unes que les autres ! Il y avait bien de l'ouvrage pour deux !
commencé le 19 septembre 1997 et fini le 19 juin 1999 au manuscrit et le 1er. octobre 1999 à la frappe.
Commentaires
si ça c'est pas une accroche pour toute personne de sexe masculin c'est que rien ne tourne plus rond..
vivement la suite....
Hélas, cette petite fantaisie, ce petit "rogaton" (comme dirait Voltaire) n'a pas de suite. Les prochains textes à venir seront même un peu sombres.
Merci de votre lecture !
Quoi ! Pas de suite!...
Je me demandais vraiment comment tu allais t'en tirer d'un texte comme ça.
J'attendais une galipette ( sans jeu de mot). Du style :
A ce moment-là, j'ai senti une main sur mon épaule me disant :
- Faut y aller!
Je me suis retourné. La main de ma mère me secouait :
- All_zebest, réveille-toi! Faut y aller, tu vas être en retard à l'école!
Bon, je sais, c'est facile, m'enfin...
Heureusement que Zorglubette n'a pas vu ma tete _ et le reste _ quand je lisais ton texte :-)
Bravo, all-zebest, même moi, une fille !, j'ai été prise par cette fiction ! Je crois que nous sommes tous d'accord pour réclamer une suite. Allez, au boulot !
Merci Fleur, vous êtes adorable. Mais cette petite facétie a aussi pour but de jouer (bien gentiement, certes) avec l'imagination et la frustration du lecteur... Et puis j'ai encore beaucoup d'autres textes à vous faire découvrir... A commencer par le récit de mon voyage dans l'ouest du Japon...