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Littérature 文学 - Page 11

  • D'Epictète et de Marc-Aurèle

    Une fois encore, France Culture me fournit le thème de ma note. Je vais ce soir évoquer brièvement la figure d'Epictète.
    J'ai découvert Epictète, un peu par bonus lorsque je me suis vu offrir les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle, qui devint mon philosophe préféré et reste un de mes favoris. L'édition GF contenait le Manuel d'Epictète, recueil mis en forme de notes de cours de son disciple Arrien de Nicomédie. Tout comme Socrate, Epictète n'écrivit rien, ou en tout cas, rien dont nous eussions connaissance de l'existence. Et ce n'est pas étonnant, de la part d'un homme absolument humble, qui vécut jusqu'au bout selon ses principes. Le philosophe idéal, en somme. medium_epictete1.jpg Ayant quasiment lu à la suite les deux oeuvres (plutôt qu'auteurs, considérant les conditions de rédaction du Manuel), j'ai pu les comparer à ma façon, naïve et spontanée, libre de tout préjugé que m'aurait fourni un cursus universitaire littéraire. Indéniablement, je dois reconnaître que l'oeuvre de Marc-Aurèle est plus littéraire, hautement littéraire, même, et que l'auteur, empereur romain, s'y peint à son avantage, parfaitement en accord avec sa philosophie du détachement. Pourtant, lui qui feint de mépriser la sexualité ne s'est pas privé de faire de nombreux enfants, ce qui peut porter à sourire. Reste que Marc-Aurèle a poussé, approfondi, la pensée d'Epictète qui nous est présentée par Arrien. Pensée admirablement claire et simple, qui m'apparut comme une de plus proches de la vérité et du bien auxquels tend "l'homme de qualité" (pour reprendre le terme employé par Confucius) tel que je le conçois. En gros, il existe deux types de choses : ce qui dépend de nous, et ce qui ne dépend pas de nous. Les premières sont notre volonté et notre acceptation de nous conformer aux évènements produits par la Nature ou le grand tout (cela peut être Dieu, ou les dieux, ou les causes et les effets etc., selon sa croyance) ; les secondes sont les contingences matérielles : la douleur, l'ambition, les évènements fâcheux de l'existence. Notre volonté doit nous servir à ne pas nous affliger de choses qui nous sont complètement extérieures, et à modérer nos passions dans la mesure du possible. L'ataraxie, ou état de plénitude où les passions sont réduites par notre volonté pour nous en remettre à la totalité du monde, est en fait beaucoup plus active que l'état d'éveil du bouddhisme, alors qu'au premier abord on pourrait les confondre. Pour le stoïcien, il ne s'agit pas de devenir une pierre ou une feuille, mais seulement un homme libre, qui ne juge personne, ne loue ni ne blâme personne, qui agit selon ses principes, dans la simplicité. Cet idéal, qui a été repris et adapté par certains chrétiens, est aussi parfaitement compatible avec l'athéïsme, et ne requiert nulle médiation particulière, simplement une attention à ce qui se passe, afin de déterminer si telle ou telle chose relève de soi ou non.
    Epictète parlait le grec de la rue (il n'avait pas eu la chance de bénéficier d'une bonne éducation, étant esclave, puis affranchi), Marc-Aurèle parlait le latin et décida d'écrire en grec, langue des intellectuels de l'empire romain. L'un fut parfaitement, absolument, en accord avec sa philosophie (pauvreté, modestie), l'autre le fut presque parfaitement, autant qu'on peut l'être quand on est empereur de Rome (et qu'on fait dévorer quelques chrétiens). Je ne suis pas tendre avec Marcus-Aurelius, et pourtant, je l'ai toujours préféré à Epictète (pour qui j'éprouve la plus grande admiration morale) : que voulez-vous, la littérature parle à mon coeur. Ces deux discours, livrées pour des raisons de commodité dans le même petit livre, iront donc toujours parallèlement et complémentairement dans mon souvenir. Pourtant, ces deux philosophes sont loins d'avoir été les seuls stoïciens. Sénèque le latin (il resta latin jusqu'au bout) fait alors son entrée. Il me faut alors vous quitter pour aller... le lire.

    La meilleure façon d'être rebelle, c'est d'obéir au grand Tout.


    "Les vendredis de la philosophie", émission de France Culture du 20 mai 2005

    Pour un aperçu historique et une présentation des principaux auteurs stoïciens (site de l'Académie de Lyon) :
    http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/philosophie/thist3.html

  • De Properce

    Avant aujourd'hui, Sextus Propertius, dit Properce chez nous (41 - ?), n'était qu'un nom, parmi la liste d'auteurs classiques que ma curiosité se promettait de lire un jour indéterminé. L'écoute d'une émission de France Culture, "Une vie, une oeuvre" (émission du 15 mai 2005), se révéla particulièrement enrichissante, me permettant de faire connaissance avec ma prochaine lecture de l'été, le grand élégiaque latin, pétri de culture grecque. On suppose qu'il mourut jeune, mais on ignore quand exactement. On sait juste qu'à partir d'une certaine année, il cessa de publier. Peu importe après tout, car son oeuvre est un petit bijou, et sa vie semble, intellectuellement tout a moins pour ce qui est sûr, avoir été bien remplie. medium_155120328-photo.jpg Dans le cercle de Mécène, il a connu Virgile, a été l'ami d'Ovide (tant de grands noms réunis ici, cela semble faux, et pourtant !), aurait rendu jaloux l'empereur Auguste par son génie et peut-être même payé cher...
    Esprit "indépendant", noble d'âme, dépourvu de cynisme, mais doué d'humour (parfois capable de second degré assez jouissif) : et c'est tant mieux, il n'en est que plus cohérent, attachant. Il s'attacha à faire de sa vie, une "vie en élégie", malgré des "valeurs contradictoires" : il consacra un cinquième de son oeuvre au patriotisme, mais à chaque fois, il ne peut s'empêcher de revenir à l'amour. Amour de l'amour ? Ou amour du dire l'Amour ?... Peu ont su aussi bien décrire l'amour et ses réalisations dans sa complétude, sans occulter ni le sentiment, ni la sexualité la plus sensuelle (rien de crapoteux chez lui, mais rien non plus d'éthéré). Coeur et corps intimement mêlé dans une recherche langagière qui s'inscrit dans un contexte intellectuel bien particulier. Les écrivains latins de cette époque s'étaient en effet attachés à faire de la poésie grecque en latin. Bien que profondément romain, Properce pensait en grec, et écrivait en latin. Le respect de règles formelles qu'il s'était imposé, loin de le limiter, de le rigidifier, lui fournissait en réalité le cadre propice à son envol, et de là lui permettait toutes les innovations maniéristes (au sens premier), où s'exprimait pleinement son génie de conteur autant que de poète, si doué pour nous surprendre. On le dit un des auteurs les plus difficiles à traduire, et je veux bien le croire, au vu de l'original... Le succès assez constant dont il bénéficie sur Internet, et souvent "dans le texte", rend raison à son oeuvre répandue de son vivant dans un petit milieu, somme toute, même si c'était un cercle de qualité.

    Encore une raison de plus de faire, même tardivement, mes humanités.


    Quelques références :
    émission de France culture du 15 mai 2005 : (Quel délice en outre que d'entendre des extraits de ses textes lus en latin par une Italienne. Rien à voir avec la prononciation dite "restituée" du latin enseignée dans les écoles et les manuels, comme si nos professeurs français y étaient... )
    http://users.skynet.be/remacle/auteurs/Properce.htm
    http://remacle.org/bloodwolf/poetes/properce/table.htm : pour un accès aux oeuvres
    http://www.saintmont.com/jl/articles/jl30.htm : pour un aperçu général du contexte intellectuel de l'époque

  • Le sabre du grimpant (I - Introduction)

    [Deuxième nouvelle que m'a envoyé MC Croche 8, cette fois-ci plus longue, en plusieurs épisodes. On aura reconnu dans le personnage du vieil homme un musicien célèbre.]

    -L’homme était visiblement âgé, peut-être très âgé, aussi frêle d’apparence qu’impérieux dans son maintien Cela devait bien faire dix minutes interminables que Raul Bottello, faute de distraction plus amusante, l’observait du coin de l’œil, tout en s’efforçant, par habitude professionnelle, de deviner le passé de l’inconnu. Celui-ci, d’une impassibilité quasiment impériale, semblait s’être figé dans la contemplation des cimes neigeuses qui s’étalaient par delà la verrière de l’hôtel. Malgré la chaleur douce qui régnait dans la pièce, et que la réflexion des rayons du soleil sur les vitres accroissait encore, l’homme portait un épais pardessus noir dont le col relevé ne laissait guère apparaître que par fragments le costume de tweed, la chemise impeccable et le nœud papillon vert qui composaient sa mise. La tête, surmontée d’un chapeau sombre à galon étroit, et dans son immobilité étrange, paraissait celle d’une statue que l’on aurait sculptée dans l’os plutôt que dans la pierre ; sur la face, barrée de rides profondes, saillaient d’abord un long nez, puissamment structuré, puis une bouche aux lèvres épaisses et dédaigneuses. Du regard on ne pouvait rien dire, masqué qu’il était par d’épaisses lunettes noires. Les mains noueuses, décharnées, et que l’on devinait cependant d’une force paradoxale chez un personnage aussi chétif, agrippaient en serres le pommeau argenté d’une cane d’acajou. Un plaid jeté sur les jambes laissait toutefois émerger à son extrémité deux grands pieds que chaussaient d’incongrues sandales de cuir, un peu semblables à celles que portent les missionnaires.

    A dix heures très précises un garçon apporta au vieillard un grand verre de ce que le regard exercé de Raul identifia immédiatement comme devant être un excellent whisky. L’homme, après l’avoir précautionneusement porté à ses lèvres, le but avec application mais d’un seul trait ; puis, à l’indicible stupéfaction de Raul Bottello, il se tourna vers lui et, désignant d’une main son estomac, il lui lança avec un mystérieux sourire : « Trrrès bon pourr les entrrrailles ! »

    Et, avant même que Bottello ait pu articuler le moindre mot, l’autre, recouvrant avec une fulgurante rapidité sa morgue initiale, lui tournait le dos sans plus de façons et gagnait la sortie à petits pas majestueux, suspendu au bras du garçon à l’efficacité toute helvétique…

    -« La journée commence bien… » soupira Bottello…

    Lire le chapitre II

  • Isidore Lanausée

    [Voici une nouvelle que son auteur, MC Croche-8 (il m'a laissé le soin de lui trouver un pseudonyme), m'a autorisé à publier. Il s'agit d'un pastiche hommage à Léon BLOY.]

    Si l’on avait dit à Isidore Lanausée qu’il serait un jour regardé par la masse imbécile de ses contemporains comme un exemple de la plus haute vertu, on aurait vu se peindre sur sa face méfiante et presque « rétrécie » par l’habitude du soupçon, un étonnement ayant, pour tout observateur impartial, les caractéristiques les plus évidentes de la stupidité.
    Pour l’avoir fréquenté quelque peu, du temps de ma jeunesse, et, je vous prie de le croire, sans plaisir ni profit, je puis bien attester de l’exactitude de cette affirmation ! car il faut rendre à Lanausée au moins cette justice qu’il se connaissait bien et ne cherchait guère à tromper son monde en affectant les manières de la piété ou le masque de la bienveillance.
    Héritier d’une longue lignée de préteurs sur gages, il avait, dès sa plus tendre enfance, manifesté les plus brillantes dispositions pour un emploi ou ses qualités de chirurgicale froideur et d’avidité quasi gloutonne s’épanouissaient avec une rapidité merveilleuse.
    A seize ans, il avait déjà précipité plusieurs faillites, profité d’un nombre respectable de ruines familiales sans pour autant délaisser les profits plus modestes , quoique non négligeables pour la réputation d’une maison, que lui apportaient la mise à sac des dernières ressources d’un nombre respectable de miséreux et loqueteux en tous genres. Ses parents, éblouis par la précocité et les dons du rejeton prodige (dans un domaine, celui de la crapulerie légale et super fine, qui connaît, certes, beaucoup de postulants mais peu de véritables vocations), en pleuraient d’attendrissement. C’était, sans doute, un spectacle bien touchant que de surprendre le récit que, chaque soir, le jeune Isidore faisait aux auteurs de ses jours et dans lequel il détaillait à plaisir la liste de ses quotidiens profits La délectable litanie, qui s’ajoutait à la quiétude lénitive de la digestion, sonnait à leurs oreilles comme une musique des sphères : pour un peu, ils en auraient crevé de joie !
    Hélas ! la nature si bien organisée de cet athlète du lucre n’était pas exempte de toute faiblesse, comme il en va généralement chez les sujets les mieux doués de quelque domaine que ce soit, et la sienne avait nom : superstition…
    Il arriva qu’étant entré en possession d’une collection de monnaies anciennes, (dernier vestige de la magnificence bourgeoise d’un vieillard réduit à une presque mendicité par une noce effrénée poursuivie assez tard), Lanausée entreprit d’en connaître la valeur réelle. L’expert auquel il s’adressa avec les réticences et les manières d’un conspirateur ne lui laissa aucun doute : l’ensemble était inestimable, absolument sans prix ! Pourquoi se crut-il obligé d’ajouter, sur le pas de la porte, qu’une légende de déveine et de malédiction s’attachaient à ces pièces vénérables ? « mais notre époque positive a dépassé, mon cher Monsieur, de telles calembredaines.. » conclut sournoisement le spécialiste, plein d’une énigmatique et alexandrine componction.
    Le ver était désormais dans le fruit qui prit rapidement les dimensions d’une obsession dans la cervelle pourtant cadenassée de l’usurier virtuose. La difficile résolution fut enfin prise de se débarrasser au plus vite de l’ancestral et funeste magot. Il attendit la nuit et, les poches pleines de cette mitraille prétendument ensorcelée, il se dirigea prestement vers les quais, refuge habituel d’une sub-humanité en voie de fossilisation. Dans un coin isolé, il avisa le plus minable des minables représentants de cette honorable corporation et, sans un mot, il déversa le contenu de ses poches dans la sébile du pitoyable homoncule. « Vous êtes un prince, s’écria celui-ci en s’accrochant précipitamment aux basques de son habit, vous êtes mon sauveur », et relevant la tête il ajouta soudain : soyez béni Monsieur Lanausée »
    Ce fut comme une commotion pour Isidore : par quel prodige cette face hirsute et presque informe l’avait-elle reconnu ? Il se dégagea brutalement tandis que résonnaient de plus en plus fort les clameurs laudatives du mendigot intempestif. « Soyez béni, monsieur Lanausée. Vous êtes un saint ! » C’en était trop : en un instant il vit sa réputation compromise, sa famille si honorablement connue dans les milieux d’affaires soupçonnée, par sa faute !, d’une infamante compassion. Il aurait voulu crier : « c’est un mal-en-ten-du ! » mais les sons s’étranglèrent dans sa gorge avant même d’en pouvoir s’extraire… Il tomba raide mort : le cœur, voyez-vous, le cœur…
    Et c’est ainsi qu’une carrière prometteuse de canaille ordinaire se trouva fort inopinément interrompue.

  • Conseils de lecture

    Un ami m'ayant demandé conseil sur des lectures, j'ai rédigé cette petite liste (non exhaustive) de mes livres préférés. Les titres y figurent en vrac, les mentions du genre "100ème livre" n'ont rien à voir avec un jugement de valeur, mais j'ai estimé qu'il fallait, avant de les lire, un minimum de culture générale préalable. Je n'ai pas placé d'ouvrage de philosophie, prévoyant de faire figurer ces derniers dans une liste ad hoc. Bref, cette liste est subjective (mais toute liste ne l'est-elle pas ? ) et de ce fait, me révèle un peu.
    E = épaisseur
    + = note
    D = difficulté

    CALAFERTE Louis Rosa mystica, E, +++, D ; ou du trouble d’un homme d’âge mûr devant une adolescente… ; Promenade dans un parc, E, +++, DDD ; recueil de nouvelles expérimentales, son chef d’œuvre…
    SHI Naian (et son éditeur LUO Guanzong) Au bord de l’eau, EEEE, ++, D ; récits épiques truculents (Pléiade= édition complète ; Folio= édition abrégée par JIN Shengtan, plus littéraire)
    DUMAS Alexandre (dit le père) Le comte de Monte Christo, EEEE, ++, D ; le nom de l’auteur laisse déjà espérer beaucoup ; Le vicomte de Bragelonne, EEE, ++, D ; la fin de la trilogie des mousquetaires…
    VOLTAIRE François-Marie AROUET, dit ~ Micromégas ; Jeannot et Colin…, E, +++, D ; nourriture spirituelle
    POTOCKI Jean Manuscrit trouvé à Saragosse EEE, +++, DD ; récits mystérieux gigognes (essayer, c’est l’adopter)
    ZOLA Emile L’œuvre, EE, ++, D ; histoire d’amour psychologique et réflexion sur la création artistique,
    TAIPING Shangdi La sonate interdite, E, +, D ; intrigues en costumes (chinois)
    CAZOTTE Jacques Le diable amoureux, E, ++, D (édition GF) ; conte fantastico-philosophique
    ALLAIS Alphonse Le captain Cap, E, ++, D ; roman… drôle
    DIDEROT Denis Jacques le fataliste et son maître, E, +++, DD ; expérimentation littéraire et philosophique inclassable
    ARLT Roberto Les sept fous, E, +++, DD (édition Points Seuil) ; conquérir le monde alors que c’est perdu d’avance
    BOULGAKOV Mikhaïl Le Maître et Margueritte, EEE, +++, DD ; roman philosophique et comique
    DE TROY Chrétien Erec et Enide, E, +++, DD, histoire d’amour et de chevalerie ; Lancelot le chevalier à la charrette, E, +++, DD ; cent fois copié, jamais égalé…
    HESSE Hermann Demian, E, +++, DD ; histoire d’amitié très élevée
    BACH Richard Jonathan Livingston le goéland, E, +, D ; roman d’évasion à la philosophie new age
    BALZAC Honoré de Adieu ; Louis Lambert, E, +++, D ; que du bonheur…
    LA ROCHEFOUCAULT François, duc de Maximes, E, +++, D ; ou tout est dit, en peu de mots
    HARDELLET André Onéïros ou la belle lurette, E, ++, DD ; roman poétique sur la création littéraire
    ZEVACO Michel Les Pardailhan, EE, +, D ; que d’aventures et de mousquetaireries
    Confucius (KONG Fu-tseu, Maître KONG) Entretiens avec ses disciples (=Analectes), E, ++, DD; la base de toute la pensée chinoise, donc asiatique
    DENON Dominique-Vivant Point de lendemain, E, ???, D ; conte libertin et réflexion sensuelle sur le mystère
    CONRAD Joseph Au cœur des ténèbres, E, +, DD ; plongée dans la manipulation des esprits et le mal à l’autre bout du monde, tout dans le non dit…
    Collectif Romans picaresques espagnols, EE, ++, D ; romans d’aventures et genre en soi (Pléiade), par exemple La vie de Lazarillo de Tormes
    POE Edgar Alan Histoires extraordinaires, E, ++, D ; le livre qui m’a amené à la lecture littéraire…
    MANN Thomas Tonio Kröger, E, ++, D ; magnifique roman d’amitié
    LEROUX Gaston La reine de Saba, EEE, ++, D ; ou les aventures cocasses d’un homme élastique et du « nain parallélépipède à cinq pattes »
    LA BRUYERE Les caractères ou les mœurs de ce siècle, EE, +++, DD ; ou une incisive description de l’Homme…
    FEVAL Paul (fils) D’Artagnan contre Cyrano, EEE, +, D ; duel au sommet
    GIRAUDOU Jean La guerre de Troie n’aura pas lieu, E, ++, DD ; où des hommes de bien luttent et perdent contre le destin funeste qui pèse sur leur cité…
    SWIFT Johnathan Les voyages de Gulliver, EE, +++, DD ; réflexions sur le langage, le rapport à l’autre, l’intégration, le voyage…
    SUE Eugène Les mystères de Paris, EEE, +, D ; roman d’aventure foisonnant du rival et ami de Dumas…
    MAUPASSANT Guy de Bel ami, EE, +, D ; l’ascension sociale… par les femmes ; Bouvard et Pécuchet, E, ++, D ; histoire d’amitié de deux imbéciles qui s’essayent à tout
    MACHEN Arthur Le grand dieu Pan, E, +, DD ; roman horrifique
    Homère L’Iliade ; L’Odyssée, EE, +++, DD ; bilogie fondatrice (au même titre que la Bible), de l’identité européenne
    VALLES Jules (trilogie Jacques Vingtras) L’enfant ; Le bachelier ; L’insurgé, EE, +, D ; « à moi le pompon ! »
    CONSTANT Benjamin Adolphe, E, ++, D ; description psychologique minutieuse d’une relation entre un jeune homme et une femme mûre
    SCOTT Walter Ivanhoe, EE, +, D ; grand classique du roman de chevalerie écrit à l’époque moderne
    GOETHE Johann Wolfgang von~ Les souffrances du jeune Werther, E, +++, DD; le livre qui avait enthousiasmé Napoléon et créé l’évènement dans toute l’Europe : c’était la naissance du Sturm und Drang (le romantisme allemand)
    CASANOVA Giacomo Histoire de ma fuite des Plombs, E, ++, D ; histoire d’une évasion
    DÜRRENMATT Friedrich La promesse, E, ++, DD ; plongée psychologique dans le non-dit d’une enquête sur un pédophile dans la Suisse rurale ; le Bien contre le mal…
    IHARA Saikaku L’homme qui ne vécut que pour aimer, E, ++, DD ; histoire d’un libertin japonais dans l’ancien Edo
    FEVAL Paul (père) Le bossu, EEE, +, D ; référence du roman de cape et d’épée
    FORESTER Cecil Scott Captain Hornblower, EEE, +, D; référence du roman “à la Bounty”
    FRANCE Anatole Crainquebille, E, +++, D ; roman d’erreur judiciaire ; Le livre de mon ami, E, +++, D ; recueil de nouvelles d’un conteur magique
    SADE Donatien Alphonse François, marquis de Les crimes de l’amour, E, +++, DD ; son livre préféré, recueil « lisible » par le novice, ou initiation mesurée au Pape de l’enfer
    WU Cheng’en La pérégrination vers l’Ouest, EEEE, ++, D ; l’histoire originale du roi des singes SUN Wukong (Songokû en jap…), pleine de bastons et de magie… (Pléiade)
    LOUYS Pierre La femme et le pantin, E, +, D ; ma qé, c’est oun Espagnol qui sé fé méner par lé nez par ouna femme…
    Collectif Les Français vus par eux mêmes : T.I : Le siècle de louis XIV (XVIIème siècle) ; T.II : Le XVIIIème siècle ; T.III : Le Consulat et l’Empire (1804-1814), EEEE, +++, D ; anthologie aux mille trésors (Bouquins Robert Laffont)
    Collectif Voyages aux pays de nulle part, EEEE, +++, DD ; anthologie des voyages en utopie (Bouquins Robert Laffont)
    Anonyme collectif Le cycle du Graal, EEEEE, +++, DD ; le classique des classiques, le cycle qui fait notre fierté à jamais (Pléiade)
    Anonyme collectif Le roman de Renart, EEE, ++, DD ; critique sociale et humour (GF ou Pléiade)
    Anonyme collectif Sagas islandaises, EEEE, ++, D ; romans de chevalerie vikings (Pléiade)
    GIRARD René Mensonge romantique et vérité romanesque, EE, +++, DD ; le livre par lequel tout a commencé, le « système Girard » qui explique le monde par des principes simples ; Quand ces choses commenceront, E, ++, D ; Girard en dialogues
    LACAMP Isabelle Le baiser du dragon, E, +, D ; oser le roman populaire un peu olé-olé…
    LE ROY Eugène Jacquou le Croquant, EE, +, D ; roman populaire, histoire d’un enfant pauvre, pour pleurer dans les chaumières
    PERRAULT Charles Contes, E, ++, D ; la base de nos contes
    RAMUZ Charles Ferdinand La grande peur dans la montagne, E, +++, DD ; comme son nom l’indique… Plus un grand style faussement paysan. Une expérience unique.
    SCARRON Paul Le roman comique, EE, ++, D ; roman… comique à l’époque de la Fronde
    RABELAIS François Pantagruel, EE, +++, DDD ; roman d’initiation, riche à l’infini, bonheur suprême mais de style… difficile
    GAUTIER Théophile contes, EEE, ++, DD ; contes fantastiques raffinés
    MONTESQUIEU Charles-Louis de SECONDAT, baron de LA BREDE, comte de Pensées, EEE, +++, DD (Bouquins Laffont) ; Lettres persanes, EE, +++, D ; ou les Français vus par un Persan (=Iranien)
    COSSÉ Laurence Le coin du voile, EE, +, DD ; politique fiction : ce qui arriverait si on découvrait la preuve de l’existence de Dieu…
    DOSTOIEVSKI Fédor (ou Fiodor) Les démons, EEE, +++, DD ; récit psychologique sombre
    STERNE Laurence Aventures de Tristram Shandy, gentilhomme, EEE, +++, DDD ; expérimentation littéraire au cours de laquelle il faut trouver soi-même les règles du jeu, s’il y en a vraiment un… C’est aussi l’histoire comique d’une famille autour de la naissance d’un enfant
    CERVANTES Miguel de L’ingénieux hidalgo Don Quijote de la Mancha, EE, +++, DD ; roman psychologique et comique d’un des dix plus grands écrivains de la planètes
    CALVINO Italo la trilogie fantastico-philosophique (par ordre croissant de plaisir) : 1/ Le baron perché, EE ; 2/ Le chevalier inexistant, E ; 3/ Le vicomte pourfendu, E, ++, D ; récréation intelligente et amusante
    MATHURIN Charles Robert Melmoth, l’homme errant, EE, ++, DD ; Le roman qui terrifia l’Europe et marqua Balzac
    FOLCO Michel Dieu et nous seul pouvons (=Le bâtard de Dieu), EE, +, D ; roman populaire d’aventures
    WILDE Oscar Le portrait de Dorian Gray, E, ++, DD ; roman moral plein d’esprit (édition Folio pour une meilleure traduction) ;
    FIELDING Henry Tom Jones, EEE, ++, D ; roman d’éducation d’un jeune homme pas très riche qui réfléchit sur la vie et les sujets les plus divers
    HUYSMANS Joris-Karl En ménage, EE ; A vau-l’eau, E, +++, DDD ; romans de sa première période, histoires de dégoûtés de la vie et du mariage, très sombres et drôles




    100ème livre : BARBEY D’AUREVILLY Jules Amédée Le chevalier Des Touches, E, +++, D ; à lire, pour avoir l’œil humide devant la beauté de style, devenir un membre des happy few qui connaissent et idolâtrent ce maître catholique flamboyant, le « Connétable des Lettres »
    150ème livre : BLOY Léon La femme pauvre, EE, ++, DDD ; roman mystique d’un imprécateur catholique furieux (à lire pour le personnage de Léopold)
    200ème livre : HUYSMANS Joris-Karl Là-bas, E, +++, DDD ; Une plongée au cœur de l’interrogation mystique et des mystères de la religion. Entrez dans le cercle des croisés du XIXème siècle. S’accrocher (dictionnaire noms communs et noms propres requis), mais le jeu vous le rend au centuple ; merveille des merveilles… (édition Folio)
    500ème livre : MURASAKI Shikibu Le dit du Genji (trad. R. SIEFFERT), EEEE, +++, DDD ; un des rares auteurs (avec CERVANTES, peut-être) à pouvoir rivaliser avec SAINT-SIMON : tout est dit, mais lecture maousse costaud du cerveau…
    1000ème livre : SAINT-SIMON Louis de ROUVROY, duc de Mémoires, EEEEE, +++, DD ; que dire ; les mots sont trop faibles pour exprimer l’indicible, cet instant de grâce où la plume de l’homme toucha le doigt du Très Haut… Ou comment atteindre l’infini en parlant des cancans de la Cour tout aussi bien que de la guerre en dentelles (il était mousquetaire « gris » ! ) ou en annotant le journal d’un autre (le bouffi DANGEOT). A jamais, pour l’éternité. Béni soit-il éternellement, le prophète des lettres, le Maître ultime, le Grand d’entre les Grands… A pleurer, à en suffoquer, à en mourir de plaisir, d’amour… Que dire qui ne le trahisse par l’écart entre la médiocrité des mots et sa valeur réelle incalculable ? Peut-être vaut-il mieux se prosterner face contre terre et laisser couler ses larmes d’émotion et de reconnaissance.

    J'ajoute aussi à cette liste les "livres qui m'ont marqué".