Aujourd'hui, je me suis retrouvé, à cause de mon sens de l'orientation défectueux, au Nord au lieu du Nord-Ouest, et la courte marche que je prévoyais s'est transformée en périple de plus en plus fatigant. Mon inquiétude grandissait (arriverai-je avant la nuit, me faudra-t-il prendre un taxi, si j'en trouve un, jusqu'à la gare la plus proche ?). Soudain, je tombai sur une gare, et pas n'importe laquelle, celle d'Akihabara 秋葉原, quartier de l'électrique, l'électroménager et l'électronique hi-tech, quartier que je connais assez bien. J'en profitai pour faire un tour, et, dans une des nombreuses boutiques de jeux, tombai sur le jeu PC que j'avais le plus envie de m'offrir depuis un an, mais dont le prix m'avait alors dissuadé : Tsukikagé no destiny 「月影のデスティニー」 (Le destin du clair de lune), un splendide jeu à la Diablo, dans l'univers de la Chine médiévale. Rien que la boite et la notice valaient les 2070 Y que j'avais payé pour acquérir ce bijou (au lieu des 13 000 Y à sa sortie). Qu'en plus il fonctionne dans ma machine, c'est trop de plaisir pour un seul homme. Alors voilà où je voulais en venir : quel dommage qu'un jeu de cette facture ne soit jamais distribué en France. S'il le fallait, je le traduirais moi-même (à partir de la version japonaise que je possède, pas de l'original chinois, car c'est un authentique jeu chinois) ! Je suis sûr que ce jeu trouverait son public. Throne of Darkness (qui se passe dans le Japon médiéval) a bien trouvé le sien.
Tsukikagé no Destiny, un jeu Season (1997) et Softop (2003), édité au Japon par Falcom (2003).
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Livres
Je constate que peu de gens laissent des messages sur ce modeste blog. Enfin, il faut bien commencer à écrire quelque chose. Le public viendra de lui même.
Aujourd'hui, je suis allé à Kanda, le quartier des libraires de Tôkyô, où on trouve non seulement de l'occasion, mais aussi du neuf, et à tous les prix. Je me suis pris deux livres, l'un de TANAKA Hiroshi 田中宏 (professeur spécialiste des étrangers au Japon) : Zai-Nichi gaikokujin 『在日外国人』 (Les étrangers résidant au Japon), chez Iwanami shinsho, et Bungô nabi Kawabata Yasunari 『文豪ナビ川端康成』 (Navigation chez les grands écrivains / KAWABATA Yasunari), ouvrage collectif réalisé par les éditions Shinchôsha.
Le matin même, je m'étais acheté à la coopérative de l'université (grâce à laquelle je dispose de 10 pourcents de réduction) un ouvrage de référence : Jiten Nihon no meisô 『事典 日本の名僧』 (Les moines célèbres du Japon : dictionnaire) et un livre assez dense et fort aisé d'accès, regorgeant de schémas et de photographies en noir et blanc : Shintô gyôbô no hon 神道行法 (Le livre des méthodes de noviciat shintôïque), ouvrage collectif, 36ème numéro de la collection "Books Esoterica", qui présente en une forme attrayante, d'une lecture accessibles à tous (ou presque) et pour un prix encore raisonnable vu le nombre de photographies un aperçu des divers courants philosophico-mystiques, des religions et des hommes charismatiques (Nichiren, par exemple). On y apprend tout ce qu'il est possible de savoir sur la formation des kannushi 神主, les prêtres shintô, les rites, les prières, les accessoires et les rares représentations de kami 神, les esprits de la nature vénérés par le shintôïsme.
Quant à l'ouvrage sur KAWABATA, il s'agit d'une entrée en matière. Je souhaitais l'avoir dans ma bibliothèque. Il comprend de courts articles que j'ai la curiosité de lire. Ca à l'air de se lire vite.
J'ai également relevé quelques références d'ouvrages que je commanderai à la coopérative, afin de bénéficier de la fameuse réduction.
Je suis content d'employer ainsi l'argent de ma bourse. -
Images du Japon
Et si le Japon, plus que les pagodes, les tours de Shinjuku ou les maisons traditionnelles, c'était ça. Des quais de gare, un réseau ferroviaire à n'en plus finir. Voilà pour l'espace. Et pour le temps ? Il me faut 50 minutes pour me rendre à l'université où je fais mes recherches. Je prends deux trains. 110 minutes dans une journée, ça en fait des minutes où l'on ne peut pas lire (difficile en effet, car je marche entre deux correspondances, et une des lignes que je prends est souvent surpeuplée, ce qui fait que les voyageurs se retrouvent serrés comme des anchois en boite (les sardines me lassent). Les pousseurs, point n'en est besoin ici : les usagers se débrouillent très bien tous seuls. Avant chaque arrêt, une obséquieuse voix enregistrée annonce de quel côté la porte va s'ouvrir, avertit de ne rien oublier et remercie infiniment le client. Pendant le trajet, il est rappelé qu'il est interdit d'utiliser son téléphone cellulaire, ce que les gens font pourtant sans se gêner (et pourquoi non ? Je n'ai encore jamais assisté à une crise cardiaque en raison d'un pacemaker stoppé net par un téléphone mobile).
Et si finalement, le Japon c'était ça :
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Polythéisme et pacifisme
Aujourd'hui, un professeur nous faisait remarquer lors d'une table ronde de 4h que les pays dans lesquels le paganisme ou le polythéisme étaient bien implantés étaient moins portés à faire la guerre à l'étranger, tout au moins pour des motifs religieux. Je suis resté sans réponse, car force m'est de constater que les guerres de religions déclenchées pour des motifs religieux polythéistes sont plus rares que les guerres déclenchées pour des motifs religieux monothéistes.
A y bien réfléchir, je me demande si ce ne serait pas dû au fait que les polythéistes, surtout et essentiellement les Japonais, sont fort peu portés sur la mystique ? Au Japon, plus que le bouddhisme ou le shintô, la véritable religion est la tradition. Les rites sont exécutés sans sentiment d'avoir à faire à une quelconque transcendance, et la plupart des Japonais, quand on les interroge, disent n'avoir aucune religion (alors qu'ils pratiquent des rites à la fois bouddhiques et shintô), tout le contraire des autres Asiatiques comme les Vietnamiens (à la spiritualité bouddhique très profonde) ou les Chinois (on trouve des chrétiens à la vie spirituelle riche). Ici, au Japon, la cérémonie du thé représente la religion parfaite, issue plus ou moins du zen. Elle fige le temps, apaise la pensée au lie de la canaliser en une prière, et occupe le corps en satisfaisant un sens de l'esthétique fort sûr pour tout ce qui touche les arts traditionnels. Je parle en connaissance de cause, ayant participé une fois à la cérémonie du thé à Ikoma, dans le Kansai. Mes jambes ne me permettant pas de rester plus de 50 minutes assis en "seiza" (position traditionnelle, les pieds sous les fesses, très inconfortable pour les jambes - ce qui a tendance à les arquer - mais bonne pour le dos), je n'ai pas pu tenir jusqu'au bout sans changer de position, mais pour un Occidental, c'est plutôt pas mal, la moyenne d'endurance se situant autour d'une demi-heure.
C'est la première fois que je rencontre un Japonais qui me fait l'éloge du polythéisme. La plupart du temps, les Japonais ne parlent guère de leur convictions religieuses, ou plutôt, comme je viens de le dire, de leurs pratiques.