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Fin de cycles historiques - Japon et France

I A/ Aujourd'hui, plus encore que d'habitude, il m'a semblé que la France, que je ne perçois plus qu'à travers mes souvenirs, des témoignages de proches et Internet, était proche de la fin d'un cycle civilisationnel. Comme chaque génération entraîne le passage à une nouvelle époque, parallèlement à l'"air du temps" qui accompagne toute décennie, il se produit des changements plus grands, bons ou mauvais, régulièrement. Tous les 500 ans environ : il y aura eu, par exemple, les invasions des "barbares", nos ancêtres, qui massacrèrent les Gallo-Romains décadents (et c'est bien triste); le protestantisme ; l'invention de l'imprimerie ; la révolution Française ; les deux Guerres mondiales ; mai 68 et maintenant. La principale nouveauté de la situation actuelle, me semble-t-il, et "à chaud", c'est le rejet du passé d'avant 1939 et de la tradition comme sources d'enseignement, et plus encore d'"édification". La politique éducative du gouvernement, tout comme les revendications contradictoires de nos lycéens illettrés me chagrinent, mais m'invitent également à tenter de réfléchir aux causes, et à des propositions alternatives, car j'ai toujours pensé que quand on critiquait, il fallait proposer quelque chose en contrepartie. Détruire est à la portée de n'importe quelle brute, mais créer, cela demande du temps, du mal, de l'humilité, souvent une capacité à s'adapter aux autres, ce que l'on nommait autrefois "civilité", mot considéré aujourd'hui comme lettre morte (je ne parle même pas de "courtoisie", qui est vue comme une horreur pornographique). A force d'être "iconoclaste" par principe (donc par conformisme snob), on finit par oublier (ou même on ne prend pas la peine de savoir) le SENS de ce que l'on critique.

B/ Toutes les civilisations on une naissance, un développement, un apogée, une décadence, des convulsions et une fin (presque toujours douloureuse). Ce ne sont pas les exemples qui manquent (en vrac : Mayas, Gallo-Romains, Ainous ... ). Après une phase de décadence annoncée à la fin du XVIIIè siècle par les abus de l'aristocratie et la montée de la bourgeoisie, puis la Révolution de 1789 qui marque le début de cette décadence, nous arrivons aujourd'hui à la dernière phase de la civilisation, sinon Ouest-Européenne, du moins française, celle des CONVULSIONS. Je ne dis pas qu'on va tous s'étriper demain dans les rues (pas tant qu'il y aura un match de foot à la télé, la saga du dimanche après-midi sur M6 ou Skyrock pour parler de sexe chez les moins de 14 avec interventions de sous-développés intellectuels), mais donnons vingt ans aux gens qui habitent la France, et on verra... Plus que d'une démonstration, il s'agit pour moi de faire part d'une inquiétude, encore "intuitive", non formulée selon un paradigme, mais tout se construit, et certains élaborent depuis des mois des systèmes pour exprimer de manière convaincante ce que je ne parviens pas même à balbutier.

Cette jeunesse qui ne veut plus faire l'effort d'aller vers ce qui ne lui ressemble pas (littérature classique, Histoire, langues mortes) n'est encouragée ni pas ses soixante-huitards de parents que personnellement, je vomis (heureusement pour moi, les miens y ont échappé), ni par un bon tiers du corps enseignant qui soit est forcé de renoncer, n'étant de facto PLUS MAITRE EN LA DEMEURE, soit plie sous la pression de directives administratives qui auront été les instruments d'anéantissement de la transmission du savoir. Bref, on l'aura compris, je m'inscris dans la lignée d'Alain Finkelkraut dès qu'il s'agit de l'école, pour la simple et bonne raison qu'il n'est que d'observer pour constater à quel point le système actuel (hors enseignement supérieur) est non seulement incapable de remplir son rôle, mais en plus remplit absolument le rôle inverse (dégoûter du savoir).

Lorsque je parcours les sites et blogs, j'ai l'impression d'avoir à faire à des meutes qui s'organisent avant le Grand soir, l'assaut sanglant qui se prépare. Et moi, à l'autre bout du monde, dans un pays qui vit dans le voilage de face et la stupidité entretenue par une ploutocratie gérontodécadente, je me sens pris de mauvaise conscience à laisser ainsi ma famille. Entre ce pays à la jeunesse la plus Louisvuittonisée du monde et le nôtre dans lequel on devient méfiant et dissimulateur pour avoir la paix, car le dialogue serein n'a plus de place en dehors des cercles d'amis ou de proches, en d'autres termes, le Japon, pays à la jeunesse ignare du monde extérieur et la France, pays à la jeunesse ignare et en partie violente, je sais qu'il n'y a pas de modèle supérieur à l'autre. J'aime tant ce Japon où l'on peut ouvrir son sac dans la rue, en sortir un téléphone, l'utiliser et sortir avec une fille en mini jupe avec des bottes sans risquer de se faire insulter ou voler. J'aime ce sentiment de complète sécurité qui m'envahit dans ce pays à toute heure du jour et de la nuit, en tout lieu.
D'un autre côté, j'aime la liberté de penser des Français, les débats d'idées, la conscience du monde extérieur, ne serait-ce qu'à cause de notre Histoire et de notre position géographique.
Au Japon, il y a HARMONIE, "wa 和" mais pas de totale liberté. En France, il y a(vait) la liberté, d'où cette absence d'harmonie. Le problème est qu'actuellement, cette liberté que je chéris tant, est menacée de toutes parts, et que le savoir, qui permet un débat éclairé, n'est plus assuré convenablement pour les raisons que j'ai indiquées plus haut, et il n'est pas besoin d'avoir fait sciences-po pour deviner que l'économie, d'une part, et la démagogie la plus scrofuleuse sont à la base de tout. Ceux qui choisissent de braver la désapprobation de leur environnement en apprenant par eux-mêmes ont donc bien du mérite.

II A/ La France a selon moi trois problèmes majeurs : l'éducation en péril, l'incivilité galopante, le chômage. En corrigeant la première et la troisième, on pourra réduire la deuxième.
Pour tenter de trouver des solutions, il faut s'attacher aux problèmes selon tous leurs aspects, et en négliger un, c'est se laisser aveugler par l'idéologie. La question se pose ensuite de la contradiction. Gouverner, c'est faire, nécessairement, des mécontents. Vouloir contenter tous les groupes, c'est mécontenter la Nation. Ne pas défendre la Nation (qui est une construction comme une autre, mais qui a pour elle le mérite de stabiliser des populations sur une territoire plus vaste que celui de la cellule tribale / clanique), c'est faire le jeu de la division. Et c'est là qu'intervient le PARADOXE ULTIME : autant la séparation des pouvoir permet un gouvernement plus juste, autant la séparation des groupes constituant une population détruit celle-ci en l'affaiblissant progressivement jusqu'à l'éclatement. La France est sur le point d'éclater. Il ne manque que l'étincelle, la goûte d'eau qui fait déborder le vase. Et là... ce sera l'embrasement généralisé. René Girard a parfaitement prévu tout ce qui arrive depuis dix ans et ce qui est sur le point de se produire. La chute de la figure christique comme référent de désir mimétique pour les masses françaises et l'apparition de gens pour qui un tel objet de désir ne signifie rien entraînent le report de ce désir sur de multiples objets de désir, et rarement brillants ! Voilà un des aspect d'analyse dont je parlais quelques lignes plus haut, au début de ce paragraphe.

B/ Au milieu de ce flot de paroles qui peut sembler confus et verbeux au lecteur (qu'il m'excuse, je ne suis pas essayiste, ni politiste, mais simple écrivain, ancien juriste et japonologue alimentaire), je crois tout de même avoir saisi le noeud du problème qui met notre pays sur le pied de guerre civile... (encore une fois : me semble-t-il).
Je résume : les problèmes profonds sont les suivants :
1° le refus du passé comme référent moral et donc son non enseignement ou son enseignement tronqué ; d'où le laxisme, la démagogie...
2° le rejet du christianisme, et plus particulièrement du catholicisme (je ne parle pas des explosions de sentimentalités, proprement cathartiques, à la mort du pape) ;
3° les transferts de désir vers des modèles "indignes" et sans référence avec une morale en accord avec notre civilisation (que chacun l'interprète à sa guise).
Mes solutions :
1° Alphabétiser les parents ;
2° Faire des classes de moindre effectif et axer l'enseignement sur la langue française, les lettres classiques françaises et l'Histoire ;
3° Responsabiliser les parents (je sais, "y'a qu'à"!) (leur apprendre à éteindre la télé et à ouvrir un livre)
4° Axer tous ses efforts sur une politique de l'emploi privé attractive (là encore, "y'a qu'à")
5° Ne pas avoir peur d'appeler un chat un chat (la mort du politiquement correct ? Impossible)
6° Accompagner le christianisme dans sa fin de vie (hélas, il meurt, oui)

Bref, je suis pessimiste pour mon pays. Je vous dirai un jour ce qu'il en est de la fin d'un autre monde, au Japon.

Commentaires

  • Un bien triste constat que je perçois moi aussi et qui me fait déja vivre de sombres heures de ma future vie d'adulte en France. Je pense également que tu as bien synthétisé les symptomes de notre société malade, se laissant mourrir de peur de réagir, de peur du changement. Mais ce changement sera inéluctablement violent et douloureux s'il ne se passe rien du côté de ceux qui sont sensé améliorer le climat social français. Je suis bien d'accord avec tes solutions à part peut-être une, celle qui concerne le christianisme. En effet il meurt et comme toute fin de construction culturelle c'est dommage. Néanmoins pour moi il n'a jamais vraiment existé. Je viens d'une famille profondément athée depuis cela bien 4 générations et meme sans avoir grandi avec les repères christiques il ne semble pas être moins capable d'analyse et de morale qu'un chrétien. Si la religion de par son dogme permet aux pratiquants de se plier à des regles morales, civiles et civilisés et ainsi contenir ce que la profonde nature humaine et la bétise déchaînent je n'y vois que du bon. Mais je ne pense pas que c'est ce qui va changer vraiment quelque chose dans notre époque où la modernité et le style de vie ne laissent plus beaucoup de place pour des figures divines. Ce qui me semble plus dangereux par contre c'est plutôt tous ces jeunes qui ne jurent que par l'islam et qui partent en guerre en son nom au mépris de ce que dit vraiment le texte coranique. Je n'ai peut-être pas bien compris ce que tu entends par tes points sur la question de la perte du christianisme mais je voulais juste dire qu'il ne me semble pas néccessaire d'avoir été élévé dans la religion pour bien se construire, l'éducation et la curiosité suffisent à mon sens. Si je me suis fourvoyé je suis tout près à entendre ta réponse. Sinon à part ça je suis bien tristre d'approuver complétement ce que tu dis dans ce post. Mais quelque part au fond de moi j'entends le murmure d'un petit espoir ( c'est peut-être la voix de ma jeune naïveté qui s'exprime).

    A bientôt dans le premier cercle des enfers.

  • La France s'écroule en une sombre implosion léthargique. "La France s'écroule", voilà une boutade qui revient souvent à mes lèvres, mi ironiques mi sérieuses.
    Je fonctionne également beaucoup à partir de mes intuitions, je crois d'ailleurs que c'est fondamental, c'est une des leçons tirées de Proust, car en rester aux cheminements purement et sèchement intellectuels ne suffit pas, même s'il est indispensable de les emprunter. Aussi.
    On ne pourrait guère embrasser en quelques lignes la multitude des pourissements qui gangrènent le royaume. Anarchy in Chiraquie chantons-nous parfois. Les prisons et les asiles, l'école et l'armée... Le pourrissement est-il plutôt institutionnel ou plutôt individuel; aurait-on tort d'opposer ainsi les deux?
    Je trouve vraiment déplorable de décrêter comme ça que les lycéens sont illettrés... dommage, en plus cela rend soupçonnable le reste de l'exposé. Je pense que les lycéens sont loin d'être des cons incultes, loin de là. Il n'y a pas que la culture classique sur terre, même si je suis la première à la défendre et surtout à la faire découvrir et aimer. Ces livres sont les dons des Grands Anciens, des mots faits quintessences de l'âme, l'esprit, l'humanisme... Cela dit je n'en reste pas moins sensible aux formes actuelles de la "culture" (mot à prendre avec d'infinis pincettes). Et, je ne suis pas du tout sûre qu'actuellement ce soit dans la littérature française que l'esthétique se renouvelle.
    Bref, je parlais de pourrissement, mais toujours avec un sourire ironique au coin des lèvres, car bien des poches de résistance agissent contre l'étau qui tend à la massification des comportements et sensibilités humaines. Au conditionnement induit par ce que l'on commence à nommer un totalitarisme, à savoir le capitalisme. Produire,consommer, jeter, produire, consommer, jeter, produireconsommerjeterproduire.... Le tout orchestré par un faux-désir suscité par la création d'un faux manque, donc d'un faux besoin.
    J'arrête là. A bient$ôt

  • Je ne vais pas être très innovant. Je suis entièrement d’accord avec la démonstration ci-dessus effectuée.
    Un doute s’empare toutefois de moi. La France que je connais semble déplaire à la majorité de ses habitants. On pourrait légitimement s’attendre à une réaction de la population ou de ceux qui se disent « des penseurs ». Beaucoup de gesticulation, d’excitation, mais pas de changement. Notre vieille V ième république vie une période d’alternance politique qui permet de contenter tout le monde par tranche de 5ans. C’est pratique, le problème à résoudre pendant son quinquennat sera toujours du au dirigeant du quinquennat précédent et laissé au dirigeant suivant. Ce système de gestion politique encourage fortement une vision à court terme de la résolution des problèmes. Je m’égare ! Je m’égare !
    La politique a t-elle encore une influence sur notre société ? Peut-on vraiment faire machine arrière ?
    Je me souviens de cette anecdote de Jean Van Hamme (scénariste de BD; oui je sais, pas terrible comme référence mais l’anecdote sert mes propos).

    « C’était en 1973 (…) au siège Bruxellois d’un géant de l’électroménager. Parmi les divers rapports et courriers que l’on déposait régulièrement sur mon bureau, il y avait un épais document informatique auquel je ne comprenais strictement rien. Il me tombais dessus le 5 et le 20 de chaque mois, lourd comme un annuaire régional et bourré de statistiques sophistiquées dont je ne parvenais à saisir ni la raison d’être ni l’usage que je pourrais en faire. Renseignement pris, les autres chefs de département le recevaient aussi. Mais ils avaient lâchement résolue le problème en l’expédiant à chaque fois directement à dans leur corbeille à papier. Remontant la filière en descendant les étages je poursuivis mon enquête dans le labyrinthe des neuf cents employés du siége. Et c’est ainsi que je découvris Albert.
    Albert était ce qu’il est convenu d’appeler un employé modèle (…). Six ans auparavant un grand patron quelconque avait eu besoin, pour un quelconque conseil d’administration, d’une information statistique particulière. D’échelon en échelon, la demande avait abouti chez Albert, qui s’était immédiatement mis à l’ouvrage.
    Couvert par un ordre venu d’en haut il sortit le grand jeu : collecte de données, élaboration d’un programme, mise sur ordinateur, procédure de contrôle, etc. La machine était lancée. Le conseil d’information eut son information, qui figura au procès verbal et que les actionnaires ne lurent pas. Peu après le grand Patron pris sa retraite. Mais personne ne songea à avertir Albert qu’il pouvait arrêter les frais. Et son fameux listing continua de sortir, deux fois par mois imperturbablement. Ainsi donc, depuis six ans notre employé modèle mettait à jour et vérifier des renseignements que personne n’utilisait. Sans jamais s’inquiéter de savoir l’usage qui était fait de son inlassable labeur. Il avait comme on dit sa conscience pour lui. En réalité, et ce fut pour moi une révélation étonnante, il ne voulais pas savoir ! »

    Mon métier m’oblige à être un professionnel de la paperasse et à rencontrer toutes les franges de la population française. Souvent à mon bureau, je repense à cette anecdote. Je ne pense pas être comme Albert, mais je ne suis pas certain de valoir mieux que lui. J’ai l’impression que le pays que j’aime n’a plus de capitaine à la barre depuis déjà bien longtemps. Notre société garde inlassablement son cap et je ne sais pas d'où un changement pourrait venir. Nous ne sommes pas vers la fin d’une civilisation. Nous sommes pour la première fois de l’humanité dans une civilisation figée. Toute la population est devenue Albert. Chacun fait son boulot pour le mieux (ou profite du système c’est à dire de son voisin Albert) mais la résignation est le maître mot. On n’y réfléchit même plus. Le chômage est de 10%, la qualité du service public diminue, les impôt régionaux du Languedoc Roussillon augmentent de 53%. Une réaction de la population !? Non, rien !
    La machine tournera éternellement à vide, grâce à cette merveilleuse armée d’Alberts. Même George Orwell n’aurait jamais pu imaginer une telle société.

  • Bonjour !
    Mes lectures en ce moment se limitent à "Yama ni ikiru hitobito" (Les gens qui vivent dans les montagnes) de MIYAMOTO Tsunéichi (non encore traduit), une description toute en couleur des activités rurales et montagnardes, avec de nombreuses anecdotes autobiographiques et autres récits rapportés. A mes moments perdus, je lis quelques pages d'un "Que sais-je" sur "La sociologie des religions", et "Arienai nihongo" (Le japonais pas possible) du prof. AKIDZUKI Kôtarô (non encore traduit), un livre qui analyse les dérives de la langue japonaise contemporaine en donnant des exemples tirés de la vie même de l'auteur, de la publicité, des bandes-dessinées etc. Très intéressant !

  • Le problème n'est pas français... Je ne donne même pas de sens au terme "France" pris comme ça, concept trop vaste et général.
    Nous n'avons même pas abordé le sujet de la mauvaise conscience occidentale, ou plutôt de tous les pays "anciennement" colonisateurs, le travail de mémoire n'est pas achevé, d'autant que l'exploitation perdure, au travers des trusts financiers qui continuent à étrangler le tiers-monde, par cette inexorable mécanisme de la dette. Et Lula, malgré toute sa bonne volonté, n'y peut pas grand chose... Je ne parle même pas des immondes lobbies pharmaceutiques qui empêche la diffusion de la trithérapie générique... abominable génocide économique...
    Sinon, je le réitère, il faut aller voir le sobre site www.arsindustrialis.org, site dont Bernard Stiegler est à l'origine. Il faut aussi aller lire son long et éclairant entretien dans www.chronicart.com, voilà.
    Au fait, tout le monde n'est pas RESIGNE, en tout cas pas moi... Et une fois de plus, le site de l'association vivre la rue vous montrera qu'on peut faire de chouettes choses, briser la morosité et construire autre chose, autrement.
    "La vie est une cerise, la mort est un noyau, l'amour un cerisier" Jacques Prévert.

  • A Dav : Merci d'intervenir, mais vous m'obligez à préciser certains points :

    "Je trouve vraiment déplorable de décrêter comme ça que les lycéens sont illettrés... dommage, en plus cela rend soupçonnable le reste de l'exposé. Je pense que les lycéens sont loin d'être des cons incultes, loin de là. Il n'y a pas que la culture classique sur terre"

    Je ne suis pas tendre avec les gens de ma génération non plus, vous savez. Je maintiens que les lycéens, dans leur majorité, sont illétrés. Je n'ai pas dit analphabètes (c'est très différent !). Il suffit de comparer des compositions françaises rendue au certificat d'études (10 ans en moyenne) au début du XXè siècle avec des dissertations de bac d'aujourd'hui. On est effaré.
    Me faire dire que les jeunes sont des "cons", c'est ça qui est "déplorable". Il ne s'agit pas de cela. Je dis que les jeunes, qui par nature veulent s'amuser, doivent être encadrés, et éduqués. Ils n'ont actuellement pas les outils nécessaires pour donner du sens au monde et s'inscrire dans une continuité.
    "Soupçonnable" ? De quoi ? De subjectivité ? Je dis ce que je pense, sans prétendre détenir la vérité, dans cet espace qui est mien jusqu'à ce qu'on me le retire ou que je m'en lasse, et qui n'est pas complètement démocratique. Eh oui...

    Que ce soit bien clair : BIEN SUR, IL EXISTE DES EXCEPTIONS !!! Il y aura toujours une minorité de gens (j'en connais, et je pourrais donner des exemples) qui verseront dans l'érudition, à la recherche de la vérité et de sens. C'est humain. Seulement, dans l'état de choses actuelles, on est entrain de passer du didactisme à l'autodidactisme (les Humanités, ça n'est pas économiquement rentable). Aide-toi, sinon personne ne t'aidera. Il faut aujourd'hui infiniment plus de force pour apprendre la littérature de l'Antiquité qu'autrefois. Nos grands parents, qui vivaient à la campagne, avaient une vague idée de qui étaient Cicéron, Plutarque etc. Ils n'étaient pas bacheliers et écrivaient bien. Je ne compte plus le nombre de bacheliers qui écrivent avec des fautes de grammaire et de syntaxe et qui n'ont aucune idée de qui étaient ces écrivains. Ca n'est qu'un exemple, bien sûr.
    Si vous allez pas là, tant qu'il y aura une élite, ça voudrait dire que le peuple de France est lettré et cultivé ???

    "Il n'y a pas que la culture classique sur terre". Pensez-vous que je vous rebats les oreilles à lonhgueur de notes sur ce site avec les Grecs et les Romains ? Non, bien sûr. J'y parle de la France et du Japon d'aujourd'hui, de gens vivants. Ca n'empêche pas mon arrière plan culturel d'être nourri de culture ancienne, classique, et même pas assez à mon goût !! Je suis loin d'être satisfait de la quantité de mes connaissances. Mais ça, c'est autre chose. En tout cas, plus je me cultive en apprenant du passé, plus le présent fait sens.

    Là encore, qu'il y ait des poches de résistence culturelle comme Vivre la rue, par exemple, est tout à fait normal. On est pas 100 pourcents pourris, mais reconnaissez qu'une infime minorité cultivée n'a guère de pouvoir. Par ce blog, je sais que je n changerai rien. Je me contente de décrire au jour le jour l'inéluctable pourrissement d'une société, d'une civilisation (que j'adore), tout en déposant mes propres textes littéraires, en espérant qu'il se trouve au moins une personne qui, par sa lecture, les fasse vivre. Ce sera toujours ça.
    Un jour, des hordes envahiront le Louvre. La bibliothèque nationale sera bombardée, et des terroristes feront sauter l'Elysée, Matignon etc. L'incendie de la bibliothèque de Lyon III est pour moi le premier de ces événements qui vont plonger mon pays dans le chaos, je ne dis pas demain, mais un jour. J'en suis sûr.

  • Aux autres : merci beaucoup de votre collaboration. J'ai notamment trouvé le texte de Math très intéressant.

    A Dobble D-una : je reste sur mes positions. Si j'étais athée, seule la peur du gendarme me retiendrait de vivre selon mes désirs (nous allons tous mourir, après il n'y a plus rien, alors autant pas se priver), sans respect pour l'autre (un bout de viande en travers de mon chemin). Pour moi, seule la religion fournit un cadre moral ("Tu ne tueras point", c'est un commandement clair). C'est pour ça que j'aime SADE : il a été athée honnêtement. Comme tu vois, je peux apprécier des auteurs athées.

  • Merci à vous également d'entretenir le débat et de "contre-attaquer" gentiment. Vous avez raison: nous n'avons pas de divergences majeures. J'ai juste tiqué à votre remarque généralisante et incriminante, et paradoxalement le fait que vous la surgénéralisiez à votre génération (qui doit être la mienne aussi, j'imagine que vous avez la trentaine) ne me choque pas. En fait, j'ai très probablement des oeillères à force de cotoyer des gens qui peu ou prou me ressemblent et ont une conscience politique, sociale et humaine. Il est vrai que j'ai plus rarement l'occasion de rencontrer de vrais passionnés de littérature.
    Je digresse, mais je suis, également, souvent effarée par l'"inculture"... je m'interdis d'en tirer des constats, car il faudrait peut-être une étude sociologique pour dresser un tableau un tant soit peu panoramique de la situation. Je ne serais pas étonnée si on me disait qu'il y a cent ans on déplorait déjà la baisse du niveau intellectuel et culturel. De plus, je crois qu'il existe déjà des études montrant que le "niveau" ne baisse pas, parce que se niveau s'étoffe de nouvelles compétences, il y a un siècle, ils étaient niveau zéro en informatique, et pour cause... Et les humanités d'antan étaient tout de même réservées à l'élite ou aux très persévérants.
    Je connais la différence entre analphabétisme et illétrisme, je dis ça juste en passant. Je suis moi-même intimement convaincue de la cruciale importance de l'éducation. Je travaille d'ailleurs avec des enfants et je m'évertue à leur faire aimer les beaux textes, les beaux tableaux... Et ça marche, car être passionné par ce que l'on transmet est un bon moyen pour éveiller les esprits, établir une saine contagion culturelle.
    Pour dévier un peu: actuellement, je lis "Souvenirs de la maison des morts", livre magistal en lequel Dostoievski relate son passage au bagne, en Sibérie, au milieu du dix-neuvième siècle. Une galerie de personnages cocasses, du plus répugnant au plus attachant. Je compte poursuivre en sautant allègrement un siècle en avant et m'intéresser au goulag et à toutes les horreurs staliniennes.
    Et vous que lisez-vous?

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