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2005 Au fil de la plume 日記 - Page 22

  • Enfin un peu de légèreté

    Aujourd'hui, en me rendant sur mon lieu de travail, j'ai été pris dans un léger tourbillon printanier : les pétales des fleurs de cerisiers, roses en forme de coeur, tombés quelques jours plus tôt, ce sont mis à revivre et ont dansé quelques secondes autour de moi. J'ai pour la première fois depuis longtemps senti la douceur de la Nature japonaise, d'habitude moins agréable.
    A part ça, rien de spécial.

    2005.04.27

    Je viens de recevoir les photos promises par zorglub dans son commentaire. En voici un choix :

    medium_ruelle-1.jpg ruelle
    medium_la_voie1.jpgla voie

  • Merci à tous !

    Je vois que parler de l'actualité, ça fait toujours réagir le lectorat, par contre mettre un texte rarissime de Georges Auric en ligne... C'est triste, mais c'est ainsi.
    Vous avez été tous été très intéressants, profonds, parfois vous m'avez attaqué, mais toujours gentiment, et sur le fond, nous n'avons, je crois, pas de divergence majeure. Vous allez commencer à me connaître, et moi aussi, je commence à voir se dessiner des silhouettes intellectuelles, certaines avec précision (Dobble Una, Zlu - et pour cause, ce sont mes voisins !), d'autres assez bien (Dav, V., Fleur, Zorglub, Fromageplus, Jugurta, Wai), d'autre un peu moins pour le moment (Math, M. WANG, Stella, Ally...). Je me trompe, ou j'ai là un petit monde interagissant des plus stimulant pour l'esprit !

  • Fin de cycles historiques - Japon et France

    I A/ Aujourd'hui, plus encore que d'habitude, il m'a semblé que la France, que je ne perçois plus qu'à travers mes souvenirs, des témoignages de proches et Internet, était proche de la fin d'un cycle civilisationnel. Comme chaque génération entraîne le passage à une nouvelle époque, parallèlement à l'"air du temps" qui accompagne toute décennie, il se produit des changements plus grands, bons ou mauvais, régulièrement. Tous les 500 ans environ : il y aura eu, par exemple, les invasions des "barbares", nos ancêtres, qui massacrèrent les Gallo-Romains décadents (et c'est bien triste); le protestantisme ; l'invention de l'imprimerie ; la révolution Française ; les deux Guerres mondiales ; mai 68 et maintenant. La principale nouveauté de la situation actuelle, me semble-t-il, et "à chaud", c'est le rejet du passé d'avant 1939 et de la tradition comme sources d'enseignement, et plus encore d'"édification". La politique éducative du gouvernement, tout comme les revendications contradictoires de nos lycéens illettrés me chagrinent, mais m'invitent également à tenter de réfléchir aux causes, et à des propositions alternatives, car j'ai toujours pensé que quand on critiquait, il fallait proposer quelque chose en contrepartie. Détruire est à la portée de n'importe quelle brute, mais créer, cela demande du temps, du mal, de l'humilité, souvent une capacité à s'adapter aux autres, ce que l'on nommait autrefois "civilité", mot considéré aujourd'hui comme lettre morte (je ne parle même pas de "courtoisie", qui est vue comme une horreur pornographique). A force d'être "iconoclaste" par principe (donc par conformisme snob), on finit par oublier (ou même on ne prend pas la peine de savoir) le SENS de ce que l'on critique.

    B/ Toutes les civilisations on une naissance, un développement, un apogée, une décadence, des convulsions et une fin (presque toujours douloureuse). Ce ne sont pas les exemples qui manquent (en vrac : Mayas, Gallo-Romains, Ainous ... ). Après une phase de décadence annoncée à la fin du XVIIIè siècle par les abus de l'aristocratie et la montée de la bourgeoisie, puis la Révolution de 1789 qui marque le début de cette décadence, nous arrivons aujourd'hui à la dernière phase de la civilisation, sinon Ouest-Européenne, du moins française, celle des CONVULSIONS. Je ne dis pas qu'on va tous s'étriper demain dans les rues (pas tant qu'il y aura un match de foot à la télé, la saga du dimanche après-midi sur M6 ou Skyrock pour parler de sexe chez les moins de 14 avec interventions de sous-développés intellectuels), mais donnons vingt ans aux gens qui habitent la France, et on verra... Plus que d'une démonstration, il s'agit pour moi de faire part d'une inquiétude, encore "intuitive", non formulée selon un paradigme, mais tout se construit, et certains élaborent depuis des mois des systèmes pour exprimer de manière convaincante ce que je ne parviens pas même à balbutier.

    Cette jeunesse qui ne veut plus faire l'effort d'aller vers ce qui ne lui ressemble pas (littérature classique, Histoire, langues mortes) n'est encouragée ni pas ses soixante-huitards de parents que personnellement, je vomis (heureusement pour moi, les miens y ont échappé), ni par un bon tiers du corps enseignant qui soit est forcé de renoncer, n'étant de facto PLUS MAITRE EN LA DEMEURE, soit plie sous la pression de directives administratives qui auront été les instruments d'anéantissement de la transmission du savoir. Bref, on l'aura compris, je m'inscris dans la lignée d'Alain Finkelkraut dès qu'il s'agit de l'école, pour la simple et bonne raison qu'il n'est que d'observer pour constater à quel point le système actuel (hors enseignement supérieur) est non seulement incapable de remplir son rôle, mais en plus remplit absolument le rôle inverse (dégoûter du savoir).

    Lorsque je parcours les sites et blogs, j'ai l'impression d'avoir à faire à des meutes qui s'organisent avant le Grand soir, l'assaut sanglant qui se prépare. Et moi, à l'autre bout du monde, dans un pays qui vit dans le voilage de face et la stupidité entretenue par une ploutocratie gérontodécadente, je me sens pris de mauvaise conscience à laisser ainsi ma famille. Entre ce pays à la jeunesse la plus Louisvuittonisée du monde et le nôtre dans lequel on devient méfiant et dissimulateur pour avoir la paix, car le dialogue serein n'a plus de place en dehors des cercles d'amis ou de proches, en d'autres termes, le Japon, pays à la jeunesse ignare du monde extérieur et la France, pays à la jeunesse ignare et en partie violente, je sais qu'il n'y a pas de modèle supérieur à l'autre. J'aime tant ce Japon où l'on peut ouvrir son sac dans la rue, en sortir un téléphone, l'utiliser et sortir avec une fille en mini jupe avec des bottes sans risquer de se faire insulter ou voler. J'aime ce sentiment de complète sécurité qui m'envahit dans ce pays à toute heure du jour et de la nuit, en tout lieu.
    D'un autre côté, j'aime la liberté de penser des Français, les débats d'idées, la conscience du monde extérieur, ne serait-ce qu'à cause de notre Histoire et de notre position géographique.
    Au Japon, il y a HARMONIE, "wa 和" mais pas de totale liberté. En France, il y a(vait) la liberté, d'où cette absence d'harmonie. Le problème est qu'actuellement, cette liberté que je chéris tant, est menacée de toutes parts, et que le savoir, qui permet un débat éclairé, n'est plus assuré convenablement pour les raisons que j'ai indiquées plus haut, et il n'est pas besoin d'avoir fait sciences-po pour deviner que l'économie, d'une part, et la démagogie la plus scrofuleuse sont à la base de tout. Ceux qui choisissent de braver la désapprobation de leur environnement en apprenant par eux-mêmes ont donc bien du mérite.

    II A/ La France a selon moi trois problèmes majeurs : l'éducation en péril, l'incivilité galopante, le chômage. En corrigeant la première et la troisième, on pourra réduire la deuxième.
    Pour tenter de trouver des solutions, il faut s'attacher aux problèmes selon tous leurs aspects, et en négliger un, c'est se laisser aveugler par l'idéologie. La question se pose ensuite de la contradiction. Gouverner, c'est faire, nécessairement, des mécontents. Vouloir contenter tous les groupes, c'est mécontenter la Nation. Ne pas défendre la Nation (qui est une construction comme une autre, mais qui a pour elle le mérite de stabiliser des populations sur une territoire plus vaste que celui de la cellule tribale / clanique), c'est faire le jeu de la division. Et c'est là qu'intervient le PARADOXE ULTIME : autant la séparation des pouvoir permet un gouvernement plus juste, autant la séparation des groupes constituant une population détruit celle-ci en l'affaiblissant progressivement jusqu'à l'éclatement. La France est sur le point d'éclater. Il ne manque que l'étincelle, la goûte d'eau qui fait déborder le vase. Et là... ce sera l'embrasement généralisé. René Girard a parfaitement prévu tout ce qui arrive depuis dix ans et ce qui est sur le point de se produire. La chute de la figure christique comme référent de désir mimétique pour les masses françaises et l'apparition de gens pour qui un tel objet de désir ne signifie rien entraînent le report de ce désir sur de multiples objets de désir, et rarement brillants ! Voilà un des aspect d'analyse dont je parlais quelques lignes plus haut, au début de ce paragraphe.

    B/ Au milieu de ce flot de paroles qui peut sembler confus et verbeux au lecteur (qu'il m'excuse, je ne suis pas essayiste, ni politiste, mais simple écrivain, ancien juriste et japonologue alimentaire), je crois tout de même avoir saisi le noeud du problème qui met notre pays sur le pied de guerre civile... (encore une fois : me semble-t-il).
    Je résume : les problèmes profonds sont les suivants :
    1° le refus du passé comme référent moral et donc son non enseignement ou son enseignement tronqué ; d'où le laxisme, la démagogie...
    2° le rejet du christianisme, et plus particulièrement du catholicisme (je ne parle pas des explosions de sentimentalités, proprement cathartiques, à la mort du pape) ;
    3° les transferts de désir vers des modèles "indignes" et sans référence avec une morale en accord avec notre civilisation (que chacun l'interprète à sa guise).
    Mes solutions :
    1° Alphabétiser les parents ;
    2° Faire des classes de moindre effectif et axer l'enseignement sur la langue française, les lettres classiques françaises et l'Histoire ;
    3° Responsabiliser les parents (je sais, "y'a qu'à"!) (leur apprendre à éteindre la télé et à ouvrir un livre)
    4° Axer tous ses efforts sur une politique de l'emploi privé attractive (là encore, "y'a qu'à")
    5° Ne pas avoir peur d'appeler un chat un chat (la mort du politiquement correct ? Impossible)
    6° Accompagner le christianisme dans sa fin de vie (hélas, il meurt, oui)

    Bref, je suis pessimiste pour mon pays. Je vous dirai un jour ce qu'il en est de la fin d'un autre monde, au Japon.

  • BLOY par Georges AURIC

    « J’avais seize ans lorsque je fis la connaissance de ce vieil homme, insolite et fascinant : Léon Bloy. Le grand pianiste Ricardo Vines le connaissait fort bien et savait à quel point j’étais attiré par son œuvre et sa personne.

    Sans hésiter, il me conseilla : « Il faut que vous alliez le voir. Vous serez étonné. Ce n’est pas du tout l’homme que l’on imagine et je suis presque sûr qu’il vous accueillera très bien. »

    J’ai écrit à Léon Bloy qui habitait à cette époque Bourg-la-Reine. Lorsque je me décidai, un jour, à sonner à sa porte, alors que je craignais qu’il ne me mit dehors, il me reçut avec une grande cordialité. Je restai plusieurs heures à l’écouter et, dès ce premier jour, il m’offrit un de ses livres, déjà épuisé, avec une belle dédicace…

    C’est ainsi que j’ai peu à peu pris l’habitude d’aller chez Léon Bloy et, pour finir, d’aller dîner chaque jeudi chez lui. Je puis donc témoigner de ceci : cet homme dont on m’avait dit : « attention, petit Auric, c’est un mendiant…et un mendiant ingrat », n’a jamais demandé un sous à l’adolescent qu’il avait la bonté de recevoir.(…)

    J’ai vu Léon Bloy vivre et je l’ai vu s’éteindre. J’étais chez lui à ces instants-là et c’est d’ailleurs la seule fois où j’ai assisté aux derniers moments d’un être cher, même très cher.

    Cela s’est passé avec une extrême et poignante simplicité. Il était très malade, depuis quelques jours, nous le savions perdu. Le samedi 3 novembre 1917, j’étais venu à Bourg-la-Reine, très inquiet. Nous étions dans sa chambre, sa femme, ses deux filles, Pierre Van der Meer et moi. Et soudain, ce fut la fin… Sur le moment même son visage a changé. Il y a, paraît-il, des êtres que la mort défigure et rend effroyables. D’autres auxquels elle apporte la paix. Le visage de Léon Bloy, ravagé, creusé par toutes sortes de souffrances, de misères, de douleurs, ce visage, soudain, était là, devant nous, devenu d’une admirable sérénité.(…)

    …J’aime fort peu Renan. Avons-nous le droit, parce qu’elle a traîné dans les pires écritoires, de refuser la phrase de Renan que François Mauriac citait avec effroi : « Il se pourrait que la vérité fût triste. »

    Mais il y a aussi la phrase qui, dans l’œuvre de Léon Bloy, domine la Femme pauvre : « il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. »

    Profondément indifférent aux sourires, aux surprises que je ne devine que trop vite, ne puis-je à mon tour rêver ? Il n’y a qu’une tristesse (peut-être, peut-être…) c’est de n’être pas vraiment, c’est de n’être plus vraiment des chrétiens. »

    Extrait de : Georges Auric, Quand j'étais là... (1978)

  • Littérature chinoise / 中国文学

    Je vous recommande cet article du Mystérieux barricadé, sur la littérature (érotique) chinoise. Vos commentaires ici-même sont, comme toujours, les bienvenus.