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Stalker

Aujourd'hui, j'ai regardé le film "Stalker", d'Andreï TARKOWSKI, découvert grâce à Juan ASENSIO. Malheureusement, je n'ai pu dénicher qu'une version doublée en italien (mais fort joliment), langue que malheureusement je ne parle pas (est-ce que commander un café ou dire "Presto !" s'appelle parler l'italien ?). Je m'en suis contenté ("それでいい。しかたがないね。"), et j'ai lancé la vidéo que, je l'avoue, j'ai d'abord regardé d'un oeil distrait. En cours de visionnage, mon regard a changé. Bien que les dialogues m'échappassent totalement, me donnant envie de revoir le film à mon retour dans de meilleures conditions, j'ai trouvé, par les images et la musique, un intérêt plastique à l'expérience qui m'a satisfait et m'a rendu tout rêveur. J'ai même retrouvé l'image qui figure comme avatar du grand critique, lorsque le protagoniste repose, le regard halluciné, dans l'herbe, sur son bras replié. Avant de voir le film, cette image me faisait un peu penser à une sorte de Nosferatu mort, pas encore redevenu poussière (mais dans le film de MURNAU, le vampire ne disparaît pas une fois mort). Je ne raconterai pas l'histoire au lecteur, de peur de commettre quelques contresens, toujours est-il que, de ce que j'ai compris, le Stalker, un personnage en quête de vérité (mais qui n'est pas présenté comme infaillible) guide deux intellectuels à travers "la Zone" jusqu'à "la Chambre des miracles", un lieu mystique qui voit se réaliser les souhaits. Le rythme est lent, presque en temps direct, et les couleurs changent suivant le lieu. La première partie du film, en ville et parmi les ruines, est vue à travers des filtres de couleurs qui n'ont pas été sans me faire penser au récent Avalon d'OSHII Mamoru, alors que le rythme, la musique et une certaine atmosphère m'évoquaient par moment Aguirre, de Werner HERZOG. J'ai reconnu une sensibilité similaire à celle des auteurs du site "99 Rooms" que je présentai plus tôt, dans un rapport mélancolique mais non sentimental au décor dans son délabrement. Toutefois, il serait faux de croire que j'ai vu tout le film au prisme de références. Je l'ai regardé sans a-priori, et le plus souvent, je n'ai pensé à rien d'autre qu'à ce que je voyais et entendais. Pour un film de 2h34, j'ai trouvé qu'il passait plus vite qu'un Star Wars (!).
J'ai été tout particulièrement sensible à la pureté des cadrages, aux travellings lents, aux plans séquence, à la sobriété des costumes, à la discrétion de la musique. Une impression d'intemporalité se dégageait, tout comme des rares oeuvres que je placerais dans la même catégorie cinématographique : les films de non divertissement - films (exigeants) de contemplation-réflexion, dont le seul qui me vienne à l'esprit maintenant est Sous le soleil de Satan, de Maurice PIALAT. L'histoire se passe plus ou moins de nos jours, mais cela n'a pas grande importance. Elle pourrait tout aussi bien se situer dans un lointain passé comme dans un futur proche. Aucun effet "stylé" (donc daté) dans la représentation de ces personnages grands, maigres, tondus, vêtus d'épaisses hardes qui n'attirent pas le regard comme le feraient les splendides costumes d'un Matrix.
Je serais curieux de savoir si ce film est tiré d'une oeuvre littéraire. Si c'était le cas, je me la ferais envoyer et je la lirais immédiatement, ne serait-ce que pour accéder à la saveur des dialogues. [24/5/2005 : Le film est tiré du roman d'Arcadi et Boris STROUGATSKI : Pique-nique au bord du chemin.]
En tout cas, ce visionnage m'aura introduit à l'oeuvre d'un grand cinéaste et permis de pénétrer un peu plus avant dans le monde de mon critique favori. Les termes "Zone" et "Chambre des miracles" auront pris un peu de consistance ; ce ne seront plus de simples images poétiques.
J'ai également pu mettre la main sur "Solaris", du même auteur, malheureusement dans une version originale non sous-titrée. Je crois que je vais attendre d'être rentré avant de voir ce film.

A consulter :
Nostalghia.com (en anglais / in English) :
http://www.acs.ucalgary.ca/~tstronds/nostalghia.com/

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