Comme je reçois plusieurs messages d'amis inquiets pour moi après avoir entendu aux informations qu'il y avait eu un tremblement de terre à Tôkyô, je tiens à les rassurer tous ici d'un coup : non seulement je n'ai rien eu, mais je n'ai même rien senti (! ). Je me trouvais à ce moment-là dans un immeuble à structure anti-sismique, ce qui fait qu'il a absorbé la vibration. Du coup, lorsque j'ai découvert la foule devant et à l'intérieur de la gare où je devais prendre un train, j'ai d'abord cru à un suicide, puis à un attentat. J'étais loin de soupçonner un tremblement de terre. Ainsi, de changements en attentes, entrecoupées de vaines tentatives de faire s'arrêter un taxi, il m'aura fallu deux heures pour faire le trajet Shinjuku-Ikébukuro, au lieu des dix minutes habituelles.
2005 Au fil de la plume 日記 - Page 10
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Rassurage lectoral 東京に地震 - 無事
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Toda of the Dead (5)
Axel n'était pas un sportif, ni un cogneur, mais avait l'esprit vif et des réflexes plus que corrects. Sans trop tergiverser, il repoussa son agresseur, à grand effort, d'un violent coup de pied dans les parties. Celui-ci s'applatit contre le mur avec un bruit sourd et liquide, mais il se releva presqu'aussitôt, grognant, la bouche sèche aux lèvres fendillées, grande ouverte, et se mit à pousser un râle encore plus strident.
"Waouh !", fit Guillaume.
"Bon, je crois que c'est lui ou nous", ajouta Axel, avec une logique imparable. "On rentre dans ta chambre, OK ?
- OK." Et en quelques secondes, il s'y engoufrèrent et refermèrent la porte au verrou. A peine l'avaient-ils refermée que le colosse se jetait contre, dans un effroyable fracas. De l'autre côté, Axel et Guillaume sentaient un frisson leur traverser l'échine.
"Tu sais te battre ?, demanda Axel.
- J'ai jamais suivi de cours, mais les rares fois où j'ai fait de la boxe avec mes potes, je dois reconnaître que j'étais le plus rapide, le plus fort, et que je les ai tous battus. J'esquive particulièrement bien."
Axel avait décroché. Il venait de remarquer au milieu des objets hétéroclites qui tapissaient le sol de cette pièce à l'athmosphère renfermée qui semblait plus une tannière qu'un cabinet de travail, quelque chose qui éveilla sa curiosité...
"Mais qu'est-ce que c'est, cette poupée ?
- Quoi ? Quelle poupée ?
- Celle-ci", et Axel s'empara d'une petite figurine manifestement fabriquée à la main, un petit personnage en tissus avec les cheveux en l'air. "C'est marrant, elle me ressemble.
- Quoi ? Mais qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est une coïncidence.
- Mais regarde, la coupe de cheveux, les vêtements. Et pourquoi elle n'a que quatre doigts à la main gauche ?
- Cette poupée, c'est de l'artisanat africain, c'est un souvenir de touriste, lors de mon voyage au Sénégal. Laisse, c'est de la mauvaise fabrication." Et sur ces mots, il reprit la figurine des mains d'Axel et la lança sous un empilement de gobelets portant les armes jaunes d'un célèbre "restaurant" rapide où un clown visiblement intéressés pas les petits enfants lui procurait régulièrement son alimentation de base. La porte continuait de vibrer, secouée par les attaques de ce bélier vivant (si l'on peut dire).
"Bon, soyons sérieux, dit Axel. D'abord Fabien, ensuite lui. Ils sont malades, et gravement. Pas besoin d'avoir fait des études de médecine pour comprendre que cette saleté de Furupara les a zombifiés.
- Dans ce cas, comment expliques-tu que je n'aie pas été contaminé ?
- Tu calfeutre ton système d'aération, et ce faisant, Axel désigna la bouche prévue à cet effet, située au dessus de la baie vitrée, et qui était colmatée par du papier et des emballages de bonbons tassés.
- Pourtant, je suis allé aux toilettes ce matin, et la fenêtre était ouverte.
- Oui, mais à ce moment-là, les effluves toxiques avaient déjà cessé.
- Bien vu. Alors qu'est-ce qu'on fait pour Fabien ?
- Rien, il va devenir comme l'autre bulldozer dehors. Espérons pour lui et pour nous qu'on ne se retrouve plus une seconde fois face à face. Il faut que je foute le camp de ce pays. Et je te conseille d'en faire autant.
- Laisse-moi quelques instants pour réfléchir.
- Comme tu veux, moi j'appelle Pablo et Théo pour les prévenir." et sur ces mots, il sortit son téléphone mobile qui est à la vie japonaise d'aujourd'hui ce que l'éventail fut à celle d'hier, et appela Pablo. "Allo, Pablo, c'est moi ! Dis, où es-tu en ce moment ?
- Là, je suis sur le chemin de la résidence, fit la voix à l'autre bout du fil. C'est dingue, il y a des voitures de police partout, et on a contrôlé mon identité, sans me dire ce qui se passait. Encore heureux qu'on m'ait pas fait une prise de sang ! Tu sais, moi, le sang, j'aime pas trop ça.
- Désolé, jeune zoulou, mais tu risques d'en voir très bientôt.
- Quoi ?!
- Tu ne vas pas me croire...
- Non, en effet, je n'te crois déjà pas !
- Bon, salut ! Non, j'rigole. Plus sérieusement, il semblerait que...
- C'est quoi, ce bruit sourd derrière toi ?
- C'est justement là où je voulais en venir : on a au moins deux zombies dans la résidence, et l'un d'eux est très teigneux.
- Non mais j'y crois pas, on nage en plein délire. Mais bon, qui c'est, ton zombie qu'à pas la classe ?
- L'Homme à Tête de Fugu !
- Oh non... Attendez-moi, avant de vous faire dévorer, j'arrive !
- Fais attention, je plaisante pas !
- J'arrive ! A tout de suite" Et Pablo raccrocha.
"Alors ?", demanda Guillaume.
"Il sera là d'un moment à l'autre. Il dit qu'il y a des voitures de police partout et qu'on l'a contrôlé.
- Maaaazette !" A cet instant même, la porte s'ouvrit violemment, projetant Axel sur Guillaume, à l'autre bout de la petite pièce. Ils glissèrent sur les feuilles de papier et les livres qui jonchaient le sol et vinrent frapper la baie vitrée, l'un contre l'autre.
"Ahhhh, mon dos, s'exclama Axel.
- Et moi, alors, tu m'écrases."
Le colosse ne les laissa pas terminer et se rua sur eux, les crocs acérés. Guillaume se leve d'un bon et se saisit de ce qu'il trouva sur son bureau, à savoir deux crayons à papier bien afutés. Un sourire inquiétant illumina son visage et ses yeux étincelaient d'une lueur inhabituelle. "A nous deux, cher voisin !", s'exclama-t-il. A peine son assaillant l'avait-il saisi d'une poigne de fert, aux épaules, que, par en dessous, d'un mouvement circulaire, Guillaume passa ses bras derrière les homoplates de son adversaire et, sans hésiter, lui planta les deux crayons... dans les oreilles. L'Homme à Tête de Fugu exhala un petit râle puis, ses yeux révulsés, s'écroula à la verticale, sur les genoux, faisant trembler les meubles au passage.
"Bon sang ! , s'exclama Axel, tu l'as eu. Je t'ai toujours dit que tu savais manier le crayon, mais j'ignorais que tu étais ambidextre.
- Moi aussi, jusqu'à aujourd'hui. Ca me fait un talent de plus. Bon, on va se faire Fabien ?
- Quoi ? Non mais ça va pas ?! -
"Star Wars Revelations" ってなあに ? (c'est quoi ?)
En passant, je signale une réjouissante découverte, celle de Star Wars Revelations, un moyen métrage réalisé avec un budget conséquent par d'authentiques fans de Star Wars, et que j'ai trouvé plus intéressant que La revanche des Siths. Le résultat est époustoufflant pour un film de fans, et le scénario tient la route. On retrouve tout ce qui a fait le charme de la vieille trilogie, effets spéciaux d'aujourd'hui en plus. Les costumes sont bien, les décors de toute beauté. Les acteurs jouent tous bien, même s'ils ont des têtes d'otaku, mais bon... Un exploit qu'il sera désormais difficile de dépasser dans sa catégorie.
Le film est disponible en téléchargement (en différents formats, dont celui de la PSP (!)) avec un élégant menu de type DVD et même quelques bonus, gratuitement avec le consentement des auteurs, à cette adresse : http://www.panicstruckpro.com/revelations/revelations_movie.html.
Bon visionnage. -
Quart-ton (2) - blabla en attendant d'avoir le courage de m'y remettre
Les emballages et empaquetages continuent. J'ai envoyé les deux tiers de ce que je devais. Demain, j'emmène à la Poste trois cartons (2 voyages) sur mon petit chariot (emprunté au concierge). C'est sympatique, ces petites promenades, surtout quand on rentre avec le chariot vide (hélas, le porte-monnaie l'est tout autant, d'où le nombre de cartons que je suis obligé d'envoyer par bateau, et non avion).
Quand j'en aurai fini avec la logistique, je ferai un dernier voyage (je ne parle pas à chaque fois de mes sorties, ça n'aurait rien d'intéressant) en Iwaté 岩手県. Vue ma paresse (je rappelle que pour mon précédent récit de voyage, j'en étais resté à mon départ de Hiroshima 広島. Après, il y avait eu Miyajima 宮島 (un trésor du Japon), Suô Ooshima 周防大島 (le but de ce voyage), et j'avais poursuivi jusqu'à la pointe de Honshû, jusqu'à Shimonoséki 下関 (où fut notamment signé l'armistice avec la Chine)), je ne crois pas que je prendrai le temps d'en écrire le récit. Si cela vaut vraiment la peine d'être raconté, peut-être ferai-je un court résumé.
Je reste quand même bardé de bonnes résolutions, notamment (dans le désordre) des notes sur les deux Solaris ; une sur Alexandre ; une sur Aphex Twinn ; d'autres présentations de Grecs et de Latins ; la suite de "Toda of the Dead" et d'"Emprise progressive" (la nouvelle la moins commentée de toute l'histoire de Haut et Fort - et pourtant, elle s'insère dans un projet plus vaste...), et deux-trois poèmes parce que je ne suis pas un poète. (J'entends certains dire : "On avait remarqué")... Plus deux ou trois rogatons... -
Des femmes revendiquant le droit de devenir "prêtre"
Quand j'étais petit, mes institutrices (à l'époque, on ne disait pas encore "professeures dézécole") successives m'avaient appris que le plus grand nombre de nom de métiers ou d'occupation avaient une forme masculine et une forme féminine (un acteur, une actrice ; un instituteur, une institutrice etc.), mais que d'autres n'avaient qu'une des deux formes (un écrivain devenait au féminin une femme de lettre ou une romancière ; une estafette, une sentinelle, même de sexe masculin, devaient se contenter du féminini). Depuis moins de vingt ans, une tendance se dessine, celle de la féminisation des noms de professions. Sont donc apparues par exemples des professeures, écrivaines et autres pompières (ah oui ?), mais pas d'estaffet ni de sentinel...
Plus fort encore, certaines femmes en viennent à ne plus utiliser la forme féminine d'un nom de profession et utilisent la forme masculine : ainsi une ancienne voisine à moi se désignait-elle comme avocat, et non avocate, à l'écrit comme à l'oral. J'attends les actrices qui revendiqueront le droit démocratique de devenir acteur, et les homme celui de devenir reine (pour la drague, c'est un fait acquis, semble-t-il... ).
Dernière tendance : vouloir exercer des métiers d'homme alors qu'il existe un équivalent féminin. C'est un cas rarissime, mais qui a trouvé une illustration récemment, avec l'histoire de cette dame mariée qui s'est fait ordonner prêtre par des femmes évêques. J'ai été une fois de plus déçu par l'approximation avec laquelle la presse même écrite a traité le problème (ou le sujet, cela dépend de ses convictions).
Cette affaire à mon sens soulève plusieurs questions :
- La question du genre des dénominations de métier ;
- L'accession à la prêtrise d'une personne mariée ;
- L'accession à la prêtrise d'une femme ;
- Le refus de devenir nonne tout comme de se convertir au protestantisme, religion du mari ;
- Le fait de donner les ordre quand on est une femme ;
- La question de la réponse des autorités religieuses ;
- La comparaison avec les autres religions.
La plupart de ces questions n'ont pas même été abordées, et lorsqu'elles l'ont été, ce fut hâtivement et sans profondeur.
Ainsi pour moi, auteur catholique plus proche de la tortue qui prend le temps d'avancer que de la grenouille qui coasse avec ses consoeurs dans son bénitier, ce qui m'a d'abord frappé, ce fut le fait que cette femme veuille devenir prêtre et non pas nonne. Dans le catholicisme, les hommes deviennent prêtres ou moines, et les femmes deviennent nonnes. Les deux jouent un rôle d'égale importance spirituelle et les deux font voeu d'obéissance et de chasteté. Les religieuses célèbres, qu'elles soient saintes et/ou mystiques et/ou théologiennes, sont nombreuses et respectées tant par les croyants que par les prêtres. Sainte Claire (immitée par Sainte Colette) avait même édicté une Règle pour son Ordre qui fut approuvée par le pape (je l'ai appris sur France Culture récemment (1)). L'argument selon lequel les femmes joueraient un rôle mineur dans l'Eglise est donc invalidé.
Bon, disons que cette dame veuille faire la messe devant ses amis avec un bel habit d'homme et en montrant ses cheveux (quoiqu'il existe des nonnes habillées en laïques, on dit souvent "en civil", comme s'il s'agissait de militaires). J'y vois là une note d'orgueil, voire de vanité, mais passons. Pourquoi dans ce cas ne pas se convertir au protestantisme, religion de son mari, je le rappelle, qui permet aux femmes de devenir pasteurs (pasteures ? (non, pas pastourelles)) puisqu'il n'y a pas de dédoublement de la carrière, une pour les hommes, et une pour les femmes (un pasteur n'ayant pas reçu d'ordres, mais étant simplement un volontaire persévérant ayant étudié la Bible) ? Là encore, raison invoquée : fidélité au catholicisme. Curieux, quand on sait que ce dernier, ayant prévu une place pour chacun, interdit les inversions de rôles. Elle revendique donc quelque chose que la religion à laquelle elle dit être attachée condamne. Et il ne s'agit pas de mettre un préservatif en cachette (dans l'intimité, donc), non, il s'agit d'occuper une fonction publique.
Par ailleurs, et concommitamment, comme je l'ai annoncé plus haut, le catholicisme interdit (personnellement, je trouve cela contestable, et je reviendrai peut-être un jour sur ce point) aux personnes mariées de devenir prêtres (ou moines) ou nonnes. Là encore, bravade en connaissance de cause et dont aucun journal à ma connaissance n'a relevé l'étrange redondance...
Enfin, ce qui me parraît le plus étrange, mais en y réfléchissant bien, peut-être le plus révélateur, ce fut cette envie de devenir, non pas "prêtresse" (2) (c'est à dire féminiser la fonction), mais "prêtre" (c'est à dire exercer une fonction d'homme). [Je ne parlerai pas du physique de la dame qui jouait peu de sa féminité, mais passons.]
Tout cela me parraît révéler, en synthèse, deux points, ou plutôt deux confusions.
La première, c'est que la dame tout comme la presse, n'ont pas compris que dans l'Eglise catholique, il n'existe qu'une profession : celle de religieux, tout comme il n'y a qu'une profession chez les juifs, celle de rabbin, et qu'une chez les protestants, celle de pasteur. Seulement, chez les catholiques, cette unique profession se divise en "espèces" (comme les animaux) dont la modalité est le genre. Dire : il y a inégalité, c'est se méprendre totalement sur la valeur, sur l'importance des religieuses et c'est leur faire offense (mais ce sont de bonnes personnes et elles ont bon dos, depuis le temps que les media, les amuseurs et les pornographes tentent tout pour les rabaisser). Donc, pour une femme, vouloir devenir "prêtre", c'est en fait vouloir (inconsciemment) changer de sexe.
La deuxième confusion, c'est de croire que le catholicisme est au service des revendications incessantes du "social", lui même fortement influené par les media, quoi qu'en disent ceux-ci. D'ailleurs, comme je viens de l'exprimer plus haut, dans ce non-évènement, je ne vois guère qu'une femme qui veut jouer au curé devant des fidèles, sans renoncer à rien, à commencer par le sexe (les relations sexuelles, j'entends). En somme j'y vois deux péchés mortels : l'orgueil et la luxure (pour ce dernier, je me place dans la position du catholique qui approuve l'interdiction faite aux personnes mariées de devenir religieux), le premier étant ici (c'est mon opinion tout à fait personnelle, et rien d'autre) plus grave que le second. Cette volonté de puissance (phallique) m'apparaît donc comme tout à fait symptomatique de notre époque pleine de confusion, ou l'inculture et la vanité se partagent les parts du lion.
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(1) : à ce propos, je note que (là aussi,) les nonnes parlaient de leur "monastère" et non de leur "couvent". Des moines auraient peut-être évoqué leur "couvent". Je croyais de bonne fois qu'il s'agissait du contraire, mais bon...
(2) : peut-être ce nom évoque-t-il, dans l'inconscient collectif, des images à la Rahan de femmes bien faites de leur personne (dé)vêtues de peaux de bêtes et faisant de grands gestes devant des cranes, des plumes à leur coiffe...