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2005 Au fil de la plume 日記 - Page 17

  • Nouveaux liens - BD - Humour

    J'ai créé une section "Bandes-dessinées" avec des liens intéressants assez drôles.
    http://all-zebest.hautetfort.com/archive/2005/03/31/vos_liens.html

    Je signale aussi un passionnant article interactif du Zluman, jeune berger tentant d'empêcher l'invasion du Japon par des Belges bien habillés. Allergiques s'abstenir.

  • De Properce

    Avant aujourd'hui, Sextus Propertius, dit Properce chez nous (41 - ?), n'était qu'un nom, parmi la liste d'auteurs classiques que ma curiosité se promettait de lire un jour indéterminé. L'écoute d'une émission de France Culture, "Une vie, une oeuvre" (émission du 15 mai 2005), se révéla particulièrement enrichissante, me permettant de faire connaissance avec ma prochaine lecture de l'été, le grand élégiaque latin, pétri de culture grecque. On suppose qu'il mourut jeune, mais on ignore quand exactement. On sait juste qu'à partir d'une certaine année, il cessa de publier. Peu importe après tout, car son oeuvre est un petit bijou, et sa vie semble, intellectuellement tout a moins pour ce qui est sûr, avoir été bien remplie. medium_155120328-photo.jpg Dans le cercle de Mécène, il a connu Virgile, a été l'ami d'Ovide (tant de grands noms réunis ici, cela semble faux, et pourtant !), aurait rendu jaloux l'empereur Auguste par son génie et peut-être même payé cher...
    Esprit "indépendant", noble d'âme, dépourvu de cynisme, mais doué d'humour (parfois capable de second degré assez jouissif) : et c'est tant mieux, il n'en est que plus cohérent, attachant. Il s'attacha à faire de sa vie, une "vie en élégie", malgré des "valeurs contradictoires" : il consacra un cinquième de son oeuvre au patriotisme, mais à chaque fois, il ne peut s'empêcher de revenir à l'amour. Amour de l'amour ? Ou amour du dire l'Amour ?... Peu ont su aussi bien décrire l'amour et ses réalisations dans sa complétude, sans occulter ni le sentiment, ni la sexualité la plus sensuelle (rien de crapoteux chez lui, mais rien non plus d'éthéré). Coeur et corps intimement mêlé dans une recherche langagière qui s'inscrit dans un contexte intellectuel bien particulier. Les écrivains latins de cette époque s'étaient en effet attachés à faire de la poésie grecque en latin. Bien que profondément romain, Properce pensait en grec, et écrivait en latin. Le respect de règles formelles qu'il s'était imposé, loin de le limiter, de le rigidifier, lui fournissait en réalité le cadre propice à son envol, et de là lui permettait toutes les innovations maniéristes (au sens premier), où s'exprimait pleinement son génie de conteur autant que de poète, si doué pour nous surprendre. On le dit un des auteurs les plus difficiles à traduire, et je veux bien le croire, au vu de l'original... Le succès assez constant dont il bénéficie sur Internet, et souvent "dans le texte", rend raison à son oeuvre répandue de son vivant dans un petit milieu, somme toute, même si c'était un cercle de qualité.

    Encore une raison de plus de faire, même tardivement, mes humanités.


    Quelques références :
    émission de France culture du 15 mai 2005 : (Quel délice en outre que d'entendre des extraits de ses textes lus en latin par une Italienne. Rien à voir avec la prononciation dite "restituée" du latin enseignée dans les écoles et les manuels, comme si nos professeurs français y étaient... )
    http://users.skynet.be/remacle/auteurs/Properce.htm
    http://remacle.org/bloodwolf/poetes/properce/table.htm : pour un accès aux oeuvres
    http://www.saintmont.com/jl/articles/jl30.htm : pour un aperçu général du contexte intellectuel de l'époque

  • Tremblement de terre et autres sujets

    Je viens de subir un "bishin 微震", un tremblement de terre minime. Ca arrive fréquemment dans le Kantô. Le pire est q'on s'y fait très vite. En l'occurrence, il s'agissait d'une légère vibration d'une dizaine de secondes. A quoi bon trembler, si c'est pour si peu trembler ?

    Sinon, je rappelle au lecteur - mais la note est passée bien vite - qu'un concours est ouvert pour trouver des illustrations à "Emprise progressive". J'ai sollicité çà et là la contribution d'artistes, mais si les lecteurs pouvaient d'eux mêmes envoyer une image (photo, dessin... ), je serais ravi.

  • J'ai beau faire, je ne comprends toujours pas...

    Je sais, je sais : LES GOUTS ET LES COULEURS etc.
    Mais quand même, plus j'y pense, et moins je comprends :
    medium_machine_a_laver.gif
    - les machines à laver japonaises à tambour vertical, qui ne nettoient pas le linge ;
    - l'aveuglement du gouvernement concernant la recherche ;
    - la non publication en Pléiade de VERNE et HUYSMANS (je ne peux me résoudre à prendre en compte des conditions de rentabilité ; non, ce n'est pas possible !)
    - la manie des Japonais à organiser des réunions la nuit pour ensuite dormir en cours (même un vénérable professeur s'y est adonné) ;
    - l'accusation de mélanophobie à l'encontre d'Alain FINKELKRAUT (là, non, vraiment je ne comprends pas) ;
    - la substitution des termes "sciences de la vie" et "sciences de la terre" à "biologie" et "géologie", trop grecs ;
    - le prix des restaurants chinois au Japon (cher !)
    - et tout un tas de choses que ma prudence me conseille de taire.

    On s'étonnera de ce que tout figure dans le désordre. Il n'y a pas de raison particulière, sinon de ma part un parti pris de légèreté. En outre, il n'est pas exclu que certains points fassent ultérieurement l'objet de notes spécifiques.

    A titre indicatif, je renvoie le lecteur à ce que Renaud CAMUS (auteur que j'apprécie) n'aime pas.

    [N.B. : Cette note est menacée d'autocensure, comme les précédentes, et peut être effacée d'un moment à l'autre.]

  • Le sabre du grimpant (I - Introduction)

    [Deuxième nouvelle que m'a envoyé MC Croche 8, cette fois-ci plus longue, en plusieurs épisodes. On aura reconnu dans le personnage du vieil homme un musicien célèbre.]

    -L’homme était visiblement âgé, peut-être très âgé, aussi frêle d’apparence qu’impérieux dans son maintien Cela devait bien faire dix minutes interminables que Raul Bottello, faute de distraction plus amusante, l’observait du coin de l’œil, tout en s’efforçant, par habitude professionnelle, de deviner le passé de l’inconnu. Celui-ci, d’une impassibilité quasiment impériale, semblait s’être figé dans la contemplation des cimes neigeuses qui s’étalaient par delà la verrière de l’hôtel. Malgré la chaleur douce qui régnait dans la pièce, et que la réflexion des rayons du soleil sur les vitres accroissait encore, l’homme portait un épais pardessus noir dont le col relevé ne laissait guère apparaître que par fragments le costume de tweed, la chemise impeccable et le nœud papillon vert qui composaient sa mise. La tête, surmontée d’un chapeau sombre à galon étroit, et dans son immobilité étrange, paraissait celle d’une statue que l’on aurait sculptée dans l’os plutôt que dans la pierre ; sur la face, barrée de rides profondes, saillaient d’abord un long nez, puissamment structuré, puis une bouche aux lèvres épaisses et dédaigneuses. Du regard on ne pouvait rien dire, masqué qu’il était par d’épaisses lunettes noires. Les mains noueuses, décharnées, et que l’on devinait cependant d’une force paradoxale chez un personnage aussi chétif, agrippaient en serres le pommeau argenté d’une cane d’acajou. Un plaid jeté sur les jambes laissait toutefois émerger à son extrémité deux grands pieds que chaussaient d’incongrues sandales de cuir, un peu semblables à celles que portent les missionnaires.

    A dix heures très précises un garçon apporta au vieillard un grand verre de ce que le regard exercé de Raul identifia immédiatement comme devant être un excellent whisky. L’homme, après l’avoir précautionneusement porté à ses lèvres, le but avec application mais d’un seul trait ; puis, à l’indicible stupéfaction de Raul Bottello, il se tourna vers lui et, désignant d’une main son estomac, il lui lança avec un mystérieux sourire : « Trrrès bon pourr les entrrrailles ! »

    Et, avant même que Bottello ait pu articuler le moindre mot, l’autre, recouvrant avec une fulgurante rapidité sa morgue initiale, lui tournait le dos sans plus de façons et gagnait la sortie à petits pas majestueux, suspendu au bras du garçon à l’efficacité toute helvétique…

    -« La journée commence bien… » soupira Bottello…

    Lire le chapitre II