Il se réveilla en sursaut. A ses côtés, rien n'aurait dû se trouver, et pourtant... Il tressaillit, son sang semblait affluer plus que de raison dans ses tempes. Dehors, les bruits de la rue révélaient un tranquille matin de printemps. C'est au chant des rossignols et des moineaux qu'il ouvrit les yeux sur la scène. Presque par réflexe, il regarda sas mains. Bon sang, c'est pas vrai, pensa-t-il si fort que son chat, qui dormait non loin de là sur le fauteuil près de la fenêtre, entrouvrit ses yeux en angle droit et lui jeta un vague coup d'oeil, avant de s'étirer, de se lever et de se retirer dans la salle de bain dont la porte était restée ouverte. Raphaël regarda soudain la lumière qui filtrait par rayons saturés de poussière de la grande fenêtre en bois à la peinture écaillée. Il bondit alors hors du lit et se rua sur les épais rideaux qu'il tira violemment, plongeant de fait la pièce dans les ténèbres. Nu comme un ver, il sentait de fortes douleurs dans les deux jambes qui lui lançaient d'une façon inédite. Après un deuxième regard au sol à l'endroit où se trouvait..., il se dirigea lentement vers le cheminée recouverte de marbre, un magnifique ornement dans cet appartement d'époque Restauration, sur laquelle était posée un grand miroir encadré de bois doré noirci, vraisemblablement de style Louis XV. Une seconde lui suffit : "Putain !!", s'exclama-t-il, et il entendit la chat miauler dans la pièce à côté. Il se rappela soudain ce que Marescould lui avait dit un mois plus tôt : "A ce moment-là, il faudra renoncer à tout, et te sauver sans perdre une seconde" Il lui avait fait promettre, le lui avait répété, fait répéter jusqu'à l'agacement "Oui, je devrai me sauver sans plus attendre, j'ai compris"... Au deuxième miaulement du chat, sans toucher à rien d'autre dans la pièce, il se précipita sur ses vêtements en tas, s'en vêtit en manquant tomber, sautillant grotesquement sur un pied, prit son téléphone mobile, ses clés de voiture, le livre qui traînait sur la table et son portefeuille dans le tiroir du haut de sa commode et, une fois enfilées ses baskets sans même se donner la peine d'en nouer les lacets, il lança "Prend soin de toi, Arsène" (c'était le nom du chat), et avant que celui-ci ait eu le temps de lui répondre, il avait déjà refermé la porte et dévalait l'escalier...
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all-zebest - Page 65
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Emprise progressive
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En avant la musique
Pas de note digne de ce nom aujourd'hui en raison de la rédaction (en japonais) d'un article, compte-rendu d'un concert de musique traditionnelle. Les personnes intéressées le trouveront bientôt (en tout cas dans une dizaine de jours) sur mon site, section "Japon", dans la partie consacrée à Tôkyô (logique imparable). Ca se passe AUSSI de ce côté-là de la barrière.
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Deux découvertes inutiles mais amusantes
Le nouveau modèle de couteau suisse :
Ensuite, vu dans Libération ce matin, un article sur une (pseudo?)société qui vend des logiciels de conditionnement d'enfants.
Voir le site de ladite société. S'ils avaient le modèle "pacification des banlieues", ça serait pas mal... Je plaisante, bien sûr. -
Plotin et l'âme en S-6
Ainsi l'âme, cet être divin, issu des régions supérieures, vient à l'intérieur d'un corps : elle qui est la dernière des divinités vient ici par inclination volontaire, pour exercer sa puissance et mettre de l'ordre en ce qui est après elle ; et si elle fuit au plus vite, elle ne subit aucun dommage pour avoir pris connaissance du mal, pour avoir connu la nature du vice, pour avoir manifesté ses puissances et avoir produit des actes et des actions : toutes ces forces, inactives dans le monde incorporel, seraient vaines si elles ne passaient toujours à l'acte ; l'âme même ignorerait qu'elle les possède si elles ne se manifestaient et ne procédaient d'elle ; car l'acte manifeste toujours une puissance cachée et invisible qui n'est pas en elle-même, une vraie réalité. De fait, chacun est émerveillé des richesses intérieures d'un être en voyant la variété de ses effets extérieurs, tels qu'ils sont dans les ouvrages délicats qu'il fabrique.
extrait des Ennéades
Ainsi l'ambulacraire, cet étranger diverticule, issu des régies superfluides, vient à l'interféron d'un corporal : *lui* qui est la (dernière/) dermatose des divinateurs vient ici par incivisme voliger , pour exemplifier son puisage et métrer (de) l'ordonnancement en ce qui est après *lui* ; et s'il frustre au plus vitaliste, *il* ne subdivise aucun dominicain pour avoir prémédité conjungo de la majorité, pour avoir conjuré la natte du vibromasseur, pour avoir manié ses puisages et avoir prodigué des acrosomes et des actinométries : tous ces forages, inaccessibles dans les monastères inconvenants, seraient vagues s'*ils* ne passementaient totalement à l'acrosome ; l'ambulacraire même ignifugerait qu'*il* les pose s'*ils* ne se maniaient et ne privilégiaient d'*eux* ; car l'acrosome manie totalement un puisage cache-flamme et invisible qui n'est pas en lui-même, un voyant réalgar. De faisandeau, chabot est émergé des riccies interférentielles d'un étranger en voilant la variation de ses efféminés extensifs, tels qu'ils (sont/) étourdissent dans les outremers délibérant qu'il (fabrique/) exulte.
Les enlisements
Notes :
1 Ambulacraire : Du fin tube de locomotion des échinodermes.
2 Diverticule : Petit détour bien écarté.
3 Interféron : Substances solubles que sécrètent les cellules infectées par un virus et qui protègent les autres cellules de l'infection virale.
4 Corporal : Linge bénit, figurant le linceul de Jésus-Christ, que le prêtre étend sur l'autel pour y poser le calice et l'hostie.
5 Voliger : Garnir de charpente.
6 Conjungo : Plaisant. , vieilli : mariage.
7 Acrosome : Organite sécrétée par l'appareil de Golgi, situé à la partie antérieure du spermatozoïde.
8 Actinométrie : Mesure de l'énergie transportée par un rayonnement.
9 Réalgar : Sulfure naturel d'arsenic, de couleur rouge.
10 Chabot : Poisson à grosse tête, qui peut atteindre 30 cm.
11 Riccie : Hépatique à thalle des terrains humides. -
La mort du pape (2)
Je reviens sur la mort du pape, qui m'apparaît, (mais je suis loin d'être le seul), comme particulièrement révélatrice de différents phénomènes contemporains.
I Tout d'abord, je me demande si à les morts des deux précédents papes, peu espacées d'ailleurs (hélas pour Jean-Paul), une telle foule s'étais déplacée pour aller rendre un dernier hommage à la dépouille. Il me semble que non. Avec Jean-Paul II, une nouvelle relation au pape s'est installée, une relation passionnée, une relation d'image, au point qu'Alain FINKELKRAUT (pour qui je ne cache pas mon admiration) a pu parler (notamment dans "Qui vive" sur RCJ) de phénomène d'"idolâtrie", et je pense qu'il n'a pas tort. Ce pape, qui nous dit-il, n'en finissait pas de mourir devant les écrans de télévision, a occupé toute sa vie ces derniers, et très peu de monde a lu ce qu'il écrivait. Peu de gens connaissent l'importance capitale de son dialogue avec LEVINAS, en revanche, ses sectateurs le pleurent comme si c'était leur grand père et ses détracteurs ricanent, eux qui se sont moqués de lui et des catholiques en toute impunité. Je défie au passage quiconque de me prouver qu'il est encore "subversif" ou dangereux de se moquer des catholiques. C'est au contraire une solution de facilité, une fausse "provoc'" politiquement correcte, mais passons. Dans l'interview sus-citée, Alain FINKELKRAUT ajoutait que la passion du pape avait remplacé celle du Christ (je nuancerais en ajoutant : concuremment avec le film de Mel GIBSON... ), ce que j'interprêterais de la façon suivante : à un ensemble de données qui ne sont plus connues (l'Histroire religieuse et la théologie de base) est substitué un flot d'images médiatiques liées à des affects primaires (l'amour déchaîné, la répulsion épidhermique, la colère irraisonnée... ). Ce n'est plus le message du pape que l'on écoute (on aurait plutôt tendance à le rejeter en bloc), c'est son image que l'on regarde, qu'on poursuit, qu'on reproduit à l'envi comme si cette représentation devait donner toutes les réponses. Encore une fois l'illustration de la régression intellectuelle des populations incapables (mais ce n'est pas complètement leur faute, j'en suis conscient, et je les plains : d'où un deuxième "hélas !") d'écouter, de réfléchir, je ne parle même pas de lire, grand Dieu (assez d'insanités ! : la lecture, et puis quoi encore ?!) ce que cet homme, détenteur d'une FONCTION, a pu écrire.
En apprenant la mort du pape, j'ai été un peu ébranlé, c'est certain, mais au fond, j'étais content pour LUI que son agonie s'arrête. Et en tant que croyant, je n'étais pas triste pour LUI, car ce qui l'attend est positif. Pleurer sur son cadavre, c'est être égoïste : plutôt que de pleurer sur ce qu'il aurait encore pu faire s'il avait vécu (vous rigolez, ce pauvre homme était souffrant et délégait malgré lui tout le pouvoir à la Curie), en fait ces masses pleurent sur elles-mêmes comme des enfants ! C'est donc de l'égoïsme puéril ! Si l'on croit vraiment à la vie après la mort, seule la mort de nos proches (dont on ne sera privé qu'un bref moment) devrait nous affecter à ce point. Je n'ai pas vécu d'émotion avec Jean-Paul II, ce qui ne m'a pas empêché de le considérer comme une grand pape et un personnage historique de premier plan, un intellectuel profond. Il a accompli son oeuvre, il a souffert et il est mort. Si l'on croit, on ajoute : il est rétribué. Mais il me semble que cet amour débordant devrait davantage être distribué à l'humanité en général, à nos proches, et bien sûr et avant tout à Dieu et au Christ. Le pape est le successeur de Pierre, pas le fils du Christ. C'est un homme au servie des hommes. Respectons l'oeuvre de l'homme, respectons sa FONCTION, et cessons (mais je ne me sens pas visé) de nous apitoyer sur notre sort devant son cadavre qui devrait vite être séparé de ces regards malsains. Que la chair se retire derrière le verbe. Jean-Paul II continuera d'exister pour les catholiques d'aujourd'hui notamment par les conséquences de ses actes, mais aussi par les écrits qu'il laisse. Ayons la curiosité intellectuelle de les étudier, de les interroger. Utilisons nos cerveaux, pour une fois ! Et si Jean-Paul II en devient moins séduisant (puisque dépouillé de son aura médiatique), sa parole nous apparaîtra plus claire et plus profonde, et nous serons davantage à même de comprendre ce qu'il a fait et tenté de faire, ce qu'il a pensé.
II Tout le monde médiatique, et une grande partie de la population reproche l'attitude de Jean-Paul II vis-à-vis du préservatif (essentiellement), mais l'amnésie semble alors dominer, ou la mauvaise foi la plus éhontée, lorsqu'il ne s'agit pas de l'ignorance la plus crasse, marque de notre société française profondément abrutie (hélas encore et bien sûr). Je rappelle que la position du Pape sur le préservatif est conforme à celle du judaïsme dont le christianisme découle, position que l'islam a reprise. Est-ce bien, est-ce mal ? A chacun d'en juger avec ses critères, mais c'est ainsi, et il y a des arguments en faveur de ce choix : pensez-vous qu'il serait cohérent que les églises prêchent le sexe sans autres limites que celles de l'hygiène et du consentement (concept juridique) ? N'est-ce pas leur rôle que de fournir des normes, certes strictes et anachroniques, mais justement porteuses de continuité et inscrivant lesdites religion dans une Histoire ?! Je crois que c'est le rôle du Pape de prêcher la fidélité, de dire que la sexualité hors mariage est mal. C'est ça la morale. Après, nous sommes des grandes personnes. A nous ensuite d'agir en adultes et de faire la part de la raison (le port du préservatif), du vice (le sexe hors du cadre conjugalo-reproductif) et de la morale (rester dans les normes ou s'abstenir). La notion de culpabilité fait partie des bases de la civilisation judéo-chrétienne, et l'Histoire montre qu'on peut tout à fait vivre avec. D'où vient qu'aujourd'hui, toute morale (en particulier la morale sexuelle) soit sytématiquement rejetée comme "ringarde" ou "inhibante" ? N'y a-t-il pas au contraire quelque chose de pathologique dans ce refus adolescent et immature ? La génération de mai 68 se rend-elle compte qu'elle est en train (pas toute seule, mais quand même) de saper les fondations de l'Occident ? L'attitude vis-à-vis du pape n'en est qu'un exemple, mais il est extrêmement lourd de sens et de symbolique.
Il y a urgence. Urgence de retourner à l'étude, d'acquérir des connaissances et d'essayer de réfléchir posément. Urgence d'apprendre à nos enfants à étudier, à lire, à parler et écrire correctement (je n'appelle pas le style SMS écrire), à se tenir tranquille. On n'apprend pas qu'en s'amusant. On apprend aussi avec le sérieux et la distance, auprès de gens qui n'utilisent pas le même langage que nous. C'est par la famille et l'école, les deux conjugués, que nous aurons une chance de nous réinsérer dans la raison. Une foule ignare est la première à être manipulée par des tribuns ou des chefs de guerre. L'Europe vit sa décadence, la sortie du royaume de l'esprit et le croupissement dans la fange d'un monde qu'elle prive de transcendance. Si elle ne veut pas mourir asphyxiée par ses propres excréments, préparant le terrain à tout arrivant (intégrisme islamique ou empire marchand démocratico-impérialiste (les USA)), elle doit revenir, je le répète, et je ne suis pas prêt d'arrêter de le faire, à la morale (que seule la religion cautionne absolument) et à l'étude (au travail, les jeunes ! Arrêtez de vous plaindre et de la ramener : que chacun reste à sa place). La sortie de ce bourbier (pour rester poli) ne se fera pas sans difficultés, et c'est inconscience et/ou stupidité que de prétendre le contraire. A choisir entre la destruction de l'Occident ou de durs efforts pour ensuite s'en sortir, je préfère les durs efforts. J'invite le lecteur, en signe de solidarité, à lire ne serait-ce qu'une page de littérature par jour, pour commencer à mieux employer son temps et exercer son esprit.