Message personnel : J'aimerais souhaiter la bienvenue au Japon, prochainement, à Laurent et à Madame son épouse. A bientôt.
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A propos des notes passées
Pour information : il m'arrive fréquemment de corriger des notes plus anciennes (désolé pour les fautes de frappe, je suis le premier à les traquer), ou d'y rajouter des informations. Un coup d'oeil à l'occasion peut s'avérer payant.
Je remarque aussi une baisse de la fréquentation de ce blog. Pas assez intéressant, peut-être... Je vais tenter d'y remédier.
15 février : J'ajoute que je compte même supprimer les notes qui ne me conviennent plus. Ce blog est en perpétuelle transformation. -
Livres marquants
En vrac :
Là-bas, de HUYSMANS, qui m'a retourné le cerveau. J'y ai vu l'oeuvre d'un homme qui avait reçu l'illumination, ou plutôt la clairvoyance, c'est à dire qui enfin voyait clair, et avait compris le véritable message de Jésus. Un des rares livres que je relirai, et ce d'autant plus que lors de ma précédente lecture, j'avais abondamment annoté le texte.
Le grondement de la montagne (Yama no oto 『山の音』), de KAWABATA Yasunari : c'est de là qu'est partie ma passion pour le Japon. Profondément touché, bouleversé par cette histoire retenue, pudique, sans pathos ni leçons de morale facile, j'ai également découvert un style littéraire, et la lectures de textes de KAWABATA dans la langue originale notamment lors mon travail de traduction d'une de ses nouvelles, "Kami wa nagaku" 「髪は長く」 ("Les cheveux étaient longs"), à paraître prochainement, m'a confirmé dans ce que j'en pensais.
Le Chevalier Des Touches, de BARBEY d'AUREVILLY : mon préféré du Connétable des Lettres, un roman de furieux, au style ouvragé comme de la dentelle de diamant, plein d'images cauchemardesques, de grandeur, de pathétique, qui pétille de noblesse et d'intelligence. C'est depuis ce jour qu'il n'a plus fait aucun doute que BARBEY était mon maître.
Mensonge romantique et vérité romanesque, de René GIRARD : le livre qui représente mon credo philosophique. Je suis d'accord avec chaque ligne qu'a écrites GIRARD. Plus fort encore : lorsque je le lisais, j'avais l'impression qu'à chaque fois que je me posais une question, GIRARD y répondait dans les lignes qui suivaient. Avais-je un doute ou n'étais-je pas sûr d'avoir bien compris ? Il précisait immédiatement sa pensée et levait les incertitudes. Que la France se dépêche de lui rendre les honneurs qui sont dus à ce génie qui honore la philosophie et les Lettres avant qu'il ne soit trop tard, ce qui donnerait une nouvelle raison de penser, hélas à raison, que la France n'aime pas ses enfants.
Mémoires de Louis de SAINT-SIMON : peut-être mon livre préféré, ou le livre de l'écrivain qui ME semble le meilleur. Tant de fulgurances, tant de mélancolie maîtrisée devant le temps qui passe. SAINT-SIMON arrive à traiter comme des conflits cosmiques flamboyants des micro-événements qui chez DANGEOT ne sont que des broutilles. Qu'on le lise sans a priori, ou même avec, mais bonne volonté, et ces a priori seront renversés. Le plaisir du style, plus fort que tout, dissipera toutes les appréhensions et le lecteur se laissera emporter par cette musique du grand style qui nous montre que lorsque ce "petit" duc prenait la plume, il arrivait, par son excellence, à toucher celui que Dieu lui tendait.
Gargantua, de François RABELAIS : un livre dont, heureusement, l'école ne m'a pas dégoûté, et où j'ai découvert un des rarissimes exemples de bonheur raconté sur plusieurs pages, dans une constante invention verbale, truculente de poésie, sans que jamais la profondeur en fût exclue. Comme je me sentais contemporain de ces personnages attachants. Jamais ce texte ne m'est apparu comme mort (alors que bien des textes du XXème siècle, si). RABELAIS est devenu immédiatement, sinon l'écrivain que je considérais comme le meilleur, du moins mon écrivain préféré, et l'est resté, même si ce derniers temps je le lis, hélas, peu.
Les sept fous, de Roberto ARLT (traduit de l'espagnol) : rien dans mes découvertes n'avait suscité d'intérêt particulier pour l'Amérique du Sud moderne. Ce livre changea tout. Le titre résume bien de quoi il s'agit. Il s'agit avant tout de pérégrinations urbaines aux côté du héros, qui rencontre des personnages tous plus décadents et visionnaires les uns que les autres, et avec qui il décide de... changer la face de leur pays. Le mystère le plus enivrant baigne cette oeuvre qui n'a rien d'un roman fantastique. C'est une conspiration qui implique presque le lecteur qui se laisse parfois même convaincre par les arguments à l'appui d'un postulat dément. Chronique d'un échec annoncé. La suite, Les lance-flamme, traduite en français aux presses universitaires de Grenoble, n'a pas été longtemps disponible en librairie et je me retrouve très frustré car il faut savoir que le roman finit net : à suivre !
Zadig, de Voltaire : eh oui ! Le livre que des générations de professeurs de français font détester à leurs élèves (et l'oeuvre de Voltaire dans son entier est jetée avec) alors qu'ils cherchent dans leur majorité (mais ça n'était pas le cas de mon prof de terminale, le gredin !) à nous le faire aimer ! Bref, sans ce livre, je ne sais pas si je saurais encore lire autre chose que des boites de jeux vidéo. Pour ce qui est de l'histoire, c'est un mélange de philosophie (pas si naïve que ça), d'humour et de finesse, avec l'épisode du cheval et de la chienne, délectable instant policier avant l'heure. Et l'on se surprend à méditer sur des questions insolubles : et si le riche n'avait pas été volé ?... Mon bol d'air frais et intelligent de l'année (car je relis Zadig tous les ans, pour des raison d'hygiène mentale !).
Histoires extraordinaires d'Edgar Allan POE : le premier livre que j'ai lu, et en un jour de surcroît ! J'ai particulièrement aimé, et je la relis encore, "La lettre volée", pleine de mystère et d'intelligence, et dont l'astuce, toute simple, ma par ailleurs été d'un certain secours dans ma vie personnelle.
Le Vicomte de Bragelonne d'Alexandre DUMAS père : je n'ai pas peur de le dire : ce roman est à mon sens, non pas le plus triste, mais le plus mélancolique de notre littérature, et dans son édition Bouquins (Robert Laffont) que je recommande, Dominique Fernandez y livre son plus beau texte, une préface qui rend parfaitement les lignes principales de ce qui est notre plus beau et douloureux chant du cygne : la mort de la chevalerie morale. Combien nous semble, hélas, loin, cette époque qui connut des hommes si sublimes, ne fussent que des personnages d'encre et de papier. Les Trois mousquetaires et Vingt ans après, de mieux en mieux, admirable en soi, sont encore plus appréciables en ceci qu'il préparent à ce chef d'oeuvre qui à lui seul devrait garantir à DUMAS père notre admiration (en tout cas la mienne assurément) éternelle.
Pensées pour moi-même / Soliloques, de Marc-Aurèle (Marcus Aurelius Antoninus), traduit du grec : avant la découverte de René GIRARD, les stoïciens sont les sages dont l'enseignement m'a le plus plu, et aujourd'hui encore, je ne suis pas sans suivre certains de leurs préceptes. La distinction entre ce qui relève de nous, et ce qui n'en relève pas est une des plus pertinente, fort utilisée au Japon, mais toute la différence est dans la classification. Les Japonais ont très souvent tendance à baisser les bras et à dire "Shikata ga nai 仕方がない" ("On n'y peut rien") car "ça ne relève pas d'eux". Or souvent, cela se discute. Ainsi par exemple... voyez ma note sur les Japonais et le climat. Pour en revenir à Marc-Aurèle, il représente, tout comme Epictète, un modèle de sagesse et d'expression claire et noble. Ainsi en moi se partagent trois influences principales : le christianisme, le stoïcisme, et la République. Paradoxalement (peut-être), le stoïcisme est la moins douloureuse.
Promenade dans un parc, de Louis CALAFERTE : découvert par hasard à l'occasion de la préparation d'un exposé à l'époque du lycée, cet auteur fut une grande révélation. Pour la première fois, j'eus l'impression de lire un auteur dont le style était très proche du mien. Je retrouvais dans ses lignes la scansion de mes phrase, la même tendance à la brièveté, les même genre de non dits, la tentation du silence. Avec des inventions formelles qui dépassaient ce que j'étais capable de faire, des thèmes qui suscitaient ma réflexion et ma rêverie, CALAFERTE s'imposa comme mon père spirituel, un père littéraire que je m'étais choisi. Je continue de considérer Promenade dans un parc, premier livre de lui qui me soit tombé sous la main, comme son chef d'oeuvre, une oeuvre déroutante, stimulante, étreignante, mystérieuse. Un recueil de proses que je chéris tout particulièrement.
Oeuvres complètes (traduites du russe), Daniil HARMS (Daniil Ivanovitch IOUVATCHOV, dit -) : si CALAFERTE était mon père, HARMS serait mon grand frère. Chez lui aussi, j'ai retrouvé cette communauté de pensée, cette façon de voir le monde, cette proximité troublante avec mon imaginaire. Mort trop jeune de maladie après avoir été incarcéré au goulag, Daniil HARMS nous laisse une oeuvre peu abondante, mais déjà géniale. On se prend à imaginer ce qu'il aurait plu écrire si on l'avait laissé vivre. -
SENDÔ Masumi 仙道ますみ (2) - Etchi, l'oeuvre de jeunesse
Une petite visite dans une des plus grandes librairies d'occasion du Japon m'a permis de dénicher 13 des 14 volumes de la première série de SENDÔ Masumi : Etchi えっち Girls Can't Help Falling In Love (Cochonneries : Les filles ne peuvent pas s'empêcher de tomber amoureuses). Comme on peut le constater sur l'illustration, le dessin de SENDÔ était loin de ce qu'il est aujourd'hui. C'était encore en grande partie un graphisme d'élève appliquée de l'école du shôjo manga 少女漫画 (bande-dessinée pour filles), pourtant malgré une évidente imprécision et un trait qui se cherche, on trouve déjà la technique narrative et l'analyse psychologique propres à l'auteur. Les dialogues servent de révélateurs des personnalités et ne sont pas le moindre des charmes de cette histoire. Présentons-en le thème.
Etchi s'articule au tour d'un trio d'héroïnes, lycéennes en terminale : Fumio 文緒 (son prénom signifie "Lettres ensemble"), celle qui représente en quelque sorte la narratrice, une jeune fille au corps particulièrement sexué (très femme) mais encore inexpérimentée physiquement et sentimentalement, Miyoshi 美好 ("Belle et bonne"), la plus enfant des trois, myope avec des couettes et Mako 魔子 ("Enfant magique"), grande jeune fille longiligne, très perspicace de caractère.
On décèle déjà en elles les ébauches des personnages d'Aï (cf. note ad hoc) :
Fumio annonce Mami (la jeune femme enrobée) et Ami (la prostituée) par son physique et son caractère ; Miyoshi est plus proche de Kagami (la jeune étudiante) et Mako fait vaguement penser à Eri (la beauté un peu froide donneuse de leçons mais très tendre), mais alors très vaguement.
Dans ce manga, nous suivons pas à pas les aventures sentimentales et sexuelles des trois jeunes filles, sans tabou ni complaisance. Comme dans Aï, pas de scène "perverse", rien que du vrai (SENDÔ ne cache pas qu'elle utilise nombre de ses souvenirs personnels dans sa création). La voie vers une vie épanouissante en termes d'amitié, d'amour et de sexualité n'est pas droite. Rien n'est facile pour ces jeunes filles romantiques qui luttent contre leurs désirs qu'elles ont du mal à accepter. En 14 volumes, la petite Fumio qui s'effarouchait d'un rien et découvrait son corps devient une femme adulte et responsable.
Outre le dessin, la différence majeure avec Aï réside dans les personnages masculins, nettement moins travaillés et plus grossièrement analysés. Mais il est vrai qu'à cet âge-là, un garçon est plus "basique" qu'une jeune fille.
Je souhaite au lecteur curieux de découvrir cette série intelligente, pédagogique (elle vaut un bon cours de prudence) et sexy (enfin des scènes de sexe représenté avec pudeur (cela peut sembler contradictoire, je sais), réalisme et n'évacuant pas la tendresse), qui n'idéalise pas l'image de la jeune fille en fleur, mais la rend telle qu'elle est, avec ses aspirations opposées, ses incertitudes ; en un mots : ses petites cochonneries et ses explosions de lumière pure. -
On en reparle
Ce soir, la tentation su silence est la plus forte. Je retourne à mes lectures.
Conseil : lisez La femme de trente ans, et on en reparle.
Note : les Japonais ont de mauvais chauffages : je vous en reparlerai.
Requête : j'aimerais vos commentaires sur ma traduction chinoise : parlez-m'en.
Constat : j'écris, donc, dans un sens, je parle.
Or, la tentation du silence est forte. Donc... Je me tais.