Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2006 Au fil de la plume 日記 - Page 13

  • On est mieux ici qu'en bas ou Sarah FOURAGE à son meilleur 最近見た芝居

    Après une pièce de folle signée Copi (La Tour de la Défense) avec homme nu et (jolie) femme droguée nue infanticide, numéro de folle à la Zaza, Arabe cuisinant du serpent mangeur de rat, en un mot Le "père" Noël (ici les tantes du Nouvel An) est une ordure, version dix fois plus trash (une femme endormie - "donne-lui du plaisir pendant qu'elle plane, elle te réclame ! - J'peux pas, j'aime pas les femmes !"), après un humour limite-limite, une esthétique kitch et une pièce (même si bien jouée et bien montée, sans mauvais calembour), trop longue, j'ai décidé de remonter le niveau.
    Autre point positif tout de même, la scénographie inventive, irréprochable (comme toujours) de Stéphanie MATTHIEU, décidément pleine de talent.

    Je suis (donc) allé voir "On est mieux ici qu'en bas", pièce avec des chansons (plutôt que "comédie musicale" - genre dont j'exècre 99 pourcents des représentants) de et avec Sarah FOURAGE, une des jeunes dramaturges les plus remarquables de sa génération (et je pèse mes mots), et qui plus est une comédienne hors pair d'un naturel confondant, qui porte en elle - outre toutes les qualités d'une excellente comédienne - une déchirure dont elle fait bénéficier les personnages blessés comme elle, qu'elle incarne pour m'émouvoir aux larmes (et ce sans pathos !). Elle est la seule à y parvenir. Ici, il s'agit de l'histoire d'une fratrie, mais peut-être est-ce aussi - qui sait ? - une double représentation du mental de l'auteur, à la fois blessé dans sa chair (la soeur), son esprit (le frère), optimiste (la soeur) et pessimiste (le frère), violée (la soeur) et violente (le frère), forte (la soeur) et faible (le frère)... Des seconds rôles désespérants (la mère et son blues, droguée au médicament par une multinationale pharmaceutique de cauchemar ; les employés dévoués prêts à tout pour leur société dévoreuse de corps ; l'amoureux - seul personnage moins intéressant, dont les grands parents se sont suicidés - le grand père fantôme vient d'ailleurs discrètement hanter la scène).
    Au point de vue musical, même si je trouve que les chansons ne s'imposent pas, force est de constater qu'elles sont jolies, simples mais pas trop, élégantes, et si bien chantées. Elles le sont toutes en accoustique, accompagné d'un piano. Sarah FOURAGE tout comme Vincent FARASSE (rayonnant en sbire zélé et barbu) m'ont étonné par leur technique vocale excellente. Je parle de voix, mais hélas, ce blog ne saurait les rendre, et celle de Sarah mérite qu'on l'écoute et peut-être, cher lecteur, en sera-t-il de même pour vous que pour moi (je le souhaite) : l'entendre dès sa première apparition, c'est déjà vibrer. Légèrement plus basse que ce à quoi on s'attend, mais claire encore, elle entre dans ma chair comme celle de Jon ANDERSON (dans le domaine, lui, de la seule chanson), avait pu y parvenir auparavant. A chaque fois, j'en ai la chair de poule.
    Alors après cela, je ne parlerai pas du joli physique de la comédienne : on pourrait croire des choses. Et pourtant : quelle grâce, quelles lignes agréables, quelle féminité (sans ostentation - une féminité non aguicheuse, une féminité vraie et simple, et toujours cette fêlure, ce regard qui semble voir au delà des choses et des gens). Faire oublier un physique agréable par un charisme, mais aussi par des mots, un texte profond, tout autant que par des silences, c'est peut-être cela aussi, le plus grand des talents. Et dans ces cas-là, tout ce que je trouve à dire est : "Merci".
    Signalons pour teminer l'honnête prestation de Thomas POULARD, très à l'aise dans son rôle.

    Ces instants de théâtre sont peut-être une des choses qui m'ont le plus manqué à l'étranger (même si j'apprécie beaucoup le , mais ce n'est pas la même chose), et ma soif de théâtre est insatiable.

    La Tour de la Défense, de Copi, au Théâtre des Ateliers (jolie salle, d'ailleurs)
    Mise en scène : Emmanuel DAUMAS ;
    avec : Nazareth AGOPIAN ; Grégory GOUBAND ; Eddy LETEXIER ; Karim QAYOUH ; Antoine ROUX et Radha VALLI.
    Scénographie : Stéphanie MATTHIEU
    Costumes: Cara Benassayag
    et plein d'autres gens qui font plein d'autres choses...

    On est mieux ici qu'en bas, de Sarah FOURAGE au Théâtre des Célestins (s'il vous plaît !)
    Mise en scène : Marie Sophie Ferdane
    Assistant : Cyrille Doublet
    Avec : Jean-Marie Boëglin ; Vincent Farasse ; Sarah Fourage ; Rudy Galiffi ; Véronique Kapoïan ; Carl Miclet et Thomas Poulard
    Musique: Philippe Grammatico et Sarah Fourage
    Scénographie : Bruno De Lavenère
    Costumes: Cara Benassayag (comme pour la pièce précédente)
    Régie général :Bruno Marsol
    Lumières : Eric Rossi
    Son : Benjamin Furbacco

  • Nouveaux liens 新しいリンク

    Voici quelques nouveaux liens avec mes salutations aux lecteurs qui continuent de m'apporter leur confiance et leur intérêt, malgré ma paresse à mettre ce blog à jour (avec une petite pensée spéciale pour Fleur dont les textes sincères et travaillés se sont arrêté de paraître, laissant un vide).

  • Au pays où il est interdit d'interdire... / De la question des enfants

    Ca n'est pas de l'actualité (quoique... ), mais au hasard de clics, je suis tombé sur ça...
    En plein âge d'or soixante-huitard (dont je me demande quand on finira d'en payer les pots cassés), un journal national comme Libération aurait publié un texte en faveur de la liberté des pédophiles. Comme quoi la bêtise et l'inconscience peuvent facilement mener à la monstruosité et au crime.
    Ca me rappelle une pétition (signée à mon grand étonnement par françoise DOLTO) sur la liberté des enfants à avoir une sexualité (je me dois de signaler cette interview qui nuance le propos mais déplore la critique actuelle des "libertaires") !
    Le plus terrible avec un problème comme celui-ci, c'est qu'il est de plus en plus difficile de le cerner complètement sans évoquer de scandaleuses justifications dont on n'a guère envie de citer le texte, voire aussi de coupables silences de certaines communautés (rappelez-vous à quel âge telle fillette a épousé telle personne célèbre)... Mais passons.


    Par ailleurs, dans notre beau pays laxiste (laxatiste - vous excuserez le néologisme douteux), on ne s'étonnera pas de voir des parents égoïstes et hédonistes (je me rappelle nettement qu'à l'école primaire, nombre des parents de mes petits camarades partaient en vacance en couple, laissant leurs enfants sous la garde de baby-sitters complaisantes.... ), pas plus que des enfants, non pas "mal élevés", mais pas élevés du tout. Alors moi, ce qui m'envahit, ce n'est pas la haine (jamais), ni la colère (non, c'est rare, et je le regrette toujours), mais la pitié, la peine pour cette jeunesse qui n'a même pas conscience de mal agir. J'en veux aux parents, je désapprouve leur conception de l'éducation. Pour moi, éduquer un enfant, ce n'est ni être laxiste (tout laisser passer), ni être tyrannique. Il faut essayer d'expliquer les choses, à commencer par le respect, et un terme - c'est pourtant du bon sens (mais c'est ce qui semble faire le plus défaut à la société actuelle) - ça se définit dès le départ (c'est ce qu'on apprenait, autrefois, à l'école)... Le mot "respect" a, par exemple, en arabe, le sens premier de "crainte", alors que, traduit en japonais, il est rendu par plusieurs mots qui expriment des nuances infimes selon le contexte (nuances inexistantes en français) : sonkei 尊敬 (ou sonkyô), kei'i 敬意, ikei no nen 畏敬の念, sonchô 尊重, uyamai 敬い...
    J'ai l'air de tenir un discours alarmiste et simplificateur (je le répète, les cas sont multiples et les situations souvent complexes), mais à l'université même, on tombe de plus en plus souvent dur des personnes qui ignorent tout de la plus élémentaire bienséance (tenue correcte, façon de s'asseoir, de parler à l'enseignant), alors qu'ils sont majeurs. Déjà que chez les gens de ma génération (ceux nés dans les années 70), ça n'est pas fameux, mais alors ceux de la génération née dans les 80's...

    J'arrête là, mais le Père la morale ("C'était mieux avant" !) reviendra bientôt.

  • Emprise progressive (7)

    Depuis un moment, Annick regardait Raphaël bizarrement. En effet, il s'agitait sur son siège et son front était couvert de gouttelettes de sueur.
    "Qu'est-ce qui t'arrive, Raphaël ?", demanda-t-elle, sans être mue par autre chose que la curiosité que l'on pourrait éprouver devant un micro événement concernant une personne dont, au fond, on se désintéresse.
    "Justement, je voulais te demander, commença le jeune homme en s'adressant à son cousin, tu ne pourrais pas regarder mes jambes ?
    - Qu'est-ce qui t'arrive ?
    - Elles me font mal, ça brûle, ça tire, une douleur de nerf peut-être.
    - Laisse voir le professionnel. On va passer dans le cabinet." Ce qu'ils firent.
    Raphaël pénétra dans un cossu cabinet au mobilier tout aussi coûteux que l'appartement, à ceci près que là, il trouvait un minimum d'unité dans les formes et les styles.
    "Bien, voyons ça, fit l'homme d'une voix calme et monocorde."

    Raphaël retira son pantalon. Il tomba d'un bruit sec. A la vue des jambes de son cousin, l'ostéopathe eut un bref gêmissement de surprise. Rapël lui-même sursauta et poussa un petit cri de stupeur. L'aspect de ses jambes n'était plus le même que dans la matinée. On y constatait de multiples chaines des ganglions violacés, douloureux au toucher sur toute leur longueur.
    "Je ne m'attendais pas à ça, alors ça non. Ca fait longtermps que c'est comme ça ?
    - Non, elles étaient normales ce matin ! C'est incroyable.
    - Je suis désolé, je ne vais rien pouvoir faire pour toi. Ton cas n'est pas dans mes compétences. Je préfère t'emmener tout de suite aux urgences.
    - Je te suis." Raphaël, chancelant plus encore d'émotion que de douleur, remonta son pantalon en tremblant.

    De retour dans le salon, ils découvrirent Annick, un seau à la main, devant la fenêtre ouverte. Dehors, on entendait une femme qui criait. "Elle l'a pas volé, celle-là", dit-elle presque pour soi. Alors que dehors, la femme lui lançait : "Vous devriez avoir honte, madame ! Nous sommes des êtres humains comme les autres ! C'est dégoûtant, à votre place, j'aurais honte !".
    "Mais qu'est-ce qui se passe, chérie ?, demanda Hector sans trop sembler se préoccuper de la réponse de sa femme, qu'il imaginait sans doute.
    - Encore cette trainée qui raccole dans la rue, sous nos fenêtres ! En tant que syndic de la copropriété, je me dois de veiller aux intérêts des copropriétaires. Ici, c'est du standing, du standing ! Qu'elle aille se faire foutre ailleurs, la sidaïque !" puis, se tournant vers les deux hommes, son visage changea soudain d'expression, passant de la colère à l'auto-satisfaction. Elle avait déjà oublié la consultation. En d'autres circonstances, Raphaël se serait indigné du comportement de cette femme, mais il commençait à la connaître, et il n'avait qu'une envie, c'était d'être fixé sur son sort.
    "Je dois emmener Raphaël à l'hôpital, je n'en ai pas pour longtemps.
    - Qu'est-ce qu'il a ? Tu ne pourrais pas lui appeler un taxi ?
    - Non, c'est bon, je peux quand même l'emmener ? Ne m'attends pas.
    - Ah bon. J'espère que ça ira."
    Raphaël répondit par un faux sourire de circonstance, plus un rictus qu'un sourire, d'ailleurs, mais il avait l'habitude d'en être réduit à ça avec la "famille".
    Les deux hommes enfilèrent leurs manteaux et sortirent sans demander leur reste.
    Une fois en bas, il croisèrent une prostituée trempée de la tête aux pieds. Elle apostropha Hector :
    "Vous direz à votre femme que derrière la prostituée, il y a une femme, et qu'il nous reste encore un peu de dignité.
    - OK, désolé ! répondit-il, et il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit un portefeuille en cuir.
    - Je ne veux pas de votre argent, ça ira, merci", dit la fille, et, s'écartant, elle s'éloigna en croisant les bras, d'un pas chancelant. Raphaël la regarda s'éloigner avec tristesse et pitié. Il se sentit solidaire de cette triste humanité souffrante.
    Arrivé devant un énorme 4X4 flambant neuf :"Voilà ma voiture, fit le cousin. Monte". C'était la première fois que Raphaël pénétrait dans un de ces chars urbains.

    La route fut courte, mais, malgré cela et malgré le confort indéniable des sièges et des suspensions qu'offrait ce type de véhicule, Raphaël se tortillait de douleur sur son siège.
    Après, le temps requis par la descente, une courte marche et les formalités administratives et l'attente, tout cela parut évidemment une éternité au jeune homme, même si au final ce ne fut pas si long.
    Enfin, un médecin finit par arriver. C'était un petit homme à moustache et barbichette, tel qu'on en voyait beaucoup à la fin du XIXe siècle. "Raphaël, je te laisse avec le docteur Freyjus.
    - Comment allez-vous cher ami ?
    - Moi, très bien, mais c'est mon cousin parisien qui ne va pas.
    - C'est ce que nous allons voir. Bien, on se retrouve après la consultation ?
    - D'accord. A tout à l'heure.
    - A tout à l'heure", répéta Raphaël, plus mort que vif.


    [La suite et fin d'"Emprise progressive" est disponible en livre papier et livre électronique ici.]

  • Du nouveau pour bientôt 建築中の短編小説はもうすぐ

    Que le lecteur, actuellement (momentanément) délaissé ne renonce pas à venir voir cet espace : du nouveau est en préparation pour très prochainement, avec la suite des nouvelles habituelles et peut-être un nouveau texte de mon vieil ami MC Croche8.

    Ca n'a rien à voir, mais je note une hausse de la fréquentation de ces pages. Continuez (même si cela ne me rapporte pas d'argent) !