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Des femmes revendiquant le droit de devenir "prêtre"

Quand j'étais petit, mes institutrices (à l'époque, on ne disait pas encore "professeures dézécole") successives m'avaient appris que le plus grand nombre de nom de métiers ou d'occupation avaient une forme masculine et une forme féminine (un acteur, une actrice ; un instituteur, une institutrice etc.), mais que d'autres n'avaient qu'une des deux formes (un écrivain devenait au féminin une femme de lettre ou une romancière ; une estafette, une sentinelle, même de sexe masculin, devaient se contenter du féminini). Depuis moins de vingt ans, une tendance se dessine, celle de la féminisation des noms de professions. Sont donc apparues par exemples des professeures, écrivaines et autres pompières (ah oui ?), mais pas d'estaffet ni de sentinel...
Plus fort encore, certaines femmes en viennent à ne plus utiliser la forme féminine d'un nom de profession et utilisent la forme masculine : ainsi une ancienne voisine à moi se désignait-elle comme avocat, et non avocate, à l'écrit comme à l'oral. J'attends les actrices qui revendiqueront le droit démocratique de devenir acteur, et les homme celui de devenir reine (pour la drague, c'est un fait acquis, semble-t-il... ).
Dernière tendance : vouloir exercer des métiers d'homme alors qu'il existe un équivalent féminin. C'est un cas rarissime, mais qui a trouvé une illustration récemment, avec l'histoire de cette dame mariée qui s'est fait ordonner prêtre par des femmes évêques. J'ai été une fois de plus déçu par l'approximation avec laquelle la presse même écrite a traité le problème (ou le sujet, cela dépend de ses convictions).
Cette affaire à mon sens soulève plusieurs questions :
- La question du genre des dénominations de métier ;
- L'accession à la prêtrise d'une personne mariée ;
- L'accession à la prêtrise d'une femme ;
- Le refus de devenir nonne tout comme de se convertir au protestantisme, religion du mari ;
- Le fait de donner les ordre quand on est une femme ;
- La question de la réponse des autorités religieuses ;
- La comparaison avec les autres religions.

La plupart de ces questions n'ont pas même été abordées, et lorsqu'elles l'ont été, ce fut hâtivement et sans profondeur.

Ainsi pour moi, auteur catholique plus proche de la tortue qui prend le temps d'avancer que de la grenouille qui coasse avec ses consoeurs dans son bénitier, ce qui m'a d'abord frappé, ce fut le fait que cette femme veuille devenir prêtre et non pas nonne. Dans le catholicisme, les hommes deviennent prêtres ou moines, et les femmes deviennent nonnes. Les deux jouent un rôle d'égale importance spirituelle et les deux font voeu d'obéissance et de chasteté. Les religieuses célèbres, qu'elles soient saintes et/ou mystiques et/ou théologiennes, sont nombreuses et respectées tant par les croyants que par les prêtres. Sainte Claire (immitée par Sainte Colette) avait même édicté une Règle pour son Ordre qui fut approuvée par le pape (je l'ai appris sur France Culture récemment (1)). L'argument selon lequel les femmes joueraient un rôle mineur dans l'Eglise est donc invalidé.
Bon, disons que cette dame veuille faire la messe devant ses amis avec un bel habit d'homme et en montrant ses cheveux (quoiqu'il existe des nonnes habillées en laïques, on dit souvent "en civil", comme s'il s'agissait de militaires). J'y vois là une note d'orgueil, voire de vanité, mais passons. Pourquoi dans ce cas ne pas se convertir au protestantisme, religion de son mari, je le rappelle, qui permet aux femmes de devenir pasteurs (pasteures ? (non, pas pastourelles)) puisqu'il n'y a pas de dédoublement de la carrière, une pour les hommes, et une pour les femmes (un pasteur n'ayant pas reçu d'ordres, mais étant simplement un volontaire persévérant ayant étudié la Bible) ? Là encore, raison invoquée : fidélité au catholicisme. Curieux, quand on sait que ce dernier, ayant prévu une place pour chacun, interdit les inversions de rôles. Elle revendique donc quelque chose que la religion à laquelle elle dit être attachée condamne. Et il ne s'agit pas de mettre un préservatif en cachette (dans l'intimité, donc), non, il s'agit d'occuper une fonction publique.
Par ailleurs, et concommitamment, comme je l'ai annoncé plus haut, le catholicisme interdit (personnellement, je trouve cela contestable, et je reviendrai peut-être un jour sur ce point) aux personnes mariées de devenir prêtres (ou moines) ou nonnes. Là encore, bravade en connaissance de cause et dont aucun journal à ma connaissance n'a relevé l'étrange redondance...
Enfin, ce qui me parraît le plus étrange, mais en y réfléchissant bien, peut-être le plus révélateur, ce fut cette envie de devenir, non pas "prêtresse" (2) (c'est à dire féminiser la fonction), mais "prêtre" (c'est à dire exercer une fonction d'homme). [Je ne parlerai pas du physique de la dame qui jouait peu de sa féminité, mais passons.]

Tout cela me parraît révéler, en synthèse, deux points, ou plutôt deux confusions.
La première, c'est que la dame tout comme la presse, n'ont pas compris que dans l'Eglise catholique, il n'existe qu'une profession : celle de religieux, tout comme il n'y a qu'une profession chez les juifs, celle de rabbin, et qu'une chez les protestants, celle de pasteur. Seulement, chez les catholiques, cette unique profession se divise en "espèces" (comme les animaux) dont la modalité est le genre. Dire : il y a inégalité, c'est se méprendre totalement sur la valeur, sur l'importance des religieuses et c'est leur faire offense (mais ce sont de bonnes personnes et elles ont bon dos, depuis le temps que les media, les amuseurs et les pornographes tentent tout pour les rabaisser). Donc, pour une femme, vouloir devenir "prêtre", c'est en fait vouloir (inconsciemment) changer de sexe.
La deuxième confusion, c'est de croire que le catholicisme est au service des revendications incessantes du "social", lui même fortement influené par les media, quoi qu'en disent ceux-ci. D'ailleurs, comme je viens de l'exprimer plus haut, dans ce non-évènement, je ne vois guère qu'une femme qui veut jouer au curé devant des fidèles, sans renoncer à rien, à commencer par le sexe (les relations sexuelles, j'entends). En somme j'y vois deux péchés mortels : l'orgueil et la luxure (pour ce dernier, je me place dans la position du catholique qui approuve l'interdiction faite aux personnes mariées de devenir religieux), le premier étant ici (c'est mon opinion tout à fait personnelle, et rien d'autre) plus grave que le second. Cette volonté de puissance (phallique) m'apparaît donc comme tout à fait symptomatique de notre époque pleine de confusion, ou l'inculture et la vanité se partagent les parts du lion.


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(1) : à ce propos, je note que (là aussi,) les nonnes parlaient de leur "monastère" et non de leur "couvent". Des moines auraient peut-être évoqué leur "couvent". Je croyais de bonne fois qu'il s'agissait du contraire, mais bon...
(2) : peut-être ce nom évoque-t-il, dans l'inconscient collectif, des images à la Rahan de femmes bien faites de leur personne (dé)vêtues de peaux de bêtes et faisant de grands gestes devant des cranes, des plumes à leur coiffe...

Commentaires

  • Très bon article. Encore heureux qu'elles soient de facto excommunniées.

    (mais n'y a t-il pas une petite coquille, les hommes mariés peuvent devenir prêtre sous certaines conditions)

  • J'avais entendu parler des hommes mariés qui devenaient prêtres, mais c'était dans le cas du décès ou de la séparation de leur femme.

    Pour les femmes voulant devenir prêtre, cela est parfaitement possible que ce soit par désir de "changement de sexe" mais aussi, il est à noter que les nones n'ont pas accès à l'autel au contraire des prêtres, ce qui peut être vu comme un sorte de discrimination.
    Cela étant, il y a pourtant un hic à se convertir au protestantisme car les dogmes ne sont plus les mêmes.
    N'ayant pas de réelle alternative entre le catholicisme du Vatican et l'Eglise protestante, ces femmes peuvent aussi vouloir accéder au rôle de prêtre, non pas par désir de changement de sexe, mais par désir d'accéder aux avantages du prêtre.

    Il est aussi à noter qu'il est même plus que probable que le mot "prêtresse" n'a peut-être pas été utilisé pour éviter cette connotation caricaturale que vous citez.

  • un fil de forum sur le sujet [prêtre marié] qui est aussi un sujet d'actualité. Il semblerait qu'il a toujours existé des dérogations...
    ici :

    http://www.peres-fondateurs.com/forum/viewtopic.php?id=5855

    C'était juste pour préciser.
    La prêtrise des femmes est une hérésie.

  • Bonjour, tituki, je vois que vous avez franchi le pas et êtes sorti du monde des Skyblogs et de son langage SMS. Bienvenue.
    Pour ce qui est de la discrimination invoquée, je renvoie à la définition de la discrimination : traitement différent pour une situation égale, ou traitement égal pour des situations différentes. L'Eglise catholique (à tort ou à raison, d'ailleurs, mais peu importe), considère qu'il y a différence de situation, et applique une différence de traitement, en se basant sur son interprétation de la Bible. Tout dépend l'importance qu'on accorde à ce texte. Le Christ n'a empêché personne de l'aimer, mais
    il a confié des responsabilités à des hommes (est-ce là un hasard ? le résultat d'un contexte socio-historique ? Nous n'en savons rien).

    Merci en tout cas de votre constructive participation.

  • Bonjour cher blogger.

    Tout l'honneur est pour moi.

    Oui, je m'étais déjà un peu éloigné de Skyblog par ceux en c0wboys.org , assez différents, je dois dire (il est même possible d'y attacher un bande son).
    Mais vous êtes le premier chez "hautetfort" que je connaisse de prêt ou de loin (très loin).
    Et remarquez que j'ai toujours essayé de m'éloigner du langage SMS que je trouve inutile étant donné la nature illimitée du stockage skyblog.

    Je suis tout à fait d'accord que l'acte de rendre des femmes prêtres est une hérésie grave étant donné qu'il est indiqué clairement que cela ne peut être toléré dans le catholicisme. Mais l'herbe est toujours plus verte ailleurs et se pencher sur la question est somme toute, inévitable.
    Si des femmes veulent donc s'intéresser au rôle de prêtre, il n'est pas anormal de les discréditer en tant que catholiques mais cela ne devrait pas sortir du cercle de l'Eglise pour la simple raison que la circulation de cette information est incontrollable par le Vatican et qu'elle pourrait déboucher sur une situation tout aussi incontrollable. Et pour cela, il faudrait que l'Eglise se penche plus sur leur cas plutôt que de prendre ces personnes hautement, non même pas pour donner une quelconque valeur à leurs revnedications mais pour protéger son intégrité.

    There is no point in division.

  • Merci de votre commentaire, Tituki. Revenez quand vous voulez.

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