Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2005 Au fil de la plume 日記 - Page 7

  • Tupiniers

    Chaque année désormais (sauf erreur de ma part), a lieu à Lyon, dans le quartier Renaissance, au pied de la cathédrale Saint Jean, le marché des potiers. On appelle cela les Tupiniers. J'ai pris deux demi-journées pour le visiter, et j'y ai fait des trouvailles intéressantes, même si je n'ai rien acheté. Pourtant, l'artisan qui m'a le plus intéressé ne faisait pas partie de cette manifestation. Je connaissais déjà sa boutique, mais sans y être jamais entré. En vitrine, on y trouvait une ou deux calligraphie japonaise et une coréenne. Sis en plein coeur du Vieux Lyon, dans la rue la plus fréquentée par les touristes, c'est un local à l'ancienne, aux pierres apparentes. En entrant, on entend craquer sous ses souliers : ce sont les graviers qui recouvrent le sol. Le propriétaire est un personnage idéaliste, qui parle beaucoup et n'écoute guère, vous coupant d'un "C'est sûr ! ", "C'est pas la question !" ou encore "J'comprends bien, mais"... Il a à coeur de restituer l'âme du moment dans ses poteries, et considère ce type d'oeuvres comme un medium pour rapprocher les gens. Loin de souhaiter voir ses bols, ses jarres et ses assiettes dans des vitrines chez de riches particuliers ou dans des musées, il apprécie de les voir servir à un usage quotidien : boire du thé, par exemple, ce qu'il m'a proposé, avant de m'offrir sans façon de délicieuses prunes.
    C'est aussi quelqu'un qui, bein que ne parlant pas de langue étrangère, apprécie de travailler avec des étrangers, notamment japonais et coréens, et ne s'étonne plus de retrouver des connaissances à lui dans un pays tiers où le hasar d'une collaboration artistique l'appelle. "La distance n'est jamais géographique, elle est dans la volonté de s'éloigner ou dans l'oubli", me dit-il en substance.
     Alors que je ne lui avais pas dit grand chose, il m'offrit une de ses oeuvres alors que je n'avais rien acheté. Ce n'est que partie remise.


    [La suite bientôt avec une ou deux photos.]

  • Nouveau travail (2) 教師の仕事のこと

    Je sais à présent exactement ce que je vais enseigner à mes élèves.

    [...]

    En outre, il se peut que se joignent à cela des activités annexes diverses.

    Le lecteur ne le sait peut-être pas, mais à cela s'ajoutent mes recherches. Je ne vais donc pas travailler "seulement" trois heures pas semaine, mais en fait bien plus.

    Comme on le voit, j'ai un programme assez chargé. De toute façon, mieux vaut une grande activité que l'oisiveté. Et cela fait des années que je n'ai pas ressenti la sensation d'ennui.

  • Dantec sur France culture

    Hier, Maurice Georges DANTEC était l'invité de "Tout arrive" sur France Culture. Moi qui suis chez Haut et Fort, j'ai honte de le dire, mais je n'ai encore jamais lu un seul livre de cet auteur déjà culte de son vivant. Je crois que je vais sauter le pas. Je commencerai par un titre plus ancien (pour raisons financière et de place, les livres récents paraissant d'abord en grand format). Que me conseillez-vous ?
    J'ajoute que les passionnantes critiques du Stalker et du Transhumain m'ont décidé à sauter le pas.

    Ca n'était pas la première fois que j'entendais DANTEC, car j'avais déjà téléchargé une interview de lui sur internet. Mon impression est que sa diction hésitante ne traduit pas une confusion de pensées, mais peut-être une difficulté à redescendre au niveau du commun des journalistes et, tout simplement, à la fois une timidité et une humilité qui l'honore. Les vêtements parfois extravagants qu'il aime à porter ne me semblent être qu'une sorte de carapace symbolique comme aiment à s'en créer tous les timides.

    Ainsi donc, projets de lecture pour la rentrée : du DANTEC, du Renaud CAMUS, mais aussi quelques nouvelles fantastiques de BALZAC, du Robertson DAVIES, du Robert VAN GULIK, du DUMAS père...
    ... sans compter mes lectures "professionnelles".

  • La Duchère fait peau neuve 醜い郊外の団地であるラ・デュシェールは取り壊されている

    Parmi les cités du neuvième arrondissement (donc dans la ville, et non en banlieue, contrairement à Vénissieu, par exemple), La Duchère est la plus grande, et pour sa taille, elle est une des moins dangereuses et des plus vertes. Pourtant, à l'image des autres cités de la ville, et de ce pays, elle est loin d'être une modèle d'urbanisme et d'architecture. Situé à flanc de colline, elle est constituée de barres gigantesques qui détruisent l'harmonie de l'aspect général de la colline de Fourvière. Là, s'entassent des familles pauvres dans des appartements trop petis, trop sonores, dans des immeubles (hideux, mais c'est une question de goûts), qui ne respectent aucune norme de sécurité ni d'accessibilité aux handicapés, malgré des remises à neuf qui les ont préservés comme neufs. Si la gare de Perrache est la verrue de la ville entière, et notre honte éternelle (jusqu'à ce qu'on se décide enfin à la détruire et à reconstruire quelque chose de correct (mais ça coûterait trop cher, et aucun élu ne souhaite prendre ce risque électoralement suicidaire)), La Duchère est la honte du 9è, assurément. Une barre, en particulier, coupe (en réalité enjambe) une route montante et obstrue la perspective, donnant l'impression d'étouffer le quartier dans un périmètre ovale. C'est le ghetto. Et malgré tout des gens y vivent, aiment leur quartier sur la colline verdoyante, et on ne s'y tue pas.
    La ville a décidé de réagir, et contrairement au "cas Perrache", elle peut ici se le permettre, manifestement. Mes informations ne sont pas complètes, et j'invite le lecteur à m'apporter tout complément qu'il jugerait nécessaire, mais ce qui est sûr, c'est que deux barres, les plus grandes, sont en train d'être démolies. Je suis allé y faire un tour, et j'ai pris quelques photos.

    medium_pict0026_web.jpgmedium_pict0029_web.jpgmedium_pict0038_web.jpgLa barre la plus longue, celle qui enferme la cité, fait partie des bâtiments qui sont actuellement en démolition. Il est prévu cette fois de ne plus reconstruire au dessus de la route qui passait à travers. Toutes les nouvelles constructions, paraît-il, seront plus petites, et les commerces seront encouragés. Peu nombreux pour le moment, ils devraient se développer, d'autant que, comme je l'ai dit, La Duchère est, avec la Cité Edouard Herriot, actuellement en démolition et reconstruction, une des moins dangereuses de nos cités. Assisterait-oin à un "embourgeoisement" de nos cités lyonnaises ?
    Un jour, si le coeur m'en dit, je vous parlerai de la Cité Edouard Herriot et son histoire. Quoi qu'il en soit, concernant ces deux cités, on ne peut que se réjouir des initiatives des pouvoirs publics qui prouvent pour une fois que des projets de reconstruction de logements populaires de meilleure qualité sont réalisables. Mais l'expérience des Pentes de la Croix Rousse comme de Fourvière semblait déjà l'avoir laissé entendre.

  • Toda of the Dead (6)

    Pablo franchit le seuil de la résidence. Personne dans la loge du gardien. Il ôta ses chaussures et passa à son casier prendre ses claquettes en plastique et, comme souvent, oublia de retourner la plaquette qui indiquait sa présence (ou son absence) dans le bâtiment. Il fit quelques pas, longea le réfectoire et, alors qu'il arrivait au niveau des douches, la porte s'ouvrit lentement et un personnage nu comme un vert en sortit. C'était celui qu'ils appelaient "le Huileux", un garçon filiforme aux longs cheveux gras, aux vêtements tachés, qui mangeait toujours la bouche pleine, très lentement, l'air absent. Il ne parlait à personne, et aimait à entrer dans le bain sans avoir pris de douche préalable, ce qui était absolument interdit. Certains résidents plus propres que lui en firent les frais, en ressortant dudit bain avec une infection très mal placée...
    Bref, le Huileux était là, devant Pablo, les joues pleines, et du sang lui coulait de la bouche, le long du coup traversé de grosses veines foncées. Ses yeux avaient perdu toute couleur, et il respirait bruyamment, sans doute avec difficulté. Il continua de mastiquer son étrange repas tout en fixant son voisin. Pablo, déjà passablement indisposé à la vue du corps nu de ce personnage qu'il n'appréciait guère, eut un haut le coeur lorsqu'il découvrit que l'autre tenait convulsivement à la main un morceau de boyau dégoulinant de sang.
    Axel n'a pas menti, pensa-t-il. Satan, Prince de ce monde, est en train de passer à l'attaque. Je le savais. Si je suis encore en vie, c'est que... Il n'eut pas le temps de se dire autre chose que le Huileux se jeta sur lui, sans lacher les trippes. Il voulait le mordre, mais plus il ouvrait la bouche, et plus des morceaux de vicères déjà mâchés en sortaient et l'obstruaient. Pablo, qui se souvenait de ses rudiments de boxe française, lui asséna un violent coup de poing dans le ventre. Le zombie se plia en deux, mais revint à la charge, l'air énervé, et il lacha son déjeuner au passage ; ses mains aux ongles longs et noirs menaçaient Pablo. "Tu en veux encore ?", s'exclama Pablo en français. Et alors que le zombie s'apprêtait à se saisir du bras du Français, celui-ci reprit sa garde et lui envoya un salvateur direct du gauche en plein milieu du nez. Le mort-vivant s'écroula, assommé. "Je t'ai jamais aimé", lui lança-t-il en japonais, ajoutant au passage en français : "T'avais pas la classe". Puis il prit ses jambes à son coup et courut jusqu'à sa chambre, montant les marches deux à deux. Il eut juste le temps de voir un autre zombie japonais qui se dirigeait vers lui, mais déjà il s'engouffrait dans sa chambre qu'il verrouilla. Adossé à la porte, il attendit quelques instants que son coeur ralentit, puis il s'assit par terre et tenta de réfléchir. A la fois rempli d'une peur froide qui le raidissait, et d'une certaine joie à l'idée qu'il n'avait pas cru en vain, il resta quelques instants ainsi, l'esprit en ébullition.

    Au même moment, dans la chambre de Guillaume, ce dernier et Axel entendaient taper contre le mur mitoyen avec la chambre de Fabien. "Ah ! Il se réveille", fit Guillaume, l'air faussement sérieux. Puis le bruit cessa. Pendant une bonne dixaine de secondes, le silence régna dans la pièce, n'était la respiration d'Axel qui avait le nez bouché. Malgré le fait que Guillaume avait prouvé son audace et fait montre de sa force, Axel n'était pas pour autant rassuré, loin de là. Allez savoir ce qu'il nous prépare, pensa-t-il. A cet instant, un double bruit se fit entendre, et les deux Français sursautèrent. Le téléphone de Guillaume venait de sonner, et au même moment, on tapait contre la baie vitrée. Les rideaux voilaient le balcon. "Laisse les rideaux tirés, lança Axel." Guillaume ne répondit pas et se jeta sur le combiné. "Allô ? ", fit-il de sa voix habituelle, petite et prudente. "C'est Pablo ! " dit-il en jetant un coup d'oeil à Axel. "OK, on t'attend. Fais attention et dépèche-toi." Il raccrocha. "J'en profite pour appeler Théo", et il composa le numéro de celui-ci. Aucune réponse.
    "Il est allé faire des courses.
    - Espérons qu'il ne servira pas de dîner en chemin", dit Guillaume avec le sourire.
    A ce moment, on frappa à la porte. Axel s'approcha : "Qui est là ?...
    - C'est moi, ouvre, dépèche", fit la voix de Pablo, plus excitée qu'à l'accoutumée.

     

    Lire le chapitre 7.