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2008 Au fil de la plume 日記 - Page 2

  • Game over, par MC Croche 8

    L'ami MC Croche 8 m'a encore envoyé un texte amusant et comme d'habitude farfelu, mais je crains que les trois noms cachés ne parlent qu'aux japonisants et spécialistes d'ethnographie folkloriste, qui plus est...

     

    GAME OVER

    Ce n’est pas sans inquiétude que la jeune Clotilde Leffa entra dans la cantine des studios de France 25 (seule chaîne publique rescapée d’une ultime réforme de l’audiovisuel). Il s’agissait de présenter Léa Zitouni, chargée de production toute puissante, la liste des trois indices soumis quotidiennement aux spectateurs afin de les aider à percer le mystère de la grosse énigme, énigme qui constituait le clou de l’émission vedette : « La culture est un jeu ».   A vrai dire, si la culture n’était pas oubliée (via quelques interventions des pop-stars du moment), c’était plutôt le jeu (fortement mécéné par Vincent Bolloré) qui faisait le succès du programme. Suite à diverses études de marché, il avait été convenu que chaque liste d’indices devait obligatoirement comporter :

    1) le nom d’un animateur du paf ;

    2) le nom d’une chose en rapport avec la peinture (pour affirmer la touche culturelle) ;

    3) le nom d’un animal (à plumes, exclusivement)

    Inutile de dire combien il était parfois difficile pour les jeunes assistants de satisfaire à ces exigences mystérieuses, sur lesquelles Léa Zitouni veillait avec un soin jaloux autant que colérique.

    Comme elle était gourmande, on savait bien que le meilleur moyen de ne pas encourir ses foudres redoutables était de la surprendre à l’heure du déjeuner, surtout depuis qu’officiait en cuisine le jeune Otto Grabich, berlinois converti à la gastronomie française, qui lui confectionnait moult petits plats délicieux autant que scrupuleusement à sa convenance.

    Clotilde tendit en tremblant la liste journalière juste avant que Léa attaquât sa seconde assiette.

    « Et bien Coco, voyons un peu : Y’a Nagui, tache, hibou… ça va ! » conclut-elle en piquant sa fourchette dans un cube de viande en sauce. Puis, coulant un regard bienveillant vers Grabich qui n’attendait que cela, elle ajouta puérilement,  pour mieux souligner son bonheur gustatif :  « miam, Otto ! »

     

     

  • Et il traduit, aussi ! Que n'aura-t-on vu ! 僕の川端康成の翻訳は出版されます

    Ma traduction de la nouvelle de KAWABATA Yasunari 川端康成, "Les cheveux étaient longs" (「髪は長く」), vient d'être publiée dans la revue universitaire Iris, revue de l'imaginaire, ainsi qu'un article de mon cru sur le mélancolique imaginaire féminin du Sarashina nikki (vous verrez, le titre a été modifié par l'éditeur) et une traduction d'un article du maître de nô de l'Ecole de Nara (la plus rigoureuse) sur les femmes dans le nô. [...]. Tout cela a été fait il y a six ans. [...] Mon article n'est pas transcendant, mais j'ai travaillé sur les textes originaux en japonais classique (c'est toujours ça) et la traduction de la nouvelle se laisse lire sans déplaisir.

    Les preuves :
    http://w3.u-grenoble3.fr/ellug/index.html/index.php?id=11
    http://w3.u-grenoble3.fr/ellug/index.html/fileadmin/template/ellug/Telechargements/REVUES/IRIS30.pdf 

    Bien que je ne touche pas un centime sur les ventes, allez tous l'acheter ! (publicité éhontée) Soutenons les revues de recherche !

  • Oui, où en étais-je ?...

    Oui, je vous disais, j'ai déménagé. A part une voisine du dessous qui se plaint d'avoir un tremblement de terre (moi) au dessus de la tête toutes les nuits, pas de problèmes à signaler. Non seulement cela, mais ma situation géographique me permet d'aller au travail en 20 min au plus, contre 1h 20 précédemment. Bref, je pourrai accéder à internet plus souvent et abreuver le lecteur intéressé de mes petites histoires et de mes petits commentaires (qui en valent bien d'autres, et que je me permettrai de faire - quelle témérité, ouh !), et ce d'autant plus qu'à partir de la mi-avril, je devrais avoir fini ma grande mission qui m'aura pris 4 ans ! Une vie nouvelle commencera, plus humaine et productive aux échelles aussi bien personnelle que professionnelle.
    En projet (attentin promesses d'ivrogne !) : une note sur You are Empty, une sur les facs au Japon (non, trop risqué !), la suite de "Toda of the Dead" (ouh là...) et d'"Emprise progressive" (du lourd, je vous dis).

    [Ceux qui trouveront des fautes de frappes sont invités à me les signaler. On ne sait jamais. Une faute est faite pour être corrigée.]

  • A quelques mètres

    A nouveau au Japon, où je viens de déménager dans un réduit des plus riant en plein Tôkyô, je vous envoie cette petite note.
    Le soldat du savoir n'est plus qu'à quelques mètres de son objectif, 12 pour être précis. Dopé à la cuisine indienne, aux bols de riz et au LCS (y en a-t-il encore qui ne savent pas ce que c'est ?), il se bat contre sa paresse croissant avec l'âge.
    Je dois y aller. A bientôt pour la suite...

  • Retour provisoire et divagations zebestales sur le futur 一時帰国

    Si près de la fin, mes amis. Si près... Donc si loin ! Car au fur et à mesure que le coureur se rapproche de son but, ses jambes faiblissent, la fatigue envahit tout son corps et une douce torpeur gagne bientôt son esprit. Mais il ne faut pas céder aux faciles sirènes de la paresse. La fatigue a ses droits, mais il n'est pas encore temps de les exercer.

    Je suis en France, chers lecteurs. Le pied alerte, réchauffé, loin de la chambre froide japonaise où je passe mes jours austères. Je goûte la France, la savoure, mais l'instant d'après la pitié me prends. Comment mes compatriotes ont-ils pu en arriver là ? Médiocrité à tous les étages, baisse de toutes les exigences au plan moral comme au plan intellectuel, quant au plan économique, c'est affreux : ces délocalisations sont révoltantes. Ce devrait être considéré comme un délit pénal et il devrait être interdit de licencier lorsque l'on réalise des bénéfices. Au lieu d'être focalisé sur la concurrence internationale, les chefs d'entreprise feraient mieux de réduire leurs égoïsmes et de penser un peu à leurs salariés. Un pays qui ne produit plus rien, peuplé de chômeurs, de fonctionnaires et de vendeurs, cela ne me dit rien qui vaille.
    Et ce président... La prudence me contraint à conserver le silence, mais nous nous comprenons. C'est la honte. La bassesse est dans la politique, dans l'université (si vous saviez !), au coin de la rue, partout.

    Rassurez-vous, là d'où je viens, ce n'est pas mieux. Seulement il y a moins de chômage et d'incivilités, et on y gagne mieux sa vie comme enseignant. Ce sont les avantages principaux du Japon. Après, pour ce qui est des inconvénients... Je ne peux que les constater avec la même peine que celle qui m'envahit lorsque je considère mon propre pays.
    J'en viens parfois à souhaiter la fin du monde pour qu'une si vilaine espèce que la nôtre (l'humaine) disparaisse de la surface de cette planète qu'elle salit tous les jours. Le monde est vilain, et je le déplore. Tout est avili, on se rabaisse soi-même et les autres, et ce qui devrait être sacré (le savoir, les religions, le patrimoine, la chose publique) ne l'est plus.

    Toutefois, d'après mes calculs secrets (ah ! mais oui, ça m'est arrivé d'en faire. Et ne m'en demandez pas le détail, à chacun ses petites recettes), il ne nous resterait que 150 ans environ (comptons 50 ans de marge) avant la fin du monde (j'entends par là une catastrophe naturelle d'ampleur mondiale mettant fin à notre espèce). Alors cette perspective, voyez-vous, m'aide à relativiser et me persuade de la vanité des objets et des honneurs.
    Bien sûr, à nos enfants et petits enfants illettrés, que léguons-nous ? Des souffrances, des gênes, et du vide intelllectuel. Mais qui sait si ces conditions déplorables ne sont pas le meilleur terreau dans lequel pourront se développer les saintetés et les héroismes qui font singulièrement défaut à notre présent, et en France, et au Japon ? 

    Pour l'heure, le soldat du savoir, fourbu mais l'oeil encore vif, retourne à sa tâche, et très bientôt reprendra son clavier pour vous faire un petit signe lorsqu'il posera son fusil. Ensemble, regardant les derniers feux roses et bleu roi du couchant, nous pourrons esquisser un sourire en évoquant le bourbier dans lequel chaque jour nous nous enfonçons un peu plus tristement.