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  • Emprise progressive (4)

    Raphaël chercha rapidement du regard une place discrète dans le train. Fumeur ou pas, il s'en moquait. Plus rien de ce qui l'agaçait ou l'amusait n'avait désormais d'importance. Sa jambe le faisait de plus en plus souffrir. Le nerf qui la parcourait semblait rempli de cire chaude, et la sensation de saturation qui en découlait remontait le long de son tronc, irrigant les flancs, jusqu'au cou. Bon sang, vite ! Que je m'assoie, pensait-il. Et les passagers qui montaient, ne le dévisageaient-ils pas ? N'étaient-ils pas intrigués par sa claudication suspecte ? son visage transpirant ? son regard trop perçant ? Combien de personnes allaient-elles monter dans ce wagon ? Il lui semblait que cet incessant flot de monde, grouillant, n'en finissait plus d'alourdir le véhicule qui devait, pour un temps, l'éloigner de Paris et de ce qu'il y avait laissé. Pourquoi tous ces visages riants autour de lui ? Pourquoi cette joie absurde ? ces cris, ces pseudo-conversations ? ces habits de camping ? Cette population grossièrement bovine, piaffant d'impatience d'arriver à son lieu de villégiature beauf semblait le frapper pour la première fois. Ils ne savent pas ! Ils ne savent rien ! Ils ne cherchent pas à savoir ! Et pourtant ça a déjà commencé ! pensait-il, alors qu'il sentait sa jambe en feu.

    Le train s'ébranla. Enfin, c'est pas trop tôt ! se dit-il, légèrement soulagé, mais toujours dans le même état psychologique. Ses yeux faisaient de fréquents allers et retours entre les rangs de fauteuils, l'allée, les bagages déposés au-dessus des têtes... Tout semblait normal. TOUT SEMBLAIT NORMAL.

    Ne pas tourner en rond. Ne pas tourner en rond. Ne pas tourner en rond.

    Pour tenter d'oublier sa jambe, Raphaël regarda par la fenêtre. C'était la banlieue parisienne. C'était laid, mais pas trop. Des nuages apparaissaient çà et là. Le ciel était serein. Pas d'orage en vue. Une nuée d'oiseaux passait calmement au dessus des plaines.

    Raphaël essayait toujours de se calmer. Il plongea son visage dans ses mains quelques instants et s'efforça de respirer plus lentement. Il sentait l'artère de son cou battre violemment, et quiconque y aurait prêté attention eut remarqué qu'effectivement elle était saillante, et en aurait pu suivre les pulsations énergiques. Il resta bien cinq minutes ainsi, concentrant son esprit sur ses mains, son souffle, sa jambe qui le lançait. J'irais bien faire un tour aux toilettes pour voir l'aspect qu'elle a à présent, songeait-il.

    Je repense à l'histoire du l'enfant qui tuait des chats, aussi, j'y reviens. Dans son enfance, l'enfant qui tuait des chats subit un dangereux traumatisme psychologique. Il faisait de nombreux cauchemars. Sa mère s'en alarma et l'envoya consulter un pédo-psychologue. Le brave homme ne parvint pas à déterminer, au bout de deux rendez-vous payés par les services sociaux, ce qui arrivait au garçon. Il ignorait tout des chats, ainsi que la pauvre mère, dépassée par les évènements. Et pourtant, elle aurait très bien pu se douter de ce qui provoquait ces mauvais rêves, dans lesquels...
    "Excusez-moi, la place est libre ?". Raphaël sursauta...

    Lire le chapitre 5

  • Nouveau lien : Littérature - Japon

    Voici un nouveau lien :
    http://bashoan.canalblog.com/ C'est intéressant, bien fait, intelligent.

  • Voyage d'études (mise à jour)

    J'ai mis à jour la note "Voyage d'études 2", concernant ma journée à Hiroshima. Pour ceux que ça intéresse, c'est ici.

  • Toda of the Dead - Annonce 死人の戸田 (とだ・オヴ・ザ・デッド)

    Pour bientôt (j'espère), une nouvelle série dans ces lignes : Toda of the Dead, une "survie horrificque" dans la banlieue de Tôkyô mettant en scène de jeunes Français. Les adorateurs de ROMERO seront comblés, et les Romantiques de la nouvelle génération pourront hurler avec les loups : ça va saigner ! medium_furuutsu_paradaizu_web.jpg Toda of the dead sera entièrement illustrée de photos de mon cru, retouchées par mes modestes soins. Aucune limite dans le glauque : des murs sales, des taules ondulées, du goudron avec des traces suspectes... Et pour les héros, tous les coups sont permis !
    Toda of the Dead, une expérience d'un genre nouveau. Sortez vos chapelets et vos fusils à pompe : les Dead de Toda n'ont rien à envier à ceux de Los Angeles ! La lutte pour la survie va commencer !

    [Précaution juridique : Il s'agit d'une oeuvre de fiction. En aucun cas l'auteur n'incite à la violence ni ne la cautionne. Les protagonistes ne tueront aucune personne vivante, et ne feront usage de la force qu'en situation de légitime défense. Toute ressemblance avec des personnes réelles sertait purement fortuite.]

    Lire le Premier chapitre

  • D'Epictète et de Marc-Aurèle

    Une fois encore, France Culture me fournit le thème de ma note. Je vais ce soir évoquer brièvement la figure d'Epictète.
    J'ai découvert Epictète, un peu par bonus lorsque je me suis vu offrir les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle, qui devint mon philosophe préféré et reste un de mes favoris. L'édition GF contenait le Manuel d'Epictète, recueil mis en forme de notes de cours de son disciple Arrien de Nicomédie. Tout comme Socrate, Epictète n'écrivit rien, ou en tout cas, rien dont nous eussions connaissance de l'existence. Et ce n'est pas étonnant, de la part d'un homme absolument humble, qui vécut jusqu'au bout selon ses principes. Le philosophe idéal, en somme. medium_epictete1.jpg Ayant quasiment lu à la suite les deux oeuvres (plutôt qu'auteurs, considérant les conditions de rédaction du Manuel), j'ai pu les comparer à ma façon, naïve et spontanée, libre de tout préjugé que m'aurait fourni un cursus universitaire littéraire. Indéniablement, je dois reconnaître que l'oeuvre de Marc-Aurèle est plus littéraire, hautement littéraire, même, et que l'auteur, empereur romain, s'y peint à son avantage, parfaitement en accord avec sa philosophie du détachement. Pourtant, lui qui feint de mépriser la sexualité ne s'est pas privé de faire de nombreux enfants, ce qui peut porter à sourire. Reste que Marc-Aurèle a poussé, approfondi, la pensée d'Epictète qui nous est présentée par Arrien. Pensée admirablement claire et simple, qui m'apparut comme une de plus proches de la vérité et du bien auxquels tend "l'homme de qualité" (pour reprendre le terme employé par Confucius) tel que je le conçois. En gros, il existe deux types de choses : ce qui dépend de nous, et ce qui ne dépend pas de nous. Les premières sont notre volonté et notre acceptation de nous conformer aux évènements produits par la Nature ou le grand tout (cela peut être Dieu, ou les dieux, ou les causes et les effets etc., selon sa croyance) ; les secondes sont les contingences matérielles : la douleur, l'ambition, les évènements fâcheux de l'existence. Notre volonté doit nous servir à ne pas nous affliger de choses qui nous sont complètement extérieures, et à modérer nos passions dans la mesure du possible. L'ataraxie, ou état de plénitude où les passions sont réduites par notre volonté pour nous en remettre à la totalité du monde, est en fait beaucoup plus active que l'état d'éveil du bouddhisme, alors qu'au premier abord on pourrait les confondre. Pour le stoïcien, il ne s'agit pas de devenir une pierre ou une feuille, mais seulement un homme libre, qui ne juge personne, ne loue ni ne blâme personne, qui agit selon ses principes, dans la simplicité. Cet idéal, qui a été repris et adapté par certains chrétiens, est aussi parfaitement compatible avec l'athéïsme, et ne requiert nulle médiation particulière, simplement une attention à ce qui se passe, afin de déterminer si telle ou telle chose relève de soi ou non.
    Epictète parlait le grec de la rue (il n'avait pas eu la chance de bénéficier d'une bonne éducation, étant esclave, puis affranchi), Marc-Aurèle parlait le latin et décida d'écrire en grec, langue des intellectuels de l'empire romain. L'un fut parfaitement, absolument, en accord avec sa philosophie (pauvreté, modestie), l'autre le fut presque parfaitement, autant qu'on peut l'être quand on est empereur de Rome (et qu'on fait dévorer quelques chrétiens). Je ne suis pas tendre avec Marcus-Aurelius, et pourtant, je l'ai toujours préféré à Epictète (pour qui j'éprouve la plus grande admiration morale) : que voulez-vous, la littérature parle à mon coeur. Ces deux discours, livrées pour des raisons de commodité dans le même petit livre, iront donc toujours parallèlement et complémentairement dans mon souvenir. Pourtant, ces deux philosophes sont loins d'avoir été les seuls stoïciens. Sénèque le latin (il resta latin jusqu'au bout) fait alors son entrée. Il me faut alors vous quitter pour aller... le lire.

    La meilleure façon d'être rebelle, c'est d'obéir au grand Tout.


    "Les vendredis de la philosophie", émission de France Culture du 20 mai 2005

    Pour un aperçu historique et une présentation des principaux auteurs stoïciens (site de l'Académie de Lyon) :
    http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/philosophie/thist3.html