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Mes textes littéraires 作品 - Page 5

  • Publication d'Ascension 最初の短編集

    Edit : je suis en train de travailler à la première partie d'Ascension. Le recueil sortira en version intégrale sous peu.

    Je ne fais cette fois pas dans le bon ordre, et c'est la deuxième moitié du recueil, en fait les nouvelles 2 ("Partir") et 3 ("L'exploitation nihiliste") sur trois que je commence à sortir, la nouvelle 1 ("La garce") n'existant qu'à l'état de tapuscrit (tapé à la machine !). Les lecteurs attentifs connaissent déjà "Partir", disponible depuis des années en libre téléchargement dans la colonne de droite. C'est l'histoire d'un jeune homme voyageur dans l'âme qui ne rêve que de devenir voyageur en vrai. Dit comme ça, c'est moyen, mais dans le texte, c'est un peu mieux.

    Quant à "L'exploitation nihiliste", c'est un récit baroque de science fiction complètement extrême, violent, peut-être un peu drôle, et métaphysique (attention, je sors les grands mots).

    C'est le moment pour le lecteur de voir où je veux en venir et où je conclus, avant d'avoir droit au "début", si l'on peut parler ainsi de trois textes indépendants.

    J'engage le lecteur à en acheter un exemplaire pour lui et, comme il ne manquera pas d'être enchanté (on peut toujours rêver), d'en acheter un autre pour offrir. C'est du mécénat littéraire à petite échelle, mais c'est l'affirmation d'un idéal : subsister sans être dans le giron des grands, de gré ou de force.

  • Toda of the Dead (8)

    [(Re)lire le chapitre précédent]

    [Lire le premier chapitre

    Pablo entrouvrit la porte. Personne dans le couloir. Lui et Axel en profitèrent pour se ruer dans leurs chambres respectives afin, comme convenu, d'y préparer leurs affaires.

    Son sac à dos rempli en hâte à en faire crisser les coutures, ayant revêtu un blouson, une casquette et des gants afin de laisser le moins d’affaires sur place, d’une part, et de laisser le moins de chair à découvert, d’autre part, Axel inspira, d’un long souffle tremblant, et ouvrit très précautionneusement la porte de sa chambre. Il savait qu’il y en avait derrière la porte, car il entendait déjà leur souffle, mais il était obligé de sortir, le balcon collectif commençant à résonner des cris des résidents en lutte contre leurs voisins infectés. A cet instant, un bras recouvert d’hématomes s’engouffra frénétiquement, la main hystérique, se refermant et s’ouvrant à la manière d’une pince à sucre d’autrefois maniée par un épileptique, accompagné d’un vagissement douloureux lancé par une haleine pestilentielle. Axel plus rapide que son premier opposant, et singulièrement inspiré, tant il est vrai que l’instinct de survie peut donner de violent à-propos, alors qu’il bloquait la porte de avec son pied et pesait dessus de tout son poids, saisit de la main droite le poignet de son assaillant et, d’un rapide et puissant coup de coude gauche lui cassa l’avant bras. L’infecté, dans un mugissement, retira son bras et se plia en deux de douleur. Derrière lui, un autre, le voisin du dessous (un brave gars en temps normal), l’attendait, les yeux rouges, du sang lui sortant déjà des oreilles. Axel, sans cesser d’avancer, sortit de sa poche le couteau de cuisine bon marché dont il se contentait depuis un an, et, sans plus hésiter, lui sectionna les deux carotides et faisant un pas de côté qui lui évita de se faire asperger d’un sang marron putride qui partit avec la pression d’une explosion et vint asperger l’autre personnage qui, surpris, se redressa, et resta interdit quelques secondes. Axel continua, ruisselant de sueur sous ses chauds vêtements, mais surtout de peur et comme un loup aux abois. « Pablo, Théo, c’est le moment ! ». A cet instant, les deux portes s’ouvrirent presqu’en même temps, et ses voisins français apparurent, eux aussi chargés de quelques affaires.

    « J’vois qu’tu nous as pas attendus pour t’amuser, dit Théo, qui semblait peu troublé par ce qui se passait.

    – Content que t’aies pu rentrer et prendre tes affaires. Maintenant, va falloir sortir.

    – Ca va pas être facile, s’exclama Pablo : regardez, y’en a plein qui rappliquent en face.

    – Alors vous savez ce qui nous reste à faire ? , fit Axel.

    – T’accorder les pleins pouvoirs ?, ajouta Pablo.

    – Tu fais comme tu veux, mais moi, j’ai pas l’intention de me laisser coiffer au poteau », ajouta Axel qui, d’un coup de pied, enfonça une des fenêtres du couloir qui donnaient sur le Furupara, et qui partit avec une partie de son cadre.

    « J’te suis, ça l’fait », dit Théo.

    Axel sauta par la fenêtre et atterrit dans un grand fracas sur le dessus bombé d’une des cuves extérieures de la propriété. Sans tergiverser, Théo l’imita mais eut la chance, lui, d’être réceptionné par Axel. Malgré ses contusions, Axel ne traîna pas et descendit de la cuve par l’étroite échelle rouillée qui y tenait faiblement attachée. Il se félicita d’avoir pensé à mettre des gants, surtout lorsqu’il jeta un rapide coup d’œil aux mains de Théo, rougies par les anfractuosités blessantes de l’échelle. Au moment où Théo toucha terre retentit une série de coups de feu. C’était la police qui intervenait de l’autre côté du bâtiment. Tout espoir n’était donc pas perdu, à moins qu’il en fut tout au contraire !, pensa Axel.

    Pablo ne venait pas, il devait avoir décidé d’expérimenter une autre voie. Celle, directe, des escaliers. « Si ça s’trouve, y s’est fait bouffer », s’exclama Théo, goguenard.

    Il fallait être un peu fou, ou témoigner d’une inconscience d’imbécile ou d’une clairvoyance de visionnaire pour fuir ainsi du côté du « nid » d’où tout était parti. Mais parfois, trop de tergiversation nuit, et tant qu’à faire, autant sortir le plus tôt possible de la résidence. « Tu vas rire, fit Axel »

    – Non, me dis pas qu’y a pas d’issue vers l’extérieur.

    – Ben si.

    – Ah ! Hahaha ! Trop bonne ! », s’exclama ironiquement Théo.

    « – Il va nous falloir passer par l’intérieur et tenter de rejoindre l’entrée.

    – Bon, j’crois qu’on est mort, là. »

    Axel, son couteau ruisselant en main, se dirigea vers la porte du bâtiment principal qui donnait sur ce qu’ils appelaient le jardin. « Là, normalement, c’est fermé », dit Axel. Effectivement, la porte en fer sale à la peinture écaillée ne bougea pas d’un centimètre.

    « On fait quoi, là ?, demanda Théo. On remonte sur la cuve et on téléphone à la police ?

    – Si tu veux, mais elle est déjà là, la police, on l’entend, et je doute qu’elle s’en sorte si bien et encore moins qu’elle se pointe en hélicoptère pour nous porter secours ». Axel regarda autour de lui et fit quelques pas. Son silence fit ressortir les hurlements lointains des habitants de la résidence qui s’époumonaient de l’autre côté du bâtiment, sur le balcon qui devait à présent être plein de sang, et les coups de feu qui retentissaient dans la rue, non loin d’eux. Au bout d’une minute qui sembla à Théo avoir duré plus que cela, Axel s’éloigna vers un bâtiment qui devait servir de remise et devant lequel étaient posés pêle-mêle des morceaux de meubles et des matériaux de construction, moellons, planches et autres barres de fer qui n’avaient pas été ramassés. Axel ramassa un parpaing et, le tendant à Théo : « Tiens, toi qui es plus grand et sûrement plus fort que moi, balance ça dans la serrure. Ca ne peut pas lui faire du bien.

    – Ouaip ! » Théo se saisit de l’objet et le lança aussi fort qu’il put sur la poignée en aluminium qui vola à un mètre de hauteur et retomba en rebondissant sur le sol. Il ne fut pas difficile ensuite d’ouvrir la porte, dans un grincement prévisible. Axel était glacé, ce que la sueur ne faisait qu’amplifier. De plus, le bâtiment était fortement climatisé, c’est presque un lieu commun que de le dire, s’agissant du Japon, le pays le plus climatisé du monde, où l’on se permet le luxe d’avoir froid toute l’année à grand coup de factures d’électricité, les raffinements de la technologie réfrigérante relayant les frimas d’un hiver ne rencontrant guère de chauffage digne de ce nom pour lui résister.

    Une faible veilleuse rouge faisait la distinction entre la lumière du jour extérieur et la pénombre intérieure. Les deux jeunes pénétrèrent dans le Furupara. Ce qu’ils allaient y découvrir était au delà de leurs craintes.

    [La suite et fin de "Toda of the Dead" est disponible en livre papier et livre électronique ici.]

     

     

     

     

     

  • Emprise progressive (7)

    Depuis un moment, Annick regardait Raphaël bizarrement. En effet, il s'agitait sur son siège et son front était couvert de gouttelettes de sueur.
    "Qu'est-ce qui t'arrive, Raphaël ?", demanda-t-elle, sans être mue par autre chose que la curiosité que l'on pourrait éprouver devant un micro événement concernant une personne dont, au fond, on se désintéresse.
    "Justement, je voulais te demander, commença le jeune homme en s'adressant à son cousin, tu ne pourrais pas regarder mes jambes ?
    - Qu'est-ce qui t'arrive ?
    - Elles me font mal, ça brûle, ça tire, une douleur de nerf peut-être.
    - Laisse voir le professionnel. On va passer dans le cabinet." Ce qu'ils firent.
    Raphaël pénétra dans un cossu cabinet au mobilier tout aussi coûteux que l'appartement, à ceci près que là, il trouvait un minimum d'unité dans les formes et les styles.
    "Bien, voyons ça, fit l'homme d'une voix calme et monocorde."

    Raphaël retira son pantalon. Il tomba d'un bruit sec. A la vue des jambes de son cousin, l'ostéopathe eut un bref gêmissement de surprise. Rapël lui-même sursauta et poussa un petit cri de stupeur. L'aspect de ses jambes n'était plus le même que dans la matinée. On y constatait de multiples chaines des ganglions violacés, douloureux au toucher sur toute leur longueur.
    "Je ne m'attendais pas à ça, alors ça non. Ca fait longtermps que c'est comme ça ?
    - Non, elles étaient normales ce matin ! C'est incroyable.
    - Je suis désolé, je ne vais rien pouvoir faire pour toi. Ton cas n'est pas dans mes compétences. Je préfère t'emmener tout de suite aux urgences.
    - Je te suis." Raphaël, chancelant plus encore d'émotion que de douleur, remonta son pantalon en tremblant.

    De retour dans le salon, ils découvrirent Annick, un seau à la main, devant la fenêtre ouverte. Dehors, on entendait une femme qui criait. "Elle l'a pas volé, celle-là", dit-elle presque pour soi. Alors que dehors, la femme lui lançait : "Vous devriez avoir honte, madame ! Nous sommes des êtres humains comme les autres ! C'est dégoûtant, à votre place, j'aurais honte !".
    "Mais qu'est-ce qui se passe, chérie ?, demanda Hector sans trop sembler se préoccuper de la réponse de sa femme, qu'il imaginait sans doute.
    - Encore cette trainée qui raccole dans la rue, sous nos fenêtres ! En tant que syndic de la copropriété, je me dois de veiller aux intérêts des copropriétaires. Ici, c'est du standing, du standing ! Qu'elle aille se faire foutre ailleurs, la sidaïque !" puis, se tournant vers les deux hommes, son visage changea soudain d'expression, passant de la colère à l'auto-satisfaction. Elle avait déjà oublié la consultation. En d'autres circonstances, Raphaël se serait indigné du comportement de cette femme, mais il commençait à la connaître, et il n'avait qu'une envie, c'était d'être fixé sur son sort.
    "Je dois emmener Raphaël à l'hôpital, je n'en ai pas pour longtemps.
    - Qu'est-ce qu'il a ? Tu ne pourrais pas lui appeler un taxi ?
    - Non, c'est bon, je peux quand même l'emmener ? Ne m'attends pas.
    - Ah bon. J'espère que ça ira."
    Raphaël répondit par un faux sourire de circonstance, plus un rictus qu'un sourire, d'ailleurs, mais il avait l'habitude d'en être réduit à ça avec la "famille".
    Les deux hommes enfilèrent leurs manteaux et sortirent sans demander leur reste.
    Une fois en bas, il croisèrent une prostituée trempée de la tête aux pieds. Elle apostropha Hector :
    "Vous direz à votre femme que derrière la prostituée, il y a une femme, et qu'il nous reste encore un peu de dignité.
    - OK, désolé ! répondit-il, et il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit un portefeuille en cuir.
    - Je ne veux pas de votre argent, ça ira, merci", dit la fille, et, s'écartant, elle s'éloigna en croisant les bras, d'un pas chancelant. Raphaël la regarda s'éloigner avec tristesse et pitié. Il se sentit solidaire de cette triste humanité souffrante.
    Arrivé devant un énorme 4X4 flambant neuf :"Voilà ma voiture, fit le cousin. Monte". C'était la première fois que Raphaël pénétrait dans un de ces chars urbains.

    La route fut courte, mais, malgré cela et malgré le confort indéniable des sièges et des suspensions qu'offrait ce type de véhicule, Raphaël se tortillait de douleur sur son siège.
    Après, le temps requis par la descente, une courte marche et les formalités administratives et l'attente, tout cela parut évidemment une éternité au jeune homme, même si au final ce ne fut pas si long.
    Enfin, un médecin finit par arriver. C'était un petit homme à moustache et barbichette, tel qu'on en voyait beaucoup à la fin du XIXe siècle. "Raphaël, je te laisse avec le docteur Freyjus.
    - Comment allez-vous cher ami ?
    - Moi, très bien, mais c'est mon cousin parisien qui ne va pas.
    - C'est ce que nous allons voir. Bien, on se retrouve après la consultation ?
    - D'accord. A tout à l'heure.
    - A tout à l'heure", répéta Raphaël, plus mort que vif.


    [La suite et fin d'"Emprise progressive" est disponible en livre papier et livre électronique ici.]

  • Toda of the Dead (7)

    La porte s'entr'ouvrit, et une main saisit le bras de Pablo qui s'engouffra dans la chambre en un souffle sur lequel se referma la porte, immédiatement verrouillée.
    "As-tu été mordu ?", demanda Axel, impérieusement.
    "Non, heureusement. Dis-donc, tes histoires de fous, c'était vrai ! Il va falloir qu'on croie à tout ce que tu racontes, maintenant ,
    - J'en ai bien peur. Qui est-ce qui connait tout, qui comprend tout ?
    - Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?", fit à son tour Guillaume, d'une voix plaintive. Vous croyez que j'ai le temps de passer récupérer un truc chez Fabien ?
    - Mais Fabien est sur le balcon, répartit Axel.
    - Ah ? C'est lui qui tape comme ça ! J'imagine que c'est parce qu'il veut son déjeuner, dit Pablo. Eh puis, qu'est-ce que tu dois récupérer de si précieux chez Fabien ?
    - Oh, un lecteur MP3 que je lui avais prêté...
    - Depuis quand tu possèdes un lecteur MP3, fit Axel en fronçant un sourcil.
    - Ahh, hah ha, ça fait longtemps. IL est vieux, mais c'est un cadeau de ma grand-mère, j'y tiens, valeur sentimentale, vous comprenez...
    - Moi, je propose d'appeler Mégane, Ted et King", coupa Pablo en s'adressant à Axel.
    "Bonne idée, reprit ce dernier, on se barre d'ici, on va en ville, on achète des billets d'avion et on rentre en France !
    - Moi, ça me va !", s'exclama Pablo.
    "Moi aussi", fit doucement Guillaume d'un regard par en dessous, la moue boudeuse.
    "Bon, j'appelle Mégane", fit Pablo. Il sortit son téléphone et composa le numéro. "Allô Mégane, oui, c'est moi. Dis, il faut qu'on se voit aujourd'hui. Rejoins-nous dans une heure à Ikebukuro. Prends tes affaires, on rentre en France. Non, non, non, je t'expliquerai. Il y a une épidémie. Nonon, je sais, je te jure que je suis sérieux, mais là, on doit faire vite. Je t'expliquerai quand on se verra. Ne te laisse toucher par personne et viens le plus vite que tu peux. Tu peux venir avec tes amis français si tu peux les convaincre de te suivre. Rendez-vous à l'endroit habituel devant la gare. Fais attention à toi. Oui, moi aussi. A tout à l'heure." Pablo souffla un coup, puis : "Bon, à présent, j'appelle King."
    Par pure convenance pratique, je vais faire profiter le lecteur de la conversation dans son intégrale intégrité en transcrivant également les réparties de King. Mais pourquoi King, d'ailleurs ? Bah, ses parents l'avaient prénommé Axel aussi, et deux Axel, c'est peu pratique, alors on lui trouva un surnom, car c'était le moins sérieux des deux, et comme il aimait bien la star de Memphis... En outre, King, dans son genre (le langage... coloré), était un roi.

    "Allô, King ?, fit Pablo.
    - Eh ! Salut, Mister ¨Popol, ça baigne ?
    - On a un gros problème.
    - Merde, t'es sérieux ?
    - Oui, malheureusement !
    - Vas-y, tu peux tout me dire : où est la couillette ?
    - On doit tous rentrer en France ce soir.
    - Et pourquoi ma poulette, je te prie ?
    - Parce qu'on a une épidémie mortelle à Toda, et qu'elle va bientôt se répandre à tout Tôkyô.
    - Putaiiiiin !!!
    - C'est pas la classe, effectivement. En plus...
    - Quoi, putain, quoi ?!
    - Fabien...
    - Non, tu déconnes ?!
    - Il l'a pris et...
    - Non !
    - Si...
    - Double fist anal !!
    - Donc on part ce soir, rendez-vous dans une heure à la gare d'Ikébukuro, préviens Ted et les autres Français, si tu peux.
    - Ouais, bien sûr. Mais j'aurai jamais le temps de faire mes bagages.
    - Tu fais comme nous. Prends ton argent et ton ordimini, et zou !
    - OK chef, ça marche !"
    Avant de raccrocher, Pablo entendit encore une fois : "Putain..."

    Lire le chapitre 8. 

  • Emprise progressive (6)

    L'appartement qu'occupait son cousin et sa femme avait beau être spacieux, les riches meubles de chêne et les vitrines à objets d'art et d'artisanat qui le garnissait le faisaient paraître plus petit. La décoration surchargée finissait par donner une impression d'encombrement, et le rafinement recherché n'apparaissait que comme l'étalage d'un goût hétéroclite modelé par les tendances visant à paraître. Le tableau de maître du XXème siècle placé sur le mur principal du salon, au dessus de la cheminée, était flanqué latéralement de pendulettes XVIIIème qui semblaient, par leurs dorures, attester du prix qui avait été payé pour chaque objet. Tout était vrai, et à la fois, rien n'était à sa place.

    "Assieds-toi, j't'en prie", fit son cousin avec un sourire de pure politesse. Raphael s'exécuta, et se retrouva installé dans un confortable Chip and Dale recouvert de velours rouge. Raphaël s'agitait sur son siège et triturait ses mains moites. En face de lui, immobile, son cousin semblait attendre, mais en vain, aussi reprit-il : "Qu'est-ce que tu viens faire à Dijon ?" Il ne lui était bien sûr pas venu à l'esprit que ce pouvait être pour lui rendre un petite visite.
    L'air peu fier, Raphaël répondit : "J'ai des problèmes.
    - Quel genre de problèmes ?", fit l'autre en fronçant les sourcils.
    - Je dois m'absenter de Paris quelques temps, et j'aurais voulu savoir si tu pouvais me loger quelques temps...
    - Combien de temps ?
    - Une semaine tout au plus.
    - Qu'eeeeeeeest-ce que tu as fait ? Où est-ce que tu es allé te fourrer ?" Raphaël n'eut pas le temps de répondre que le bruit de la serrure retentit, la porte s'ouvrit, et la femme de son cousin pénétra dans l'appartement accompagnée d'un petit chien marron qui déplut tout de suite à Raphaël. En voyant ce dernier, la femme ne cacha pas sa surprise. Raphaël se leva et fit quelques pas vers elle. La femme posa ses sacs de commissions, s'approcha, et après qu'ils se firent la bise et se furent salués, s'apprêta à prendre part à la conversation, mais :"Excuse-nous un moment", fit le cousin, et il entraina sa femme dans la pièce voisine, en la prenant par le bras.
    Ils firent leur réapparition quelques minutes plus tard, la femme apportant sur un plateau à poignées dorées une assiette sur laquelle figuraient quelques biscuits bon marché et un verre vide. "Qu'est-ce que je te sers ?
    - Tu aurais du lait ?
    - Oui, bien sûr, je t'en apporte". Et elle repartit chercher un pack, l'air las. Pendant ce temps, Raphaël et son cousin se regardaient sans plus sourire.
    "Je pourrais savoir ce que tu as trafiqué, avant toute chose ?
    - Certaines personnes me recherchent, et je dois me faire oublier quelques temps. Je ne savais pas où aller, et je suis venu ici, mais je ne resterai pas longtemps.
    - Annick et moi on veut bien te dépanner pour la nuit, mais pas plus."
    Je le savais, pensa Raphaël.

    Lire le chapitre 7.