Tidit tidit tidit !!!... "Arghhh.... " Axel allongea la main vers la montre et le téléphone portable tous deux placés au-dessus de sa tête, tous deux également réglés sur 6 heures et demie. Il parvint à éteindre le téléphone, et il se disait qu'il passerait volontiers quelques minutes supplémentaires au lit, lorsque ce fut au tour de la montre de se déclencher. Pidididip, pididip, pididip, pididip ! "Arghhh... " refit-il encore, et il désactiva la sonnerie qui avait entériné son réveil, comme chaque jour sauf le dimanche. La douche fermait de neuf heures à midi, pour entretien, sauf le dimanche, et Axel mangeait lentement. Aussi n'y avait-il autre chose à faire que de prendre son parti, et d'adapter son métabolisme. Il était loin de se plaindre - Axel n'était pas un geignard - de ce nouvel horaire, qui lui convenait certes mieux que celui du premier semestre, qui l'obligeait à se lever une heure plus tôt pour être en cours à 9h. Non seulement Axel mangeait lentement, mais en plus le trajet jusqu'à l'université lui prenait une heure...
Il s'assit sur son séant et fit quelques étirement, laissant son dos craquer, agréable sensation, mais surtout nécessaire préalable à toute journée passée hors de son lit, ce qui semblait être son cas depuis des années. Puis il se leva d'un bond, se prépara et s'habilla. Il quitta sa chambre, prenant soin comme toujours de refermer à clef derrière lui, et il alla frapper deux portes plus loin, sans trop insister. Il avait remarqué que plus il tapait fort, plus Pablo arrivait tard au réfectoire. Comme chaque matin, il fit un crochet par les toilettes. Ce jour-là, comme presque toujours, la fenêtre située au dessus des urinoirs était ouverte, et systématiquement, Axel jetait un coup d'oeil dehors, content qu'un peu d'air frais vint se substituer aux senteurs de la pièce. En face de lui, fumant, se dressait le Furûtsu.paradaizu.
Axel aimait bien l'odeur du savon japonais, et notamment du savon liquide du dortoir. C'était toujours un plaisir, pour un garçon tel que lui, à l'hygiène scrupuleuse, que de faire usage de savon, à plus forte raison si l'odeur lui plaisait. Ayant apporté avec lui l'objet rendu indispensable du fait du mode de vie local, une serviette éponge, il s'en servit consciencieusement en se dirigeant vert le réfectoire. Lorsqu'il poussa la porte, sa serviette était pliée dans sa poche. Il prit un plateau, y plaça les assiettes auxquelles il avait droit, et se dirigea vers une table où un jeune homme à coupe afro, mince, vêtu d'un tee-shirt à manches longues bleu, avait commencé son maigre repas. "Salut la France", lui lança-t-il. Sur quoi Guillaume lui répondit du même ton "Euïss" (ce qui veut dire "Salut" dans le langage des jeunes hommes japonais).
Axel s'assit, et comme tous les matins, demanda à son compatriote "Alors, quoi de neuf ?" Sur quoi :
"- Bah, rien de spécial. J'ai regardé dix épisodes de Haibané renmei cette nuit".
- Ah...
- Tu vois de quoi je parle ?
- Euhh...
- Mais je t'en ai déjà parlé !! Enfin !
- Oui, mais bon, j'ai d'autres choses à penser, aussi.
- Haibane renmei, la confédération des ailes cendrées, voyons !
- Ah oui..." (Bah tiens ! Pensa-t-il.)
- Oui, tu sais, les personnages qui ressemblent à des humains avec des ailes. D'ailleurs, dans l'épisode 27, il y a une scène avec un plan trop bien fait qui est une véritable leçon de cinéma. Si tu voyais les étapes d'animation..."
Axel n'écoutait plus. Il était occupé à transférer le plus discrètement possible le contenu d'une assiette (qui serait suivie d'une coupelle) dans un morceau de film plastique, opération délicate et risquée, mais qui lui permettait d'économiser un déjeuner chaque jour, six fois par semaines. Et cela valait la peine de risquer de s'attirer la colère du concierge, dont on entendait justement la femme piailler d'une voix à la fois plaintive et stridente.
Axel s'appliqua ensuite à dédoubler, au moyen de son couteau personnel qui ne lui avait coûté que cent yens, mais qui n'en valait pas plus, vu qu'il coupait le minimum syndical, à dédoubler, dis-je, une tranche de pain de mie humide, l'aliment de base de ses petits déjeuners, après l'avoir coupée en quatre petits carrés. Guillaume continuait son cours quotidien de techniques de l'animation, et Axel marmonnait un "Ah ouais ?" de temps en temps. Lorsqu'il eut fini, il alla porter ses fines tranches de pain de mie jusqu'au grill qu'il lança, et revint s'asseoir. Là, il fit face à Guillaume, qui reprit son histoire au mot, en milieu de phrase où il l'avait laissée, et la termina.
"Sinon à part ça, ça va ? Lui demandé Axel sans le regarder, jetant un oeil désintéressé sur la télévision située près de lui, et qui semblait ne diffuser que de la publicité, entrecoupée de programmes affligeants de stupidité, où des panels de pipôles s'extasiaient sur des nouilles banales et où des toutous faisaient le bonheur de leurs maîtres en donnant la papatte ou en allant chercher le journal qu'un père de famille silencieux lirait en diagonale avant de s'attarder sur la page des sports, et celle de la pin'up, l'air inexpressif.
"- J'ai pas dormi de la nuit. Je sais pas c'qui s'passait, au Furupara" (c'est ainsi qu'ils appelaient entre eux le Furûtsu.paradaizu), mais y'avait un d'ces boucans ! J'étais trop bla-sé ! Alors j'ai lancé Vampire Hunter D pour la 78ème fois, et là, lorsque je suis arrivé à la scène où..." Axel décrocha encore. A ce moment là, le grill dinga, et il se leva. Pour aller chercher ses tranches.
"Au fait, il a pas cours, c'matin, Fabien ?" lança Axel de l'autre bout de la salle.
[A suivre]
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Commentaires
Cela respire le vécu^^, en espérant que ce Guillaume ne soit pas aussi chiant en vrai ou bien il s'en excuse certainement. Quoiqu'il en soit j'attends la suite.
Nos jeunes amis ne sont pas au bout de leurs suprises. Les zombies, ça c'est du vécu ! Quant à Guillaume, c'est un personnage de pure fiction !
Mais qui peut bien etre cet Axel ... ? :D
OUi, je me pose la même question, mais qui peut bien être cet axel...qui, en intervertissant deux lettres peut devenir alex...;)
C'est forcément celui qui va sauver le monde !
Mais de rien !