Zlu, Dav et Will (d'NFH) m'ont gracieusement fait profiter de leurs heureuses trouvailles sur le net. J'invite les autres lecteurs à me communiquer les adresses de sites qu'ils me recommandent.
Les sujets qui m'intéressent :
- la photographie (de préférence l'architecture, les friches industrielles) ;
- la littérature ;
- les projets artistiques globaux (comme 99 rooms, ou NFH).
Bonne compétition !
2005 Au fil de la plume 日記 - Page 28
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Appel aux lecteurs
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A vos risques et périls !
Voici l'adresse de deux sites que m'a envoyé le webmestre de NFH Propaganda. En le remerciant, je ne peux qu'en recommander la vision à l'internaute majeur et chevronné (à l'esprit ouvert). Là encore, il s'agit d'oeuvres de fiction artistiques.
Après le lien donné par Zlu (Hotel) dans une de ses notes (cherchez bien), voici un autre site d'"hôpital" tout aussi peu accueillant ! Mais on y trouve une pointe d'humour qui détend l'atmosphère et fait retomber le malaise :
"The Hospital Apoka" : http://hospital.apoka.com/
Un site dans l'esprit des films Seven, Le collectionneur, Saw etc. En gros, les rêves de malade d'un tueur en série. Tout aussi travaillé et esthétique, mais plus "dans l'air du temps" (donc un peu moins original). On ira aussi voir leurs liens assez intéressants :
"Sick Dreams" : http://www.hxdben-area.com/
A vous de voir ! -
Mise à jour
Je viens de faire une importante mise à jour (avec photos) de l'article sur le site NFH Propaganda. J'invite le lecteur à s'y reporter et à découvrir ce projet artistique majeur.
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"Un p'tit restau' ?"
Un jour, alors que je me promenais à Ginza, quartier des commerces de luxe, je tombai sur un étrange passage souterrain. On y trouvait un cinéma, un sex shop de produits occidentaux nommé "Aladin" et de nombreuses gargotes devant lesquelles les réfrigérateurs voisinaient avec les poubelles et les cagette où la viande congelée se réchauffait tranquillement. J'ai déjà rencontré de mauvaises odeurs, mais rien comme celle-ci, entêtante, inquiétante, obscure. Peu de gens empruntent ce passage qui n'en apparaît que plus malsain. Quelle ordure sous les dorures du luxe ! C'était comme faire l'expérience, plus que de la pauvreté (il suffit d'aller dans les parcs pour cela), d'autre chose... Rien de rationnel ici, juste une vague impression, un malaise qui m'a saisi. Il me sembla que je touchais là quelques chose du doigt.
Les photos parlent peu, c'est dommage (Haut et fort a certainement raison de ne pas se mettre à l'odorama).
J'ai vu de l'eau ruisseler le long des murs, des toilettes qui vous coupent le transit intestinal plus efficacement que la pâte de coing... -
Disparition de la verticalité
Aujourd'hui, je suis tombé sur une note du "Chic type" assez intéressante sur "la culture banlieue" dont le blogueur agacé déclarait la nullité, le "moins" culturel. Suivaient plus de 20 commentaires. Un tiers de hors-sujet, un tiers de copains et un tiers de réactions violemment négatives et désobligeantes, du genre :
"En fait ils lui font tester des hallucinogènes, il est tout seul dans la pièce et il se fait un gros bad trip parano pendant une semaine :D"
"Mais t'inquiète pas on ne sent pasdu tout, à travers ton texte, que t'es aigri petit maigre et pas beau, mal dans ta peau masi des amis tu peux t'en faire aispas peur chef un jour ca viendra ok?
au fait c'était pas la peine de te prendre pour beaudelaire en ecrivant 60 lignes, jte résume la : "d'aime pas les racailles a nan, et pas les pauvres non plus tiens"
au fait j'aimerai mieux co nnaitre les diférente culture en france alors jte propose des petits stages pour qu e tu puisse m'en dire plus :
culture campagne : 2 mois dans la creuse
culture bretagne : 2 mois à quimper
culture connard : ha pas besoin de stage c'est ta culture chef"
"o fait une petite pour mon pote le blanc conservateur t'es trop bonne toi jtadore, tien un truc qui pourrait te plaire : mets ta main droite sur ton oeil droit (si c'est possible pour toi chef bien entendu) et voila une simulation de jean-marie ca te plait nan?"
C'est effarant d'incivilité (et d'illettrisme) et ça ne vole intellectuellement pas haut (je ne prétends pas que le Chic type soit un intellectuel, mais il n'a pas l'air prétentieux, lui). Qu'on aime ou pas le Chic type, peu importe. Qu'on apprécie la "culture banlieue", peu importe aussi. Ce qui me vient à l'esprit est la constatation suivante : depuis en gros, disons mai 68, il apparaît à beaucoup de gens anormal, contraire à la raison, réactionnaire (dit péjorativement) de supposer des "critères de qualité", une échelle verticale. Nous en sommes à l'époque du "tout se vaut", puisque les goûts et les couleurs dépendent des individus. C'est, ce me semble, réduire considérablement le champ de la pensée que de confondre goût personnel (intérieur, non négociable, éventuellement variable) et échelle qualitative (intérieure, non négociable, invariante en principe). On peut tout à fait légitimement aimer des choses de piètre qualité, mais il m'apparaît puéril et bête de leur prêter une qualité objective qu'elle n'ont pas. Encore faut-il un minimum d'intelligence pour saisir ce qu'est une échelle qualitative. Peut-être est-ce cela qu'on appelle "le goût" ? En Art moderne, on sent une rupture entre un monde institutionnel représenté par des magazines comme "Art Press" (magazine français comme sont nom l'indique) qui présentent à longueur de pages des discours vantant le mérite d'installations presque toujours modèles de vacuité, trou béant, habits neuf de l'empereur etc., et un monde artistique parallèle, plus exigeant, qui revendique un retour au travail, à la difficulté de la maîtrise de techniques, de règles, qui non content de fournir un cadre, loin de brider la pensée ou la personnalité de l'artiste, la libèrent.
La tendance du "tout ce vaut" est à rapprocher de celle du "exprime-toi" (j'ajouterais : "avant de réfléchir et avant de savoir parler") qui se moque de l'orthographe et de la grammaire, qui pourtant sont le cadre nécessaire à la formulation de la pensée. Sans les outils linguistiques suffisants, l'homme demeure dans la confusion et peine à exprimer ce qu'il ressent, d'où cette rage dont il a du mal à comprendre lui-même l'origine.
Je ne reviens pas sur ce problème du langage dont j'ai déjà traité auparavant.
Je résume, donc : dans le peuple, l'horizontalité, à mon sens une erreur grave, a remplacé la verticalité, le gros de la population rejetant l'idée de règles supérieures, ce qui n'est pas sans me faire penser à ce rejet de la transcendance que l'on observe tous les jours en France. Et ce phénomène est tout particulièrement perceptible lorsqu'on pense à la musique. Je suis toujours choqué, et déçu, lorsque quelqu'un que j'interroge sur ses goûts musicaux me dit aimer tous les genres sans exception, et d'évoquer le terme d'éclectisme. Je regrette, on peut aimer des choses très différentes, mais si l'on ne sait pas établir de classement objectif en fonction d'une échelle de valeurs, c'est qu'à mon sens, on n'a pas de goût.
Ainsi, lorsque je mange un sandwich, même s'il me procure du plaisir, je ne saurais le mettre sur le même plan qu'un plat élaboré cuisiné par un professionnel. Je fais la part des choses entre un plaisir simple, et un plaisir raffiné. Je peux préférer (par goût personnel) parfois le plaisir simple, mais objectivement, je reconnais la prééminence du plaisir raffiné sur mon échelle de valeur. Autrefois, le paysan qui dansait sur sa musique villageoise éprouvait plus de plaisir qu'à l'écoute d'un menuet, pourtant il ne lui serait jamais venu à l'esprit de dire que sa bourrée surpassait la musique de la Cour, c'aurait été inconcevable. Plaisir (subjectif) éprouvé et qualité (objective) n'étaient pas confondus, et l'esprit français ne s'en portait que mieux.
Aujourd'hui, ce n'est hélas plus le cas, où l'on nous dit : "le R'n'B, c'est de la culture". Oui, si l'on prend le mot culture au sens large, par opposition à nature, (et il sera toujours intéressant d'étudier le phénomène à titre sociologique) mais ce n'est pas à mon sens de l'Art (sauf peut-être la danse R'n'B, à mon sens l'élément le plus réussi de ce mouvement, mais je ne suis pas spécialiste) ). Il ne faut pas confondre moyen d'expression culturel et oeuvre d'Art. En adoptant cette attitude subtile et aujourd'hui si DERANGEANTE, je m'expose, hélas pour moi, à me faire traiter de tous les noms, comme le pauvre Renaud CAMUS ou Alain FINKELKRAUT, qui pour moi sont les rares représentants d'une Culture exigeante qui suppose un axe vertical. On les traite de "réactionnaires". Ce terme qui a le plus souvent une valeur d'insulte devient, lorsqu'il est appliqué à des gens dans ce contexte, la plus belle des médailles. Si en écrivant ces lignes on me juge réactionnaire, eh bien pour le coup j'accepte le qualificatif et entre en "réaction" contre la pensée dominante.